Résultats de sondage d’écoute des radios commerciales en Grande-Bretagne dans les années 30
(extrait de "Broadcasting and Society" - Mark Pegg - cf notre chapitre "Livres")
Comme aux États-Unis, la principale motivation des organismes de radiodiffusion commerciale est d'attirer des revenus publicitaires. Pour vendre du temps d’antenne à des tarifs élevés et susciter l'intérêt commercial, il est essentiel de déterminer quelles sont les heures de grande écoute. L'influence américaine s'est fortement imposée sur le marché britannique. Parmi les entreprises engagées dans les sondages d'opinion figurent Gallup et Crossley aux États-Unis. Ils sont d’abord employés par les deux rivaux européens diffusant vers la Grande-Bretagne Radio Luxembourg et Radio Normandie. (...) La station de l'International Broadcasting Company, Radio Normandie, a collecté des informations sur l'audience dès 1935. Comme preuve, le propriétaire de l'IBC, le capitaine Plugge, cite cette enquête à l'appui de son cas. À cette époque, il dispose d’une équipe de douze personnes qui effectuent des appels personnels dans tout le pays. L'enquête porte sur 8 800 foyers dont 79 % disposent d'un poste : 62 % d’entre eux déclarent écouter l’IBC, sans toutefois préciser de détails. Plugge présente les choses de manière trompeuse. Son argument selon lequel les plus grandes concentrations d'auditeurs se trouvent dans le sud et sur la côte sud, où la proximité de l'émetteur rend l'écoute facile, omet le fait que dans le nord, où la réception est mauvaise, voire inexistante, il n'y a pratiquement aucun auditeur d'IBC.
En 1938, Radio Normandie commande un sondage à Crossley Incorporated. Cela produit des preuves d’une plus grande valeur. Les résultats sont analysés par jour et par heure. En semaine, 64 % des auditeurs avant 11h30 écoutent les stations commerciales, même si l'audience ne représente à l'époque que 30 % du nombre total d’auditeurs. À 17 heures, 44 % des postes sont en service, dont 36 % seulement écoutent les stations étrangères. C’est le dimanche que se déroulent les écoutes à grande échelle comme l’a montré le Variety Listening Barometer. Le matin, 52 % des postes sont utilisés, dont 82,1 % écoutent des chaînes étrangères. Après 12 heures, 66 % des postes sont davantage utilisés et avant 18 heures, 70,3 % écoutent des émissions commerciales. Cela confirme les recherches de la BBC. L'enquête conclut que la concentration pour Radio Normandie se situe à Londres et dans les Home Counties ; Radio Luxembourg dispose d'un émetteur plus puissant et d'une zone de réception beaucoup plus large. En semaine, ces deux stations ont des niveaux d'écoute à peu près équivalents. Normandie a le plus d'auditeurs, mais le dimanche, Luxembourg a de loin la plus grande audience de Grande-Bretagne. La nécessité de vendre du temps d'antenne publicitaire signifie que le temps d'écoute est toujours plus important pour les stations commerciales que pour la BBC. C’est donc à leur avantage qu'il existe une grave imperfection dans l’offre de service de la BBC qui s’explique par la restriction de ses heures de diffusion.
Avant 1939, les émissions de la BBC ne démarrent pas avant 10h30 donnant ainsi aux stations commerciales et autres stations étrangères une diffusion gratuite tôt le matin. Les week-ends sont le principal point noir. Le dimanche, beaucoup de limites sont imposées à la BBC, notamment l’interdiction par les agences de presse, de diffuser des résumés d’information. De plus, il y a la restriction auto-imposée pour éviter tout conflit avec les services religieux. Pendant ces nombreuses heures de non-concurrence, les sociétés de radiodiffusion commerciales réalisent que ces limitations leur offrent une excellente opportunité de fournir un service au moment où les gens en mesure d'écouter n'ont pas accès aux émissions de la BBC. (...) |
Results of commercial radio audience surveys in Great Britain in the 1930s
(extract from "Broadcasting and Society" - Mark Pegg - see our "Books" chapter)
As in the United States, the main motivation for commercial broadcasters was to attract advertising revenue. In order to sell airtime at high rates and generate commercial interest, it is essential to identify prime time. American influence has been very strong in the UK market. Among the companies involved in opinion polling are Gallup and Crossley in the United States. They were first employed by the two European rivals broadcasting to the UK, Radio Luxembourg and Radio Normandie. (...) The International Broadcasting Company's station, Radio Normandie, collected audience data as early as 1935. As evidence, the owner of the IBC, Captain Plugge, cited this survey in support of his case. At the time, he had a team of twelve people making personal calls all over the country. The survey covered 8,800 households, 79% of which had a radio: 62% of them said they listened to the IBC, although they didn't give any details. Plugge's presentation is misleading. His argument that the greatest concentrations of listeners are in the south and on the south coast, where proximity to the transmitter makes it easy to listen, overlooks the fact that in the north, where reception is poor or even non-existent, there are very few listeners.
In 1938, Radio Normandie commissioned a survey from Crossley Incorporated. This produced more valuable evidence. The results are analysed by day and time. On weekdays, 64% of listeners before 11.30 a.m. listened to commercial stations, even though the audience represented only 30% of the total number of listeners at the time. At 5 p.m., 44% of stations are in service, with only 36% listening to foreign stations. The Variety Listening Barometer shows that Sunday is the day for large-scale listening. In the morning, 52% of sets are in use, 82.1% of which listen to foreign channels. After 12pm, 66% of sets are used more and before 6pm, 70.3% listen to commercial programmes. This confirms the BBC's research. The survey concludes that the concentration for Radio Normandie is in London and the Home Counties; Radio Luxembourg has a more powerful transmitter and a much wider reception area. On weekdays, these two stations have roughly equivalent listening levels. Normandy has the most listeners, but on Sundays, Luxembourg has by far the largest audience in Britain. The need to sell advertising time means that commercial stations always get more listening time than the BBC. It is to their advantage, therefore, that there is a serious imperfection in the BBC's service offer, which is explained by the restriction of its broadcasting hours.
Before 1939, BBC broadcasts did not start before 10.30am, giving commercial and other foreign stations free early morning broadcasting. Weekends were the main problem. On Sundays, many restrictions were imposed on the BBC, including a ban on news agencies broadcasting news summaries. In addition, there is the self-imposed restriction to avoid any conflict with religious services. During these many hours of non-competition, commercial broadcasters realise that these limitations offer them an excellent opportunity to provide a service at a time when people who are able to listen do not have access to BBC broadcasts. (...) |