1923 à 1927  -  1928  -  1929  -  1930  -  1931  -  1932  -  1933  -  1934  -  1935  -  1936  -  1937  -  1938  -  1939  -  1940  -  1941  -  1942 à 1945  -  1946  -  1947  -  1948 à 1978  -  1979 et +






1979 et +




 

assemblaye



L'Assemblaye Seine-Magazine  (juillet-août 1979)



"
Radio Normandie : toute une histoire !"

par Roger Anglument










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L'Assemblaye Seine-Magazine  (septembre - octobre 1979)



Comment une radio libre en 1935, RADIO NORMANDIE, peut devenir en 1979
un exemple pour les partisans de la fin du monopole sur l'information radiophonique

ou "la parole un jour rendue aux régions"

par Richard Plumet







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L'Assemblaye (novembre 1980)


RADIO NORMANDIE des années 30

par Roger Anglument
 





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(merci à Pierre D. pour ce document)


A propos de la première photo de l'article
ci-dessus, représentant Madame Soudry,
nous avons reçu ce message :



-------- Message original --------
Sujet: Demande de renseignements
Date : Tue, 3 Jun 2014 09:34:16 +0200
De : David B.
 

Bonjour,

En me "baladant" sur internet à la recherche
de souvenirs, je suis tombé sur votre page
concernant Radio Normandie.

Le petit garçon sur la photo, c'est moi et la dame derrière le comptoir et qui raconte une anecdote est, ou plutôt était ma Grand-Mère.
C'est un souvenir qui m'a ému profondément et j'aurais voulu savoir si il était possible de se procurer cette photo (avec une meilleure résolution si possible).

Je vous remercie énormément d'avance de votre réponse.

Cordialement
David


----------------------------------

Bonjour David,

Avec émotion également, nous répondons à votre demande mais sans la satisfaire totalement car nous ne possédons pas l'original de cette photo. Elle est extraite d'un article du magazine cauchois "L'Assembleye" n° 11 de nov/déc 1980 qui a disparu aujourd'hui.

Nous avons scanné la page de l'article et tiré à part la photo en meilleure résolution mais hélas ça ne reste qu'une photo de journal. (...)
Nous imaginons quelle est votre émotion en revoyant cette photo et à l'occasion, nous vous remercions d'avoir prêté attention à notre site.

Cordialement
JC Dumenil
  ( p/
radio.normandie@free.fr )


 

 






Paris-Normandie  (20 décembre 1980)







1ère page du livret de 12 cartes postales - photos en sépia, édité par France Radio Club

Ces photos sont à retrouver (de meilleure qualité ! ) tout au long du chapitre 
Fecamp :


 

  1 - Vincelli-la-Grandière (extérieur)

  2 - Vincelli-la-Grandière (intérieur)

  3 - La Maison de la Radio, rue de Boulogne Fécamp

  4 - Le studio 1 ou studio rouge (avec les deux horloges de part et d'autre du panneau de contrôle)

  5 - Le studio bleu (grande salle avec un piano et le micro trépied)

  6 - Le studio 2 ou studio gris (avec micro et platines disques)

  7 - Studio sonore (avec les deux lecteurs de films 35 mm)

  8 - Le car de Radio Normandie stationné rue Georges Cuvier

  9 - Vue générale de la station (les 2 pylônes de 100 et 133 m sur les hauteurs de Fécamp)

10 - Le bâtiment des machines - le chalet (Sente de la Fromagerie)

11 - L'ancêtre F81C (Premier émetteur de Radio Fécamp)

12 - Tante Francine et Oncle Roland (Francine Lemaître et Roland Violette)





  

FAITS MARQUANTS  -  HIGHLIGHTS
 

19 février 1981 : décès à Los Angeles du Captain Leonard Plugge à l'âge de 92 ans

19 February 1981 : death at Los Angeles of Captain Leonard Plugge (92 years old)




La fin d'un grand pionnier      |      The end of a great pioneer





Allons-nous enfin avoir un Musée de la Radio à Fécamp ?

 
Exposition préparatoire au 60e anniversaire de Radio Fécamp (18.11.1926)

au
Théâtre de Fécamp du 22 juillet au 31 août 1983


Affichette transmise par Daniel Lefebvre









guardian



The Guardian (2 août 1983)


Martin Wainwright s'entretient avec les survivants de Radio Normandy,
la station de radio, laquelle il y a 50 ans, a défié Lord Reith (Gouverneur de la BBC)
à partir d'un minuscule studio de l'autre côté de la Manche



(click to enlarge)


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    La traduction française du Guardian
(attention : 7 pages) est disponible > ICI  (en pdf)


 










Le Courrier Cauchois  (date : fin 1984 ?)




Le texte de la brochure de Jean Lemaître est disponible plus haut, à notre chapitre " Livres "


>>>  Adresse web de l'Association des Amis du Vieux Fécamp :  https://www.vieux-fecamp.fr/articles/accueil.html
 





  

FAITS MARQUANTS  -  HIGHLIGHTS


31 mai 1986 : décès à Nice de Francine Lemaître (Tante Francine) à 75 ans

31 May 1986 : death of Francine Lemaître (Aunt Francine) 75 years old

avis de décès







 


                                                            The Daily Telegraph (18 mai 1990)

                                               Décès de Bob Danvers Walker (Oncle Bob)


   LE DAILY TELEGRAPH, VENDREDI 18 MAI 1990
                                   Nécrologies

BOB DANVERS-WALKER, le vétéran de la radio et ancien commentateur des actualités de Pathé, décédé à l'âge de 83 ans, avait l'une des voix les plus connues au monde, même si son nom et son visage n'étaient peut-être pas si familiers.
Les tons vibrants et mélodieux des films d'archives de Danvers-Walker sont entrés dans la mémoire populaire. Clairs, riches et fruités - même si ce que l'on appelait autrefois un peu "décalé" - ils dégageaient la saveur typiquement britannique d'un relais routier sur la rocade de Kingston, par exemple.
Professionnel accompli, Danvers-Walker livrait avec sang-froid des scénarios souvent atrocement pathétiques ou d'une facétie plombante, avec un air de conviction.
Il était également capable de faire preuve d'une gravité sonore lorsque l'occasion l'exigeait, comme dans son annonce mesurée de la mort du roi George V ou dans son commentaire sur les funérailles du roi George VI.
Outre les actualités Pathé, qui furent pendant de nombreuses années un élément essentiel du "programme d'accompagnement" des cinémas, il utilisa ses accents euphoniques pour toutes sortes d'émissions, des «voix off» commerciales à l'annonce des prix dans le mémorable jeu télévisé de Michael Miles, Take Your Pick ; des récits de voyage et des films de formation, jusqu'à l'A-Z of Television de Channel 4.
Danvers-Walker était fier à juste titre de figurer dans le Livre Guinness des records comme "le commentateur le plus endurant du monde". Extraverti et convivial, il adorait les cascades.
En 1955, par exemple, il a ouvert le service du week-end londonien d'ITV en traversant un filin au-dessus de Earl's Court Road derrière un funambule professionnel italien qui ne parlait pas anglais. Il a raconté plus tard qu'il "s'était concentré sur l'abcès au cou de l'autre gars".
L'une de ses interventions les plus marquantes a eu lieu lors du salon aéronautique de Farnborough en 1952, lorsque l'avion du pilote d'essai John Derry a explosé après avoir franchi le mur du son. Alors que des morceaux de l'avion s'écrasaient sur les enceintes publiques, Danvers-Walker a habilement fait passer le récit émouvant d'un témoin oculaire de la tragédie.
Robert Danvers-Walker est né à Cheam, dans le Surrey, le 11 octobre 1906. Son père, un expert-comptable, a emmené la famille en Tasmanie, où il a créé une usine de laine.
Le jeune Bob a fait ses études à la Launceston Grammar School. Son premier emploi était celui de "graisseur". Il a décroché un emploi à la Herald Broadcasting Station.
Il développa rapidement un intérêt pour les émissions extérieures et se fit connaître grâce au premier commentaire "air-sol" réalisé depuis un avion en vol.

En 1931, il fut nommé présentateur principal de la Société internationale de radiodiffusion sur le continent européen. Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sous les auspices du ministère français de la Propagande, il joua un rôle de premier plan dans la lutte contre la désinformation de Goebbels. Cette activité, comme il le découvrit plus tard, lui valut d'être inscrit sur "une liste noire nazie de ceux qui devaient être éliminés".


Il a également contribué à divertir la Force expédi-tionnaire britannique et a joué un rôle déterminant dans le sauvetage du groupe de concert de Will Hay pour l'ENSA après la chute de la France en 1940. Lui-même a échappé de justesse à la Gestapo qui le poursuivait.
De retour en Angleterre, il s'associe pendant trente ans à Pathé News en tant que commentateur d'actualités et devient correspondant de guerre accrédité. Son génie est salué par les militaires de tout l'Empire.
Il a continué à diffuser des émissions pour les Forces après la guerre, lorsqu'il est également devenu un présentateur régulier de programmes radio tels que Housewives' Choice, The Countryside, Film Time et Opportunity Knocks.
Ses expériences en matière de récits de voyage l'ont amené à travailler comme gardien de prison canadien, à se frotter à la mafia et à couvrir les marcheurs sur le feu grec.
Le sens de l'aventure de Danvers-Walker a trouvé un débouché idéal dans le nouveau média en plein essor qu'est la télévision. Il est devenu cascadeur dans Saturday Night Out et Now, faisant des choses que "les autres ne feraient pas pour tout le thé de Chine".
Comme loisirs, il aimait étudier la Bible, l'architecture, l'agronomie et l'agriculture biologique, ainsi que la course automobile.









Le Progrès de Fécamp (27 février 1993)




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Le Courrier Cauchois  (photocopie du 6 août 1994)



   
   
David (Ian) Newman speaker anglais    

    de Radio Normandie revient en Normandie :




    David (Ian) Newman, English speaker

    of Radio Normandie returns to Normandy:



 





( Photocopie de l'article transmise par David Newman ) 

 

                                                                     English translation


 5 aug 1994



CAUDEBEC

Having worked for «Radio Normandie» in Caudebec-en-Caux in 1938, M. D.F. NEWMAN remains passionate about the «pearl of the Seine»

We could have titled this article «Mr. Newman in love with Caudebec-en-Caux since 1938». It was this Londoner whom we met the other Saturday and who told us: «Your city has changed a lot. I worked here as an English announcer at Radio Normandie from 1938 until October 1939, the declaration of war forcing me to return to England».

Indeed, radio advertising being prohibited in England, it was emitted from Radio Normandie installed in Fécamp then in Caudebec-en-Caux, in the Hôtel de Caumont which became the town hall of the capital of Val de Seine.
«I was very young then, continues Mr. Newman, it was my first job and it allowed me to perfect my French».
«He had and still has a very beautiful voice,» says Mrs. Newman, who was then a young girl from Le Havre who was very happy to be able to meet him with mutual friends.

«Of course, the declaration of war upset all our plans, continues Mrs. Newman. I remember it perfectly well. In particular one evening in September 1939, I found myself there, on the terrace of the café which was where the parking lot of the town hall is now, a few meters from the bend at a right angle in the street which went towards the foot of the coast of Saint-Arnoult; there were notables from the city and a veterinarian who explained that the horses had to be in very good condition to be mobilized so that you (you French people) could win the war as quickly as possible».

After we explain to Mr. and Mrs. Newman how Caudebec-en-Caux had burned down, the former announcer tells us about his journey as a veteran as an officer in the English Navy. Thus, in 1944, embarked aboard a torpedo launcher, he was off the Belgian coast ensuring that German ships did not come to disturb the Normandy landings.

The war ended, demobilized, it was with his wife that he continued to travel since he became attached to the English Foreign Affairs. Which, in particular, led him to work in Spain, Poland and many other countries. «Nevertheless, he says, I always remembered the good old days spent in your pretty little town».

«Today, what do you think of this new Caudebec-en-Caux?»
, we ask him. The answer is clear: «I miss your old town. It was a wonder both more secret and more active. Today, there is no more activity on the port. And why not have replanted this beautiful line of trees on the quay? It was a great place to walk.»

By contrast, today, Mr. and Mrs. Newman find City Hall Park quite pleasant. «It is a good thing to have removed the wall which separated it from the road to Villequier. We would like to find a «pied-à-terre» between Villequier and here», concludes Mr. Newman and Madame adds: «He remains passionate about your charming little town».

Interview by A.G.S. (Le Courrier Cauchois of 6.08.1994)

 

Comment étaient diffusés les programmes de Radio Normandie ?
Les orchestres étaient-ils présents en studio ?
Les émissions étaient-elles diffusées en direct ou bien enregistrées ?


                                   Les réponses sont ici :         Les Lettres de David Newman


How were Radio Normandie programs broadcast since Fecamp or Caudebec ?
Were the orchestras really all present in the studio ?
Were the shows aired live or recorded ?


                                   Some answers are here :
   The David Newman Letters










Le Courrier Cauchois  (23 août 1997)





 
970913







Le Courrier Cauchois (13 septembre 1997)


L'hebdomadaire a consacré 2 numéros exceptionnels à Radio Normandie

The weekly devoted 2 issues to Radio Normandie



Souvenirs rassemblés par M. Roger Devaux

1ère partie   







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A suivre, pour la seconde partie    >    rdv au 20 septembre 1997

 








Liberté Dimanche (14 septembre 1997)





 








Le Courrier Cauchois (20 septembre 1997)


(Suite du dossier commencé le 13 septembre 1997)

 
2ème partie 



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Commentaire : hélas, aucun détail supplémentaire n'est donné par le Courrier Cauchois sur ce mystérieux correspondant ? Nous aurions au moins aimé prendre connaissance de son courrier. Sans doute s'agissait-il de notre ami David (Ian) Newman, le tout dernier animateur de Radio Normandie qui avait conservé quelques attaches avec notre région ?

Comment : infortunatly, no further details were given by the Courrier Cauchois about this mysterious correspondent ? We would at least have liked to have seen his letter. No doubt it was our friend David (Ian) Newman, the very last host of Radio Normandie who had retained some links with our region?
 
                                                                                (cf son article plus haut au 6.08.1994)

 




                                 
                   Le Courrier Cauchois   (18 octobre 1997)

Fernand Le Grand's daughters discover the exhibition on their father's radio station, Radio Normandie, at the Musée du pays de Caux.



Constant Lecœur créateur du musée du Pays de Caux s'apprête à recevoir les trois filles de Fernand Le Grand venues découvrir l'exposition consacrée à la grande aventure de leur père qui s'est malheureusement achevée à la déclaration de la guerre 39-45. La grande épopée de Radio Fécamp puis de Radio Normandie a incité cette famille à venir découvrir cette exposition et à apporter quelques anecdotes et souvenirs à Constant Lecœur. L'accueil fut chaleureux et tout de suite devant les panneaux de l'exposition et les récepteurs exposés, les souvenirs sont revenus de la part d'Agnès, l'aînée, accompagnée de ses deux sœurs, Brigitte et Claude. En quelques mots, Constant Lecœur évoqua l'exposition qu'il avait souhaité mettre en place: "Quand j'étais jeune, j'éprouvais un intérêt pour cette radio et l'expo que j'ai montée, je l'ai intitulée : "De Radio Fécamp à Radio Normandie, une belle aventure !"  

        

       Agnès la fille aînée, a offert des documents au musée de Constant LECŒUR

Agnès se rappelle qu'il y avait une activité débordante à Fécamp dons la maison familiale. Les premières émissions ont lieu dans la cave, mais bien vite l'activité déborde dans les autres pièces de la maison. "Je me souviens de papa "digonnant" ses appareils" explique Agnès. " Il voulait que ce soit une radio familiale et populaire. Je me souviens qu'il était allé à Locarno pour que l'on nous donne une longueur d'onde. Après la guerre cette longueur d'ondes a été donnée à Radio Luxembourg. Mais Papa a eu beaucoup de soucis avec sa radio. il n'a jamais voulu faire de politique, ni y mêler la religion. Je ne suis pas sûre que Papa s'y connaissait très bien dans la radio mais il était passionné. Avec Henri de France, il a participé aux premiers essais entre Fécamp et Le Havre de la télévision. C'étaient des ombres qui venaient et repartaient. Pour Papa la réquisition de son poste en 1939 l'a bien perturbé : il en était presque devenu fou!"

Les trois sœurs se rappellent que leur mère était aussi très dévouée car il y avait beaucoup de monde dons le salon, les hôtes qu'il fallait accueillir. (1)

Agnès a apporté quelques documents qu'elle a offerts à Constant Lecœur pour qu'il les expose. Celui-ci a annoncé que l'exposition serait maintenue dans l'avenir pour rappeler l'œuvre de Fernand Le Grand. 
 

(1) Marcel Bleustein Blanchet, le futur directeur de Radio Cité est venu voir Fernand Le Grand, qui le reçut ce jour-là dans sa salle à manger à l'heure du déjeuner. Les appareils du directeur propriétaire étaient posés sur la table entre les assiettes et les plats, ce qui lui permettait d'assurer ses émissions entre deux bouchées !

                                                
Translation

Constant Lecœur, creator of the Pays de Caux museum, is getting ready to welcome Fernand Le Grand's three daughters, who have come to see the exhibition devoted to their father's great adventure, which unfortunately came to an end when war broke out in 39-45. The great saga of Radio Fécamp and then Radio Normandie prompted the family to come and see the exhibition and share a few anecdotes and memories with Constant Lecœur. It was a warm welcome, and as they looked at the exhibition panels and the receivers on display, memories came flooding back from Agnès, the eldest, accompanied by her two sisters, Brigitte and Claude. In a few words, Constant Lecœur spoke about the exhibition he wanted to set up: "When I was young, I was interested in this radio station and the exhibition I put together was entitled: "From Radio Fécamp to Radio Normandie, a great adventure!

Agnès remembers that there was a lot of activity in the family home in Fécamp. The first broadcasts took place in the cellar, but soon the activity spilled over into the other rooms of the house. "I remember Dad digitising his equipment," explains Agnès. "He wanted it to be a popular family radio station. I remember he went to Locarno to get us a wavelength. After the war this wavelength was given to Radio Luxembourg. But Dad had a lot of problems with his radio station. He never wanted to get involved in politics or religion. I'm not sure Dad knew much about radio, but he was passionate about it. With Henri de France, he took part in the first television trials between Fécamp and Le Havre. These were shadows that came and went. As far as Dad was concerned, the requisitioning of his television set in 1939 really upset him: it almost drove him mad!
The three sisters remember that their mother was also very devoted, because there were a lot of people in the living room, guests who had to be welcomed. (1)
Agnès brought a few documents that she offered to Constant Lecœur to display. He announced that the exhibition would continue in the future, as a reminder of the work of Fernand Le Grand.

(1) Marcel Bleustein Blanchet, the future director of Radio Cité (pre-war radio in Paris), came to see Fernand Le Grand, who received him that day in his dining room at lunchtime. The director-owner's equipment was placed on the table between the plates and dishes, allowing him to broadcast between mouthfuls of food!

 

Magazine "France" - hiver 1997

les woodland

      




La traduction française suit l'article

 



 




Traduction française
 

                                                                                

Qui se souvient du flibustier de la

radio qui a fait des vagues sur...


la Manche  par Les Woodland

 

Qu'est-il arrivé au Capitaine Plugge ? Personne dans le Kent ne se souvient de lui. Il était pourtant député de la région dans les années 20. 


Même la section locale du parti conservateur de Chatham n'a même pas daigné répondre à ma lettre d'enquête à son sujet. Et pourtant, je parierais qu'il y a quelque part en Normandie, dans la ville de Fécamp, une ou deux personnes qui s'en rappellent encore. Le terme de boucanier ne pouvait pas mieux convenir. Le Capitaine Leonard Frank Plugge a mis la BBC à genoux. Plugge accroc de la TSF, voyageait dans une limousine équipée du tout premier autoradio de l'époque en Grande-Bretagne. Le haut-parleur en forme d'abat-jour était suspendu dans l'habitacle, en guise de plafonnier. Des compartiments en acier, soudés au chassis, supportaient des lampes toutes rougeoyantes. Lorsqu'en 1927, Plugge fit découvrir son matériel aux Londoniens dans Oxford Street, les magistrats de Bow Street le condamnèrent à Une £ivre d'amende pour obstruction et entrave à la circulation.

Plugge était aussi l'un des premiers hommes impliqués dans la radio commerciale. Comme il ne pouvait exercer cette activité en Angleterre - seule la BBC était autorisée - il décide en 1925, de louer l'émetteur de la Tour Eiffel. L'émission n'obtint pas un grand succès car seulement trois personnes écrivirent pour dire qu'elles avaient entendu le programme. Ceci néanmoins donna quelques idées à Plugge. Cinq années plus tard, il loua une tranche d'une demi-heure, le dimanche soir sur Radio Toulouse et cette fois, 1 500 lettres arrivèrent peu après. Ses ambitions grossirent. 

Un jour, se rendant à Deauville en vacances, il s'arrête à Fécamp, au Café des Colonnes, Place Thiers. Devant un verre, il discute avec le patron, un certain Monsieur Savoie. Ils parlent de la liqueur Bénédictine fabriquée dans la cité et de la façon dont les pêcheurs approvisionnent la nation en morue salée. Puis ils en viennent à parler de la radio locale et de propositions d'extension. L'intérêt de Plugge de se rendre à Deauville commence à décroître quand Monsieur Savoie lui parle du jeune directeur de la distillerie, Fernand Le Grand qui possède un émetteur derrière le piano dans son salon et qu'il diffuse des émissions radiophoniques chaque soir en direction des communes environnantes. Le cerveau de Plugge ne fait qu'un tour. Il offre à Le Grand un bien meilleur équipement en lui proposant en contrepartie, d'émettre des programmes en anglais.

Le nouveau matériel installé dans une grange à foin, est hissé par une échelle. Mais l'un des phonographes tombe au sol pendant l'installation, ce qui endommage sérieusement son bras de lecture. Dans le même temps, le panneau de contrôle
(peut-on parler de table de mixage ?) perd quant à lui, quelques boutons de commande. L'endroit est chaud et sans air, la porte est fermée et les murs sont recouverts de tentures pour éliminer le bruit de la circulation à l'extérieur. "Le lieu le plus épouvantable qui soit" dit Bob Danvers-Walker, arrivé d'Australie juste après les débuts de la station. Un ancien aumônier militaire Max Staniforth fraîchement embauché à la suite d'une offre d'emploi parue dans le Daily Mail, tient l'antenne à partir de minuit, lorsque les Français ont terminé leurs propres programmes : "C'est une révélation pour moi", confesse
Staniford, "Quelle audience pouvions-nous avoir la nuit? Il n'y a pas que les invalides dans les hôpitaux qui écoutent, il y a des soldats, des marins, du personnel navigant aérien, des veilleurs de nuit et toutes sortes de gens." 

Mais, tout le monde n'est pas autant enthousiaste. La BBC condamne Plugge pour sa conduite scandaleuse. Et voici une lettre de plaintes :
"Dimanche dernier, j'étais en train de régler mon récepteur sur la station de
Daventry
(BBC) pour suivre le beau concert de Bach, lorsque par inadvertance, mon indicateur est allé trop loin et j'ai été choqué d'entendre de la musique de danse syncopée (du jazz ?). Ne pourrait-on pas le dimanche, rendre plus difficile la réception de cette musique profane diffusée par les postes étrangers qui causent des interférences ?... " 

L'intégrité du dimanche britannique était cruciale à la BBC. Tout au long de la journée, le programme se poursuivait comme si le roi était mort. C'était très austère. Les Britanniques en avaient assez et voulaient s'amuser. Radio Normandy avait compris le besoin et était présente 18 heures par jour. La puissance passa de 10 à 20 kW. Les Français étaient privés de leur station locale mais celle-ci était devenue si puissante dans une langue qu'ils ne comprenaient pas, qu'elle noyait les autres stations sur des kilomètres à la ronde. L’écoute d'aussi loin que la frontière écossaise n'était jamais un problème et parfois était même possible jusqu'en Islande. Vous pouviez l'entendre en Nouvelle Zélande, lorsque le temps le permettait. "Nous avons inventé ce qui n'avait jamais existé auparavant" dit Staniforth, nous avons créé l'
IBC, l'International Broadcasting Company, les music-halls et les choses comme ça. J'aurais pu dire : maintenant nous allons partir dans un autre studio, écouter le programme de music-hall..." 

Les techniciens sortaient des studios pour aller enregistrer de vrais music-halls. Une fois, ils ont diffusé une bande du Crazy Gang de Blackpool plusieurs jours après que le lieu du spectacle eût été détruit par un incendie ! Sir Thomas Beecham a dirigé le London Symphony Orchestra pour les "Pilules Beecham"
(contre la toux). D'autres firmes ont parrainé les grands noms du moment : Tommy Trinder, Arthur Askey, Les Deux Leslies, Tessie O'Shea... Plugge a construit un nouveau studio en bas de la côte à Caudebec-en-Caux (en 1938). Bob Danvers-Walker nous a rejoints, comme l'a fait également Roy Plomley, l'homme qui a inventé le label "Desert Island Discs
".

L'administration postale a refusé à Plugge la fourniture de lignes téléphoniques spécialisées pour transmettre ses programmes de Londres en France, ce qui obligeait de passer en fraude des disques 78 tours/min enregistrés (les enregistrements sur cire étaient trop courts et imparfaits et l'enregistrement sur bande magnétique n'existait pas encore). On craignait également que les Douanes se mettent du côté de la BBC et confisquent les enregistrements.

Mais Plugge était aussi obstiné que son nom le suggérait. Il a acheté des caméras de cinéma sonores Western Electric et a utilisé uniquement la piste sonore des films pour enregistrer les orchestres. La qualité a dupé beaucoup de monde et finalement, la BBC a admis, à sa grande déception, qu'elle était dépassée. La musique, à peine outrageante, même pour les standards des années 30, était bien là et ce qui est le plus important, était présente le dimanche. Les chiffres d'écoute de la BBC étaient largement distancés le week-end. Se sachant battu, Lord Reith le gouverneur, fondateur de la BBC démissionna.

Plugge, pendant ce temps, voyait toujours plus grand. Ses idées l'ont rendu riche, et l'IBC, depuis son petit bureau de dactylo, s'est développée. Avec près de 180 employés, ses bureaux de Londres s'élevant sur cinq étages font maintenant partie de l'immeuble de la BBC (même quartier de Portland Place - Londres) L'unité de production de l'IBC a fabriqué 5 000 programmes entre 1935 et 1939. Plugge a-t-il été impliqué dans la nouvelle Radio Luxembourg après guerre ? Et qui sait, ce qui aurait pu se passer si la guerre n'avait pas eu lieu ?

Roy Plomley est resté en Normandie jusqu'à ce que les troupes allemandes entrent dans Fécamp. Il s'est échappé par la plage. La Royal Air Force a bombardé les émetteurs
[Louvetot] ... et la station de radio née à la suite d'une conversation au Café des Colonnes, s'est définitivement tue.

L'IBC existe encore. Elle réalise des annonces publicitaires pour les radios commerciales. Ses studios à Londres ont accueilli Jimi Hendrix lors de l'enregistrement de son tout premier album. Plugge est devenu député de la région de Chatham. Son slogan était à cette occasion "Plugge in for Chatham"
[to
plug in = brancher]. Mais quand son nom est apparu sur BBC Radio Kent à l'occasion d'un reportage documentaire sur le personnage, personne ici n'avait entendu parler de lui parmi les auditeurs, excepté un homme possédant quelques souvenirs. La maison luxueuse de Plugge dans Lowndes Square a servi de lieu de tournage pour "Performance", un film noir où apparaît Mick Jagger... L'immeuble de Radio Normandy
à Fécamp est aujourd'hui une maison privée où les visiteurs ne sont pas admis.

Le Capitaine Plugge est mort probablement, mais mes recherches à travers le "Who was who" (la version nécrologique du "Who's who") n'ont rien révélé sur le Britannique qui a dominé les ondes.

Peut-être, y a-t-il quelque part un vieil homme qui rabâche à son arrière, arrière petit-fils, qu'un jour, il a "délogé" le fondateur de la BBC. 

Les
Woodland
  (traduit du magazine britannique “FRANCE” hiver 1997)



NB : Le Capitaine Plugge est en fait décédé en Californie où il s’était retiré, en 1981

 



M. Fernand Le Grand
fondateur de Radio Normandie



Le Captain Leonard F. Plugge qui a organisé
les émissions anglaises de 1931 à 1939


 






 1er janvier 1999



Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Rouen



"La langue française et les médias"

Extrait du discours de réception prononcé le 8 novembre 1997
par Gabriel de Broglie en qualité de membre associé de l'Académie



(...)



   < Jacqueline Alexandre en 1973 à Télé-Normandie





(...)

Texte in-extenso :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9735878m/f1.item.r=radio%20f%C3%A9camp

 






OEM n° 117/118/119 - Le magazine des radios libres (mars à sept. 2000)

 

"A la recherche des ondes perdues - Le premier pirate IBC"


Le magazine des Radios libres publie un dossier en 3 parties sur Radio Normandie

et l'International Broadcasting Company (IBC)






(c) https://www.offshoreechos.fr/radionormandie/RadioNormandie01.htm





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1ère partie : OEM n° 117   (8 pages)

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2ème partie : OEM n° 118  (8 pages)


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3ème partie : OEM n° 119  (6 pages)


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ondes perdues

    A LA RECHERCHE

 DES ONDES PERDUES

IBC, le premier pirate ou l'histoire des premières radios commerciales outre-Manche

Vu du côté britannique, l’avènement des stations offshores émettant dès les années 60 ne représente en aucun cas la naissance de la radio commerciale outre Manche. Dès les années 1930, les ondes parviennent du continent à partir d’émetteurs privés comme le Poste Parisien, Radio Normandie ou Radio Luxembourg pour le compte de l’IBC, l’International Broadcasting Company, organisme considéré déjà comme illégal par la toute jeune BBC. L’histoire fascinante retraçant la naissance de la radio commerciale en Europe est relatée ici même par les anciens disc-jockeys ou speakers de Radio Normandie, Alain Thompson.

Bob Danvers-Walker - dit “Oncle Bob” nous parle des premiers studios construits dans une grange et des phonographes utilisés pour passer les disques expédiés de Londres. Roy Plomley explique comment il a obtenu son emploi de speaker sur Radio Normandie avant de partir au Poste Parisien. La guerre en Europe, sonne le glas des stations privées. Les Nazis détruisent et confisquent les émetteurs de l’IBC et utilisent Radio Luxembourg pour émettre leur propagande grâce au traître “Lord Haw-haw”, William Joyce dont les discours infâmes tentent de démoraliser les auditeurs britanniques. Après la guerre, station commerciale des premiers jours, Radio Luxembourg, seule survit.

Alan Thompson :
 On peut se demander combien de temps faut-il remonter en arrière pour découvrir l’origine des programmes de radio qui nous entourent actuellement ? Les émissions commerciales en Europe existaient bien avant qu'elles n’apparaissent en Grande-Bretagne, avec les stations offshores des années 60.
Vous voyez, dans les années 30, des milliers de personnes en Grande-Bretagne se réglaient sur des émissions en anglais dirigées vers nous à partir du continent par les stations comme le Poste Parisien, Radio Luxembourg et Radio Normandie. Aussi, avec Dave Howell, je vais vous raconter l'histoire de cette période, grâce aux témoignages de nombreuses personnalités bien connues.

Rappelons-nous il y a seulement quelques
 (dizaines !) d’années, l’indicatif chanté d'une émission de Radio Normandie:
"This is Radio Normandy calling you. A travers la nuit, à partir de la scène du théâtre de l'Alhambra à Bradford, c'est Radio Normandie qui vous appelle...” ou encore "Ici, Radio Luxembourg, sur notre nouvelle longueur d'ondes de 208 mètres, sur la gamme des ondes moyennes. Ce programme offert par Hunthy and Farmer's, fabricants de biscuits et gâteaux, a le plaisir de vous présenter chaque semaine l'évolution de la musique pendant les dix dernières années. Nous commençons notre série par une sélection de musiques composées au moment même où Huntley et Farmer's lancent leur usine il y a 100 ans. N'oubliez pas que Huntley and Farmer's sont synonymes de qualité. Nous commençons notre concert par notre indicatif : "Musique à travers les âges...”

Le programme commercial le plus ancien semble avoir été diffusé en 1925 par Radio-Paris, depuis la Tour Eiffel, à l’initiative d’un homme entreprenant le Captain Leonard Franck Plugge. L'émission se composait d'une causerie en anglais consacrée à la mode sponsorisée par Selfridge's, le célèbre magasin d’Oxford Street. Malheureusement, l'émission ne fut pas annoncée à l'avance, et seulement trois personnes écrivirent pour dire qu'elles l'avaient entendue. Peu après, le Captain L. Franck Plugge fonde l’International Broadcasting Company (I.B.C.), une société chargée d’exploiter la radiodiffusion commerciale, interdite en Grande-Bretagne, en achetant du temps d’antenne aux émetteurs privés étrangers où les lois étaient plus souples.

Deux ans plus tard, Radio Hilversum, près d'Amsterdam, diffusa un concert destiné aux auditeurs du Royaume-Uni, le premier d'une série sponsorisée par Kolster Brandes Ltd, une manufacture d’équipement de radio. Dès 1929, des émissions en anglais étaient diffusées sur Radio Toulouse. Mais ce fut dans les années 30 que l'Europe connut son plus grand développement de la radio commerciale.

En juin 1931, Fernand Le Grand, le propriétaire de Radio Normandie se rend à Londres pour voir les premiers essais de télévision selon le système Baird. Il y rencontre le Captain Plugge et les dirigeants de I’International Broadcasting Company (I.B.C.). A leur demande, à son retour à Fécamp, Fernand Le Grand accepte de réaliser sur sa station une première émission nocturne, le dimanche 29 juin de minuit à 1 heure du matin, afin que I’I.B.C. puisse effectuer des mesures d’écoute. Celles-ci sont très satisfaisantes et le principe d’une collaboration est mis au point.

Le 20 décembre 1931, Radio-Magazine s’étonne :

“On nous signale de curieux essais de Radio Normandie sur 246 mètres environ. Ces émissions faites le 13 décembre, de 22 heures à 1 h 30 du matin, fort nettes et bien modulées, comportaient un concert de musique anglaise offert par une maison de Londres et ont été entendues dans de bonnes conditions à Montpellier.”

C’est la concrétisation des accords de Fernand Le Grand avec l’I.B.C. Radio Normandie devient ainsi, à certaines heures nocturnes, un “périphérique anglais”. La station localisée à Fécamp, était connue initialement jusqu’en 1929 comme Radio Fécamp avant de changer de nom. Elle se développe, au cours de l’année 1932, grâce aux ressources nouvelles fournies par les émissions anglaises, d’une part, et à la publicité nationale que lui apporte, pour ses émissions françaises, l’agence Publicis. La publicité régionale, est récoltée par le service commercial de Radio Normandie, dont la direction est confiée à M. Auzillon.

Fernand Le Grand annonce, d’une part, que d’autres studios décentralisés seront créés dans d’autres villes de la Seine Inférieure et que des démarches sont faites auprès des pouvoirs publics pour déménager la station, et la situer en dehors de toute agglomération en un point plus central de la région. La future station aura de 5 à 25 kW antenne. On comprendra la raison et l’origine de ces projets lorsqu’on constate que l'assemblée générale de la société anonyme des émissions Radio Normandie procède, le 21 mars 1931, à une augmentation de capital souscrite, pour l’essentiel, par l’International Broadcasting Company limited. De cent mille francs, le capital social passe à cinq cent mille francs. Deux représentants de l’I.B.C. entrent au conseil d’administration: MM. Albert-Edouard Leonard et Leonard-Franck Plugge, domiciliés à Londres. Depuis novembre 1930, le poste complète ses programmes devenus quotidiens, à l’exception d’une soirée par semaine pour permettre aux auditeurs fécampois proches de l’émetteur de capter d’autres émetteurs.


Les premières émissions de l’IBC commencent donc en 1931 sur Radio Normandie pendant les pauses des émissions françaises. L’émetteur de 25 kW (fonctionnant à 8 kW) est installé à deux pas de la distillerie de “La Bénédictine”. Il est entendu sur 269,5m dans tout le sud de l’Angleterre. La plupart des programmes - des shows de quinze minutes - sont pré-enregistrés à Londres. Pas moins de vingt-et-une firmes britanniques patronnent ces programmes de musique légère et de variétés. La publicité est interdite outre-Manche. Ce sont les marques de cigarettes, les centrales de distribution d’alimentation, les transporteurs maritimes, les éditeurs de disques, les fabricants de postes de radio, l’industrie du film, les concessionnaires automobiles et les détaillants. L'argent coule à flots. Les firmes britanniques dépensent 400.000 £ en 1935, et près de 1.700.000 £ de publicité vers 1938. Il y a aussi quelques émissions en direct.

Les émissions anglaises, à partir du 1er février 1932, ont lieu les samedis et dimanches jusqu’à 3 heures du matin sur 233 mètres et, dès fin février en semaine, de minuit à 1 heure du matin. L’équipe anglaise du poste commence à se gonfler. Les speakers venus de Londres sont Bob Danvers Walker (dit “Uncle Bob”), son épouse et E.J. Oestermann, que rejoindront bientôt John Sullivan, Ian Newman, D.J. Davies et H.V. Gee. L’émetteur a toujours une puissance officielle de 500 watts, mais de nouveaux étages amplificateurs lui donnent, en réalité, une puissance de 8 kW.

L’année 1933 constitue une année d’expansion pour Radio Normandie. La station augmente encore discrètement sa puissance, mais l’installation de ses nouveaux pylônes va déclencher une nouvelle offensive des P.T.T. Pour changer ses vieux mâts d’antenne haubanés que le vent d’hiver secoue et que rongent la rouille et les embruns, Fernand Le Grand commande deux pylônes tripodes autoportants de 100 mètres, à une firme parisienne de construction métallique, La “Construction soudée”, que les techniciens montent en mars et avril 1933. Non seulement ces travaux ne passent pas inaperçus - il faut construire un bout de route et un petit chemin de fer Decauville pour transporter sur place les éléments dont certains pèsent plus d’une tonne - mais encore tous les journaux publient la photo (excellente promotion) de Francine Lemaitre, la speakerine française de la station, bravant le vertige et escaladant les 80 mètres déjà érigés du premier pylône.

En mai, une campagne anti-Radio Normandie démarre dans un certain nombre de journaux. Le Haut-Parleur mène la danse en écrivant :

“La construction à Fécamp, de nouveaux pylônes d’antennes pour Radio Normandie a fait naître une émotion considérable dans les milieux sans-filistes normands. Avec un zèle de bénédictin, le directeur du poste s’efforce de convaincre les auditeurs de ce que la puissance ne sera pas augmentée. Mais il se garde de spécifier le nombre de kilowatts actuellement employés. Reconnaître les 16 kW qu’il imprime sur des prospectus (ndlr : les tarifs de publicité de la station pour l’Angleterre), c’est avouer la fraude envers I’Etat. Déclarer une puissance inférieure, c’est avouer la fraude envers les clients de la publicité. Et M. Le Grand ne peut rien répondre aux sans-filistes protestataires de la région qui se plaignent de ce que Radio Normandie les empêche d’entendre d’autres stations”.

De son côté, véritable usine à programmes, l’IBC fournit des émissions à près de vingt stations différentes partout en Europe. Au milieu des années trente, des programmes patronnés sont diffusés vers le Royaume Uni à partir de France, d’Ulster, de Hollande, d’Espagne et du Luxembourg. En 1936, un reportage dans la presse évoque des projets d’autres stations à partir d’Islande, d’Irlande et même à bord de bateaux ancrés en eaux internationales ! Nulle doute que l’effort le plus important restera pour Radio Luxembourg et Radio Normandie.

Alan Thompson : “Au début, l’IBC, ce n’est qu’un bureau et une dactylo. Puis, il y a deux bureaux, trois dactylos, deux tables à cartes, des casiers en carton pour classer le courrier des auditeurs. En 1939, l’IBC occupe un immeuble de bureaux et un complexe de studios à Portland Place à Londres près des studios de la BBC. Dehors stationnent les camions d’enregistrement pour les reportages et le personnel à plein-temps se chiffre à près de 180 personnes.

Contraste de l’autre côté de la Manche : vous seriez pardonnables si vous pensiez que Radio Normandie résidait dans un majestueux environnement avec du marbre partout. Mais ce n'était pas tout à fait comme cela, comme l'explique Bob Danvers-Walker” :

Bob Danvers-Walker : "Le studio était ainsi : c'était un grenier à foin au-dessus d'une écurie. Un toit en pente, des murs blafards, avec un vieux tapis, ou des morceaux de tapis passés au soleil. Nous étions juste au-dessous du grand clocher de la Bénédictine, la fabrique de liqueur bien connue. En dessous, c'était le local où se trouvaient jadis les chevaux des chariots de livraison, mais il avait été transformé par les Français en un bureau d’accueil pour les livreurs et les secrétaires. Au milieu de la pièce, il y avait un de ces poêles "Blackjack" si vous voyez ce que je veux dire. C’était une chose énorme avec un conduit de cheminée montant jusqu'au toit, et chaque fois que l'on versait du charbon dans ce poêle, il n'y avait pas d'isolation sonore, aussi chaque fois que l'on ouvrait le micro, on arrêtait le cliquetis des machines à écrire, et on évitait aussi de verser du charbon. Comme les Français aiment être bruyants, nous devions ouvrir la porte et crier en bas : "Silence, s'il vous plaît" ; alors nous ouvrions le micro et faisions nos annonces, surtout au moment d’une réclame importante. Une fois cela terminé, nous mettions nos disques en marche. Alors nous disions : "Allez-y", et elles reprenaient leurs machines à écrire ou versaient de nouveau du charbon sur le feu”.

Alan Thompson : “Les présentateurs travaillant à la station remplissaient parfois leurs obligations dans un grand stress. En plus, il n'y avait pas de tourne-disques électriques ni de tables de mixage. Aussi, comment se débrouillaient-ils pour réaliser des programmes préenregistrés ? Eh bien, d'abord, tout le programme était contenu sur un seul disque à mettre doucement sur un phonographe. Il s'agissait de disques cassables, à 78 tours par minute. Pendant la durée d'émission, nous pouvions nous absenter.

Le succès était si fantastique que le tout le sud de l'Angleterre était à l’écoute. Les gens avaient pris l’habitude de s'accorder sur Radio Normandie. Ils tournaient les boutons de leurs postes, et malgré les gazouillements, attrapaient des stations de tout le continent. D’autant meilleur était le poste, de plus loin, ils pouvaient capter. Aussi quand ils entendaient ces programmes en anglais, particulièrement lorsque la B.B.C. ne fonctionnait pas, ils s'accordaient dessus, c'est fou, parce que nous présentions le genre de choses que Radio-One et la radio commerciale font aujourd’hui : toute la musique populaire du début jusqu'à la fin de nos heures d'émission. Bien sûr, nous nous développions sans cesse. L’empire croissait. Durant les neuf ans que cela a duré jusqu’à la guerre, j'étais responsable de l'installation et de la mise en place du programme commercial destiné à neuf stations différentes où, à part Fécamp, il y avait Toulouse, un poste situé dans le sud de la France, le Poste Parisien à Paris, Radio Lyon, puis ensuite le réseau espagnol ouvert en 1933 ou 34, juste avant la guerre civile espagnole, ou cela a été un moment difficile. Il y avait Radio Madrid, San Sébastian, Barcelone, Valence. J'étais responsable de toutes ces choses plus tranquilles, et à l'époque ou la guerre éclata, le réseau commercial de l’IBC était extrêmement important. Naturellement, nous étions entrés dans la période des programmes enregistrés, produits par la compagnie elle-même, et automatiquement, je les ai amenés à s'engager dans la présentation de productions beaucoup plus élaborées, enregistrées d'abord sur des disques incassables en acétate, et ensuite, progressivement sur... Oui ! des films !!! Sur du film 35 mm, parce que nous avions installé à Radio Normandie des projecteurs de cinéma Western Electric comme vous en trouveriez dans la salle de projection d'un cinéma, une chose formidable, parce que la piste sonore était la seule partie utilisée du film, seulement la piste sonore, et les programmes étaient enregistrés ainsi. Les Overteenies (programmes pour les enfants), les programmes Melitta Stockings, et un grand nombre de sponsors faisaient enregistrer leurs programmes sur film et étaient envoyés ainsi. Nous devions conserver notre calme, parce que nous n'étions pas seulement speakers, nous étions aussi ingénieurs, producteurs, nous devions faire le travail administratif, tout faire : travail, repas, sommeil, travail, repas, sommeil, c'est tout ce que nous faisions, sans oublier le remplacement des speakers, qui venaient là-bas (à Fécamp) pensant qu'ils seraient uniquement speakers : ils ne voyaient là aucune jouissance et finissaient la plupart du temps par démissionner.”

Pour les programmes en français, un véritable service des informations est créé et les nouvelles matinales sont données dans une première émission à 7 heures du matin, tandis qu’un dernier bulletin donne, de minuit à 0 h 15, les informations de Londres en langue anglaise et de 1 h du matin à 1 h 15, les nouvelles de Paris en français. Une remorque est équipée du système “Le Ruban Sonore”, utilisant à l’enregistrement, un procédé de gravure électro-mécanique par pointe de diamant sur un film 16 mm en papier noir opaque d’acétate de cellulose défilant à vitesse constante. Pour la reproduction, on se sert du procédé de lecture du cinéma sonore par cellule photo-électrique. Cet équipement permettra de reprendre, mais en différé cette fois, la retransmission des émissions et des concerts organisés par les sections de I’Association des auditeurs de Radio Normandie.

La parution du décret du 26 décembre 1933 est peut-être I’arrêt de mort de la station normande. II précise qu’à dater du 15 janvier 1934, les stations de radiodiffusion privées devront se conformer aux dispositions de la Convention européenne de Lucerne. Radio Normandie devra désormais émettre sur 200 mètres de longueur d’onde ou se voir retirer son autorisation. Or, la majorité des récepteurs en fonctionnement ne sont pas étalonnés pour descendre sur cette fréquence de 1500 kHz. Radio Normandie perdra 80 % de son auditoire. La coupe est pleine. Au lendemain des fêtes de fin d’année, une délégation de députés et sénateurs de la région normande se rend à Paris pour effectuer une démarche auprès du nouveau ministre des P.T.T. qui a succédé à Laurent-Eynac, Jean Mistler. II y a notamment le sénateur Charles d’Harcourt, les députés et anciens ministres Camille Blaisot et Georges Bureau, leurs collègues Duschesne-Fournet, Joseph Laniel et le duc François d’Harcourt.

Jean Mistler consent à réserver, à titre provisoire, la longueur d’onde de 206 mètres disponible pour Radio Normandie et promet qu’un renforcement de la puissance de l’émetteur pourra être accordé ainsi que le rétablissement des circuits P.T.T. En attendant les textes officiels, la station normande pourra poursuivre son exploitation dans les conditions actuelles. Radio Normandie est sauvée. Son développement et l’extension de son écoute ne cesseront plus jusqu’à la guerre.

En 1935, l’IBC forme une unité de production de programmes dans le but d’assister un nombre grandissant de firmes intéressées par l’utilisation de la radio. Entre 1935et 1939, cette unité de production a réalisé 5000 programmes malgré la concurrence grandissante des agences de publicité qui elles aussi se sont lancées dans la production. Les premiers studios et bureaux étaient situés au 11, Hallam Street, London W1, mais la station bientôt prend possession du n°9 ainsi que du 8 et 9 de Duchess Street. Par une étrange ironie du sort, l’intégralité de la propriété a été rachetée par la BBC pour l’extension de Broadcasting House.

Grâce aux soutiens locaux, le poste fondé à Fécamp dans un radio-club devient la puissante Radio Normandie qui défie les offensives du directeur irascible des P.T.T. Marcel Pellenc. Elle continue, à la fois, à être le grand poste régional normand et à développer ses émissions à destination de la Grande-Bretagne dont il est le “premier périphérique”. Son animateur-fondateur, Fernand Le Grand, obtient du ministre Georges Mandel, l’autorisation de transférer sa station de Fécamp à Caudebec-en-Caux, sur le vaste plateau de Louvetot, par décret du 7 août 1935. Le 30 novembre de la même année, la première pierre de l’édifice du nouvel émetteur est posée officiellement, en présence du sénateur Thoumyre, président du conseil général, du sous-préfet Rix et du chef de cabinet de Camille Blaisot, sous-secrétaire d’État à la présidence du conseil. Le ministre des P.T.T. a délégué son directeur, inspecteur général de la radiodiffusion, Marcel Pellenc, qui présidera le déjeuner réunissant toutes les personnalités présentes. Ancienne “bête noire” des radios privées, dont le ministre a su modifier le point de vue, Marcel Pellenc a l’humour de terminer ainsi son discours :

“... Et je me permettrai de vous signaler que c’est peut-être pour les sans-filistes, l’occasion de marquer d’un signe particulièrement reconnaissant envers M. Mandel, ce fait que, pour la première fois que je m’assieds à la table d’un poste privé, nous prenons acte d’une étroite collaboration féconde dont profitera la radio, à l’intérieur de nos frontières, et l’extension de l’art français a l’étranger.”

L'expansion de plus en plus importante de l'IBC en Europe n'a pas été inaperçue de la BBC qui, soit dit en passant, diffuse en Angleterre depuis le début des années 20.Les émissions étrangères émises principalement le dimanche, démontrent qu’elles sont plus populaires que celles de la BBC réputées pondérées et sans imagination. A un certain moment, la BBC a demandé à la Poste de ne pas donner d'avantages à des stations qu'elle considère comme pirates (ndlr : une vieille habitude !), et des efforts sont faits pour les interdire. Lorsque Radio Luxembourg a commencé à émettre en grandes ondes, sur une longueur d’onde non reconnue par le plan de Prague de 1929, la représentation du Post Office à l’Union Internationale des Télécommunications s’est plainte de l’utilisation d’une fréquence non autorisée par le Luxembourg, ce qui n’a eu aucun effet puisque ce pays n’était pas membre de l’UIT. Cependant Radio Normandie émet à ce moment sur son canal autorisé - 212 mètres. Le Post Office a demandé aux gouvernements français et luxembourgeois d’interdire les émissions commerciales de cette nature. Ceci en pure perte. (ndlr : époque bénie ?) Les tentatives de faire admettre des résolutions aux conférences internationales de radiodiffusion rendant toutes émissions illégales vers le Royaume uni, ont aussi échoué.

Le seul moyen de gêner les émissions est de refuser les liaisons téléphoniques destinées à relayer les programmes de Grande-Bretagne vers les émetteurs sur le continent.

En 1937, l’IBC déménage en bloc au 37, Portland Place. Les nouveaux locaux couvrent cinq niveaux et représentent une surface de 10.000 m2.

Alan Thompson : “Le nouveau média avait attiré un nombre considérable d'artistes du monde du théâtre et des variétés, des noms qui apparaissaient dans le choix des sponsors de l'époque. Roy Plomley devenu célèbre à la B.B.C., arriva un jour à Radio Normandie” :


Roy Plomley : "J'ai rencontré le patron, l'administrateur général Richard Maire, un excellent homme de radio en vérité, il m’a écouté, et nous avons parlé de la radio commerciale et de ses problèmes, auxquels, naturellement, je m'intéressais, et il avoua que l'un de ceux-ci était qu'il n’y avait que quatre anglais dans cette petite communauté, ce petit port de pêche du Nord de la France, Fécamp. Et en hiver, les choses devenaient moroses : il n'y avait pas de colonie anglaise, ils étaient seuls confrontés aux problèmes d’humeur et d’alcool des membres de l'équipe.”

- “Eh bien, me voici, parce que je ne veux pas rester sans travail tout le temps comme la plupart des jeunes acteurs, qui perdent tout leur temps", et il dit : "Très bien, vous allez passer une audition". Ainsi, je suis retourné un peu plus tard aux studios de l'U.P.C., l'unité de production de l'I.B.C. à Kilborn High Road. C'était un studio qui avait été utilisé par une maison de disques qui a disparu du marché. J'ai constaté qu'il y avait trois autres personnes attendant pour une audition. Je pensai n’avoir aucune chance d'obtenir le poste. Il y avait là un jeune acteur, qui joue encore, nommé Peter Bennett, et un homme qui se disait être le représentant à Paris du Punch (un journal satyrique), je n'arrive pas à comprendre pour quelle raison le Punch avait besoin d'un représentant à Paris, et un troisième homme dont j'ai oublié le nom qui tenait un studio d'enregistrement à Londres. J'entrai dans le studio à mon tour, on me donna quelque chose à lire et je dus faire des annonces. Tom Ronald, ancien producteur de variétés à la B.B.C., installé depuis des années à Radio Normandie, sortit de la salle de contrôle et me remercia. A quoi je lui répondis à mon tour : "Merci beaucoup". Je rentrai chez moi, et reçus un appel téléphonique : "Pourquoi n'avez-vous pas attendu?" Ils voulaient me voir pour refaire un essai de voix destiné aux patrons. Hélas le lendemain, le système d'enregistrement était en panne, et ils m'envoyèrent au studio de Baker Street, où j'obtins l'emploi, et partis pour Fécamp, envié par tous mes amis acteurs. Je n'avais pas d’emploi permanent, mais j'avais un mois de travail assuré, ce n'était pas si mal, j'avais la sécurité".

Alan Thompson : “Ce mois de sécurité se transforma en plusieurs années. Ce ne fut pas longtemps après avoir mis les pieds à Fécamp pour Radio Normandie qu'il fut appelé pour monter la station du Poste-Parisien à Paris” :

Roy Plomley : "J'étais seul et j'avais un bureau sur les Champs Elysées. J'avais une indemnité pour frais professionnels, et à part les dimanches, où je devrais travailler très dur, je n'avais qu'une émission d'une demi-heure par jour au Poste Parisien, le soir de 22 h 30 à 23 heures, ou bien je passais des disques au studio, ou je transmettais une émission de cabaret à partir d'une boîte de nuit parisienne, un travail très agréable que j'aimerais encore avoir maintenant. Mais évidemment, j'étais ambitieux et au bout de six mois, ils suggérèrent que je revienne à Londres en tant que producteur de programmes destinés à Radio Normandie, au Poste Parisien, et à l'occasion, Radio Luxembourg également, bien que ces stations soient indépendantes”.

Alan Thompson : “Les temps peuvent changer, mais les problèmes, surtout les problèmes de plus de dix ans ne changent pas. Jusqu'à 1937, Radio Normandie utilisait une fréquence de 269 mètres sur la gamme des ondes moyennes. Malheureusement, cette longueur d'ondes était affectée d'interférences, aussi décida-t-on de changer pour un canal plus clair. Radio Normandie a changé pour 274 mètres. Alors, la réception est devenue plus forte et plus claire. On utilisait maintenant un émetteur d'une puissance d'environ 150 kilowatts. Vers 1937, la radio commerciale avait atteint son sommet. La popularité des émetteurs de l’IBC était telle qu’un magazine d'information “Radio Pictorial”, le magazine de radio pour toute la famille, était publié de 1933 à 1939, donnant le détail des programmes de chaque station I.B.C., pour l'Europe, et cela coûtait 2 pence (plus tard 3 pence l'inflation n'est pas quelque chose de nouveau).Des précisions concernant les disques diffusés étaient fournies aux lecteurs. Un sondage effectué par les agences de publicité révélait en 1938 que le niveau d’écoute des stations étrangères était à son plus haut niveau le dimanche. Pour certaines stations, le nombre d’auditeurs s’évaluait en millions. Le sondage montrait aussi que l’écoute cumulée des stations étrangères équivalait celle des émissions de la BBC.”

A la fin des années trente, l’IBC concentre tous ses efforts sur Radio Normandie. La compagnie possède trois camions de reportage peints en noir avec l’inscription “Radio Normandy 274 metres” de chaque côté. Les véhicules contribuent largement au succès des émissions extérieures. Ils sillonnent la côte pour enregistrer les concerts proposés pendant la belle saison. Le “road show” itinérant enregistre des artistes locaux dans des endroits aussi éloignés qu’Edimbourg ou Penzance. Reginald Foort est suivi dans sa tournée par l’orgue portable “mammouth”. L’électricité est souvent fournie par les fermes et les câbles sont tendus à travers les champs du Gloucestershire pour pouvoir capter le cri de la très rare fauvette des marais. L’IBC se flatte à la fois de son équipement et de son expérience.

Radio Normandie est sans doute la station des stars. Beaucoup de personnalités dont le nom ne signifie plus rien aujourd’hui mais dans les années trente est équivalent à Bill Haley, les Rolling Stones, Tina Turner ou Maria Carey de nos décennies. L’International Broadcasting Club créé en 1932 regroupe en 1939 près de 320000 membres. L’adhésion est gratuite.

Alan Thompson : “L'une des émissions pour les enfants est "Oncle Bengee", présentée par Bennett Mac Nabb. Sa populaire émission de variétés captive les jeunes auditeurs chaque semaine avec les histoires de la méchante fille favorite de tous : Flossie. Elle raconte ses histoires de voyages à Hollywood, qui sont, évidemment, complètement fabriquées”.

- "Et maintenant, Mesdames, Messieurs, le Théâtre de l'Odéon a le plaisir de vous présenter Bennett Mac Nabb, plus communément connu des auditeurs de Radio Normandie sous le nom d'Oncle Bengee. Eh bien, Oncle Bengee, après avoir quitté la station, il y a quelques mois, a fait un voyage en avion à Hollywood, et maintenant, il est de retour pour vous donner ses impressions personnelles au sujet de cette ville fascinante.

- Bonjour à tous. C'est formidable d'être de retour et de vous parler de nouveau. Et je ne veux pas vous raconter toutes les nouvelles concernant Hollywood, parce que je suis sûr que vous les connaissez toutes par cœur. Mais il y a un sujet qui me tient à cœur. Vous entendrez parler de Greta Garbo et du nombre de jeunes filles dont Clark Gable est tombé amoureux. Mais personne, n'a jamais mentionné l'évènement le plus important de la fraternité d'Hollywood, je dis la grande cité où Flossie et moi sommes allés pour vous. Vous savez, je pense plutôt que Flossie aurait pu faire une bonne star de cinéma. Elle est très passionnée par... quel est le nom de cet enfant ? Shirley Temple !

- Oh ! oui, moi aussi, je suis très passionné par Shirley Temple. 

- En fait, je l'ai vue travailler sur un nouveau film l'autre jour...”

“Bennett Mac Nebb fut aussi un speaker de la station en son temps. Pendant les émissions, nous faisions les annonces commerciales de la station et nous apprêtions à jouer la première face d’un enregistrement. Les disques de 16 pouces (38 cm) duraient 35 minutes par face. Ainsi un jour nous pensâmes que nous avions effectué cette tâche stupide depuis trop longtemps, et que cette fois-ci, nous allions poser l'aiguille sur le disque, et descendre jusqu'au petit café du coin, prendre un verre de bière ou un café. Nous vérifiâmes nos montres de façon à revenir à temps pour retourner le disque, et quand nous montâmes l'escalier, nous entendîmes un petit bruit répété continuant tout seul. Cela disait : "Arrêtez, ne tirez pas !... Arrêtez, ne tirez pas... Arrêtez, ne tirez pas !... Nous nous précipitâmes, le disque était toujours sur la première face, et le sillon était rayé, aussi, nous arrêtâmes vite le son, nous retournâmes le disque et nous mîmes la deuxième face, parce que nous n'avions plus beaucoup de temps, comme si de rien n’était. Personne ne se mêle de quelque chose qui ne va pas !

Beaucoup de programmes de variétés étaient enregistrés en direct lors de déplacements dans le pays. Pour cela, l'I.B.C. réalisa des émissions extérieures ou O.B (Outside Broadcast) et disposait de trois orchestres, pour les besoins de l'enregistrement. Roy Plomley fut affecté également à cette tâche” :

Roy Plomley : "Je suis devenu l'homme de l'O.B. Nous avions un tas d'émissions extérieures. Ce fut un développement qui eut lieu vers 1937, où nous eûmes notre premier camion de l'I.B.C. pour l'extérieur, très lourd, avec beaucoup d'équipement à l'intérieur, l’équivalent à ce qui peut être fait actuellement avec un petit magnétophone, et puis ensuite nous en eûmes un autre plus perfectionné. Ces camions étaient montés sur vérins, dehors dans l'allée, et nous enregistrions. Dans les cinémas, nous enregistrions des concerts d'orgue de cinéma avec des musiciens et des solistes et nous devions enregistrer des programmes de variétés spécialement mis en scène dans les cinémas. Nous avions notre propre émission itinérante sur les ondes, une revue touristique "Radio Normandy calling". Je supervisais tout cela et je devais juger les concours de talent des amateurs le jeudi soir, et enregistrer alors un programme d'une demi-heure. Le vendredi, il y avait un programme particulier avec Allan Bradford. Nous allions partout dans le pays, sans oublier certains jours les Midlands, ou naturellement ils ne pouvaient pas recevoir Radio Normandie car Radio Normandie couvrait le sud prospère où il y avait des affiches publicitaires. D'ailleurs, la réception était parfaite dans le sud, elle n'était pas mauvaise dans le nord, mais était désastreuse dans les Midlands ; nous jouions, nous regardions les affiches, et nous disions alors que Radio Normandie, c'était cela. Certains des spectacles de variétés que nous enregistrions n'étaient pas spécialement mis en scène pour la radio, et il en résultait que beaucoup de numéros étaient visuels. Aussi, comment surmontait-on ce problème ? La radio est un média aveugle et c'est un travail d'homme de radio de faire vivre les choses, d'y ajouter une nouvelle dimension, une autre dimension, de la rendre visuelle. Aussi, cela entrait pour une grande part, (il n'y en a peut-être pas assez aujourd'hui), mais nous devions décrire les vêtements que portaient les acteurs, et bien sûr, si l'on décrivait un spectacle de théâtre, il fallait décrire les couleurs des accessoires et les costumes et donner une image aussi bonne que possible de ce que nous décrivions”.

Alan Thompson : “Cela donnait l'impression que les gens s'amusaient bien, mais était-ce à ce point ?”

Roy Plomley : - “Oh, il y avait beaucoup d’ambiance, parce que c’était une petite équipe. Comme vous faisiez tout vous-même, vous étiez beaucoup plus créatif. Il n'y avait personne pour vous dire ce que vous deviez faire. A Radio Normandie, par exemple, on mettait l'émetteur en marche, on appuyait sur tous les boutons, intervenait au micro et tout ce qu'il fallait faire. Nous vivions séparés des Français. En dehors des affaires, ils étaient de l'autre côté de la rue, et il n'y avait que nous quatre à réaliser l'ensemble. Soixante-quatorze heures de ce qu'on appelle une semaine avec un ou deux uniquement d'entre nous au travail à la fois, on était seuls, à faire notre propre petit travail, nos propres réparations, nous jouions nos propres disques que l’on sortait des étagères pour les remettre ensuite, nous bavardions si cela nous plaisait. Quant à la technique, on en parlait, c'était une affaire très compliquée. Nous avions cette table de contrôle, avec six plateaux au-dessus, et certaines choses à ce sujet étaient un peu compliquées. Par exemple, quand vous réalisiez une production sponsorisée qui rapportait énormément d'argent en rapport avec le programme, les patrons voulaient que nous fassions cela bien. Vous pouviez, par exemple, quand l'un des plateaux se terminait, mettre le second plateau chargé d'un programme entièrement enregistré à Londres ; quand celui-là finissait à son tour, vous deviez changer l'aiguille, pas un stylet de saphir comme actuellement : une aiguille. Nous devions sans cesse changer d’aiguille, ensuite vous deviez faire l'identification de la station : "Ici, Radio Normandie, émettant sur la longueur d'onde de... selon ce qu'elle était alors. Ayant donné l'indicatif de la station composé des quatre notes frappées sur le petit xylophone placé sur la table de contrôle, vous donniez alors le signal horaire, un peu approximatif : vous frappiez un gong en donnant l'heure d'une pendule accrochée au mur, qui n'était pas une pendule très précise. Vous vous précipitiez alors sur le prochain disque, un morceau orchestré annonçant le programme suivant. Nous devions alors “shunter” cela lentement et passer progressivement au dialogue enregistré à Londres, et en fonction de ce dialogue qui annonçait la chanson suivante, nous devions nous préparer à lancer ce disque. Pendant que celui-ci tournait, nous enlevions le précédent à présent terminé et posions le troisième en attendant la suite. Quelquefois, nous utilisions seulement des extraits qu'il fallait mettre et retirer selon des marques faites à la craie. Aussi, il ne fallait pas perdre la tête. Mais si le “speaker-technicien” de la station n'était pas en forme, alors, il y avait des erreurs”.

Alan Thompson : “Le présentateur était très populaire, comme l'explique Bob Danvers-Walker” :

Bob Danvers-Walker : “A l’enregistrement, il fallait accueillir tout l'orchestre et le soliste dans le studio pour préparer un programme sérieux, placer toutes les annonces des rubriques et naturellement toute la partie commerciale au milieu des différents numéros du programme. Tout cela devait aller sur le disque. Aussi, tout devait être parfait. Vous ne pouviez pas vous arrêter de parler, puis repartir. Vous deviez littéralement posséder “la chose” tout entière depuis le début, et ne pas recommencer. Vous deviez vous préparer, surtout juste à la fin, à dire: "Ce programme vous a été offert par D.D.D. (ceci est une marque commerciale qui existe encore. C'est une lotion faciale contre les boutons et l'acné). Si vous faisiez "euh" et manquiez l’annonce, il fallait tout reprendre depuis le début et recommencer avec par exemple "Dans les jardins d'un monastère" et tout le reste du programme”.

Alan Thompson : “I.B.C. produisait non seulement des programmes de nature entièrement musicale, mais aussi produisait des magazines à Londres pour leurs émissions sur Radio Normandie. Radio Luxembourg émettait aussi des programmes I.B.C., mais à la fin des années 30, ils établirent leur propre organisation à Londres. Les programmes du dimanche à Radio Luxembourg proposaient les concerts du soir en direct de Philips, présentés par Christopher Owens, qui antérieurement avait été un des premiers disc-jockeys du soir de la B.B.C. Puis il y eut le concert Window, et n'oublions pas l'émission Bilebeans, qui était en fait un programme de musique de danse récente. Le slogan était quelque chose comme : "Elle peut maigrir et rester en forme : maintenant, elle dort chaque nuit avec des doses de Bilebeans", et c’est absolument vrai !

“Une auditrice m'écrit ceci : Cher Allan, j'ai le disque que vous avez chanté "Love will fade away". Je le joue souvent, mais, bien que vous le chantiez si gentiment, cela me rend si triste ! Vous voyez les paroles me font regarder dans le miroir, et j'aimerais être tellement plus attirante ! Mes cheveux ont l'air ternes et...  Attendez une minute, ceci est l'une de vos lettres auxquelles Tom Gregory va répondre aussi” :

- “Ok, je connais la bonne réponse. En fait, je l'ai déjà donnée dans ce programme. Permettez-moi d'aviser cette auditrice et toutes les autres d'écrire pour recevoir trois échantillons Snowfar : l'ensemble des ondulations colorées Snowfar. Il y a un paquet prêt à être posté pour vous. Ecrivez et dites-nous quelle nuance vous désirez : naturelle, blonde, auburn ou brune. Cela rendra les cheveux ternes jolis de nouveau. Cela rendra la mise en place de vos boucles et ondulations plus facile, d'aspect naturel et de plus longue durée. Laissez-moi vous rappeler l'adresse : Snowfar, Hampshire Limited 22, Derby. Joignez un timbre pour l'envoi et vous recevrez l'ensemble Snowfar ondulations teintées, qui vous rendra l'éclat naturel de vos cheveux.”.

Toute l’année 1936 est consacrée à I’aménagement des nouveaux studios de Radio Normandie, dans le ravissant château de Caudebec dans une boucle au bord de la Seine, l’actuelle mairie de Caudebec-en-Caux, tandis qu’à quelques kilomètres, sur le plateau de Louvetot (30 km au sud de Fécamp) s’élève le manoir normand qui abritera les machines et le personnel du nouvel émetteur plus puissant. Comme ce transfert a été facilité aux P.T.T. par un jeune attaché de cabinet de 25 ans, Max Brusset, qui sait négocier son influence réelle ou supposée, Fernand Le Grand va l’engager lorsque l’avènement du Front populaire met le jeune homme au chômage. Brusset devient délégué général du poste à Paris. C’est lui qui s’entremettra avec Paris-Soir pour que ce journal assure les émissions d’informations de Radio Normandie. Ambitieux et retors, Brusset va, à l’insu de Fernand Le Grand, s’aboucher avec M. G. Shanks, administrateur de l’I.B.C., pour tenter d’installer un autre périphérique anglais. L’entente ainsi constituée dispose, avec divers bailleurs de fonds, d’une somme de 10 millions pour mettre sur pied l’opération. Max Brusset crée en 1937 la Société informations et transmissions (S.I.T.). En tant qu’administrateur-délégué de cette société, il va acheter une part importante des actions de Radio-Méditerranée et s’entendre avec son directeur-général Pierre de Présalé, pour transférer la station dans le Nord.

Quand Fernand Le Grand de Radio Normandie apprend les manœuvres de son délégué parisien, il crie à la trahison et le limoge aussitôt. Brusset, se réservant de lui faire payer cette rupture, active les choses. Il a trouvé un site favorable pour installer le grand poste commercial dont il rêve avec ses amis anglais : le château d’Epone-Mézières en Seine-et-Oise. En sous-main, Brusset se procure encore 3 600 actions de Radio-Méditerranée, en décembre 1938, grâce à une avance que lui fait l’I.B.C. de quelque 3 millions de francs. Il contrôle ainsi la majorité du capital de cette société. Les projets de Brusset semblent donc en très bonne voie.


Mais les événements politiques se précipitent en Europe, et vont donner à Brusset l’occasion de faire coup-double: monter le nouvel émetteur qu’il souhaite et faire payer à Fernand Le Grand son éviction de Radio Normandie. Cinq jours après la déclaration de guerre, le 8 septembre 1939, Radio Normandie, seul parmi les 12 postes privés français, est réquisitionné pour les besoins de la défense nationale. La S.I.T., pour compte de la Société du Château d’Epône, rachète I’émetteur de Fécamp inutilisé depuis la mise en route de celui de Louvetot, quelques mois plus tôt. Fernand Le Grand rend, bien sûr, responsable  Brusset de la réquisition de son poste. Il le dit avec véhémence, au cours d’une réunion de la fédération des postes privés, le 12 septembre 1939, où Brusset jure ses grands dieux qu’il n’a jamais fait aucune démarche directe ou indirecte pour demander ou faire hâter cette réquisition, qu’il n’a connue personnellement que lorsqu’elle a été effective et officielle, et à laquelle il était et reste opposé catégoriquement. L’ennui, c’est qu’une lettre du 19 décembre 1939, adressée par M. Shanks de l’International Broadcasting Co à Brusset, semble prouver que toute l’opération était bien préméditée si l’on en juge par cet extrait : ... La convention qui vient d’être échangée entre la société I.B.C. que je représente, et vous-même, pour la mise en marche du poste de Fécamp, dont la société S.I.T. est propriétaire, a besoin d’être précisée sous forme d’une lettre-accord en ce qui concerne vos intérêts. (...) Il va de soi que si, après les hostilités, les émissions du poste de Fécamp étaient maintenues et si elles avaient comme les autres postes privés, un caractère commercial, un nouvel arrangement spécial interviendrait entre nous, les accords présents constituant un minimum de départ”.


Alan Thompson : “Vers la fin des années 30, Radio Luxembourg produit lui-même toutes ses émissions et a rompu avec l'I.B.C. Luxembourg commence par l'émission au succès formidable "The Overteenies" (les plus de 10 ans). Les Overteenies sont certainement le groupe radiophonique le plus populaire, probablement parce que c'est destiné aux enfants, mais nous en reparlerons plus tard. Réaliser un programme commercial pose aussi quelques problèmes, principalement avec les directs. Les plus “aventureux” sont préenregistrés sur ces disques assez incommodes. Habituellement, l'agence ou la compagnie s'occupant des comptes de la publicité tire de ses rangs les acteurs et actrices pour jouer les rôles nécessaires, Natt Harry qui avait été actrice auparavant nous explique :

Natt Harry : "J'étais Maggy, c'est vrai, j'étais Maggy à la cantine, qui faisait le thé et tout le reste pour les ouvriers, et pour cela, je devrais être une vraie cockney. L'autre actrice était Mary O'Farrell, elle était l'infirmière Johnson, et j'étais sa sœur. Le sujet de la majeure partie du programme était consacré à mes deux enfants, qui étaient simplement constipés. Nous suggérions tous différentes choses.

Comment s'appelait cette émission ? Je ne m'en souviens plus maintenant, mais avec ce sujet, nous ne pouvions faire grand chose sans éclater de fou-rire, ainsi nous enregistrions tout. Qu’est-ce que nous avions ri".

Alan Thompson : “Le rire était la clef, et pas seulement le rire, aussi la musique populaire, de Cherry Chatton. La musique populaire des radios commerciales ne pouvait pas détourner l'attention du public en général de tout ce qui se passait alors en Europe. Certaines personnes prêchaient un message différent sous la forme de révolution, violence, fanatisme, haine et guerre.

Hitler avait institué un ministère de la propagande. Goebels n'attirait guère l'affection des Français ou des Britanniques. Radio Normandie, qui prit plus tard le nom de Radio-International, donna la  contre-attaque à cette propagande politique.

A la déclaration de la guerre le 3 septembre 1939, la BBC ferma toutes ses chaînes nationales et régionales et leur substitua un simple “BBC Home Service” constitué d’informations, disques et représentations théâtrales. Tout le personnel et le matériel avait émigré vers Colston Hall à Bristol. Quelques semaines plus tard un “Forces Programme” apparut qui devint “Light” et de nos jours “Radio Two”.

Le jeudi 7 septembre 1939, C’est le dernier jour d’émission de Radio Normandie depuis Louvetot.

Mais fin septembre les émissions de l’IBC reprennent en anglais depuis l’ancien émetteur de Fécamp appartenant maintenant à la S.I.T.

La station s’annonce comme Radio International Fécamp. Des disques de musique légère et de danse sont passés jusqu’à 19h 15.Tous les quarts d’heure, le carillon de Radio Normandie retentit, suivi d’une annonce en anglais :

“Ici la station de radio internationale, bientôt vous entendrez sur nos ondes un nouveau service”.

Le speaker n’est ni Roy Plomley ni Bob Danvers-Walker, mais peut-être David Davis. Le morceau orchestral “Keep the home fires burning” est utilisé comme indicatif de fin. La compagnie de production de programmes, Universal Programmes Corporation située en face de l’entrée de la BBC, 37 Portland Place à Londres est dans l’impossibilité de fournir des programmes enregistrés et de les livrer aux studios de Caudebec via Thomas-Cook. Aussi l’IBC achète une grande quantité de programmes en provenance directe des Etats-Unis. Bob Danvers-Walker est nommé chef speaker et lecteur d’infos.  Chaque soir à19 h 00, après le bulletin d’infos de l’Agence Havas, la station ferme avec le nouvel indicatif orchestré au lieu de “La Marseillaise” habituellement utilisée par les Français. Pendant ce temps quelques affichettes apparaissent dans les épiceries de Brighton et les villes de la côte sud pour promouvoir les programmes de la station. Sur les ondes, il n’y a pas de publicité pendant ce début de guerre, sauf la citation du produit en début et fin de programme, probablement rajouté en direct au micro.

Alan Thompson : “C'était le commencement de la fin pour la radio commerciale en Europe...”

C’est finalement Hitler qui réussira à fermer les stations privées. Comme le moment est mal choisi pour lancer une station publicitaire, l’émetteur de Fécamp de Brusset va servir, sous I’égide du commissariat général à l’information, du ministère des affaires étrangères à la propagande française en langue étrangère. Le deuxième acte de la pièce imaginée par Brusset consiste à faire transférer, pour raisons techniques de sécurité militaire, l’émetteur de 10 kW de Fécamp à Epône. La puissance en sera considérablement augmentée par I’adjonction de matériel Thomson-Houston spécialement commandé et le titre de la station: Radio-International-Fécamp sera changé en Radio-International-Epône. Là, les dirigeants de la fédération des postes privés commencent à se poser sérieusement des questions. Pour les calmer, Brusset écrit une longue lettre, le 9 mars 1940, à Jacques Trémoulet, vice-président de la fédération où il interdit à quiconque de mettre en doute sa parole et où il précise : l’installation du poste à Epône, dans la région parisienne, s’effectuera en accord et d’ordre du gouvernement dans un but d’intérêt général et de propagande française qu’il n’appartient à personne de discuter. Ce poste n’émettra à aucun moment en langue française et ne fera aucune publicité commerciale française. Il est destiné uniquement à des émissions en langues étrangères. Très astucieusement,  Brusset ne parle que de publicité française... il ne ment pas une seconde puisque si l’émetteur peut devenir commercial après les hostilités, il sera destiné à la publicité anglaise.


L’arrivée des Allemands, en juin 1940, sonne le glas de ces belles espérances. Ceux-ci termineront les installations d’Epône pour en faire Radio-Calais (?) émettant vers I’Angleterre. Quant à l’émetteur de Louvetot de Radio Normandie, il passe dans le giron de la Propaganda Abteilung et fera partie (après augmentation de sa puissance à 60 kilowatts) de la chaîne Radio-Paris.

Bob Danvers-Walker : "C'était pratiquement la mort, maintenant, une sorte de mort pour Radio Normandie, ou Radio-International, parce que j'avais eu pour mission d'asséner quelques belles et solides réponses au Dr Goebels, le nutsy ministre de la propagande, et à Lord Hawhaw, qui travaillait là-bas. Ils lançaient toute cette propagande, et je devais faire la même chose en contre-attaque contre eux. Et cela eut beaucoup de succès, qui pourrait être mesuré par le fait que l'aviation allemande vint, car ils avaient l'habitude de faire le point en s’alignant pour pouvoir obtenir un droit de navigation, cela semble incroyable, et ils utilisaient des repères croisés entre Radio Normandie, Radio-Calais et la B.B.C. sur une de ses longueurs d'ondes, et faisaient une sorte de triangulation pour savoir où ils étaient, ceci est absolument vrai, pour planter des mines magnétiques dans le port du Havre, et ainsi, les Français comprirent rapidement comment ces stations particulières aidaient les Allemands dans leurs efforts de guerre, et ils décidèrent de les fermer. Ce fut leur fin. Juste après la guerre et la libération de Paris, j'ai entendu dire que la Gestapo était venue à Fécamp. J'étais dans le nord de la France à cette époque, sur la ligne Maginot comme correspondant de guerre, et ils avaient tout mon dossier, toute mon histoire, mon histoire familiale, parce que cela avait été fourni quand j'avais commencé à travailler à ma première place. Il y avait une “Cinquième colonne” opérant à Fécamp à cette époque, aussi la totalité de mon dossier et mon histoire passée étaient connues des Allemands. Naturellement, ils avaient des enregistrements de ma voix portant des coups à leur Herr Doktor Goebels et demandaient : "Où est cet homme ?" car ils avaient capturé un de mes principaux ingénieurs, lequel avait révélé à ces gens de la 5e colonne : "Cet homme a une épouse et des enfants restés à Fécamp...”

Je suis bien content que nous ayons gagné la guerre".

Alan Thompson : “Nous aussi ! Mais, c'était 1939, et les nuages de guerre rassemblés en Europe éclatèrent dans le plus violent orage qu'on n'eût jamais vu. Les derniers souffles de Radio Normandie et de l’IBC étaient perçus probablement au printemps 1940.A ce moment, une radio parisienne retransmit un programme en anglais d’un quart d’heure un dimanche après-midi. Après l’indicatif “La Madelon”, le speaker anonyme, dit “Ici Poste Parisien. Conjointement avec Radio International, nous vous présentons “Le quart d’heure du Tommy”. Ensuite quatre ou cinq disques furent enchaînés, sans publicité. Le Poste Parisien ainsi que toutes les autres stations commerciales françaises se sabordaient à la suite de la défaite militaire. Seule Radio Paris sous contrôle allemand les remplaça”.

Alan Thompson : “L'horreur de la guerre fut apportée au peuple britannique chez lui pour la seconde fois en moins de vingt-cinq ans. De l'autre côté de la Manche, les Nazis détruisirent ou confisquèrent l'équipement radio, et les stations de radiodiffusion de l'I.B.C. ne furent plus jamais entendues. Les Allemands trouvèrent une utilisation pour les émetteurs de Radio Luxembourg, mais ce n'était pas les douces voix des enfants avec la demi-heure des "Overteenies" : des annonces et un message plus sombre, avec un commentateur aussi sombre :

"L'Allemagne vous appelle... l'Allemagne vous appelle... l'Allemagne vous appelle... Ici, les stations de Brême, et la station DXB sur la bande des 31 mètres. Vous allez entendre nos informations en anglais. Le New-York Times relate que le croiseur britannique X... a été si sévèrement endommagé par l'artillerie de l'Amiral Graf Spee, qu'il est impossible de remettre le navire en état de naviguer. Comme quelques uns des canons de l'X... sont encore en état de fonctionner, l'amirauté locale a l'intention évidente de faire usage de l’épave comme batterie côtière supplémentaire à Port Stanley”.

“William Joyce, un Américain d'origine irlandaise, que le Daily Express surnommait Lord Hawhaw, dit que le peuple allemand avait en soi l'étincelle de la vie. Etincelle ou pas, sa propagande enflammait certainement les auditeurs britanniques. Mais la plupart des gens trouvaient tout cela hautement amusant, quand Hawhaw parle du Ministère de la police et de la désinformation. Il n'y a aucun doute que Joyce était la fierté de Goebels, mais après la guerre, il fut pendu, à son grand regret, pour trahison.

Quand l'Allemagne fut dans les affres de la défaite totale, Joyce fit son fameux discours d'adieux, peu de temps juste après 5 heures, un après-midi de printemps : "Et je vous dis dans ces derniers mots, vous risquez de ne plus entendre parler de moi. 
Je dis Es lebe Deutschland !"

Et c'est la dernière chose que nous ayons entendu de William Joyce.

Les années de guerre avaient vu s'effectuer de vastes changements dans la radiodiffusion chez nous et à l'étranger. La B.B.C. avait établi son service mondial, qui continue avec force aujourd'hui jusqu'aux quatre coins du monde. Mais ce fut le programme "Home and Forces" qui lança ces fameux programmes de variétés dont l'écoute était obligatoire dans les abris, chaque nuit.”

La paix revenue en Europe en 1945, aucune station de l’IBC ne réapparaît après la guerre. En France, le Général de Gaulle s’oppose au retour des stations privées, peut-être pour remercier et rassurer la BBC ! L’Etat se déclare propriétaire des ondes et seul autorisé à permettre les communications audio-visuelles. Le glas sonne pour la radio privée anéantissant bien des espoirs. Suite au décret Teitgen, les émetteurs sont nationalisés sans indemnisation aucune. On imagine sans peine le désespoir et l’écœurement que durent ressentir des gens comme Fernand Le Grand.

A la libération, dans le petit monde de la radio privée en France, I’épuration fait aussi des ravages qui doivent souvent moins à la morale politique qu’aux rivalités d’affaires. Ainsi, sur dénonciation du perfide Brusset, son associé de Radio-Méditerranée, Pierre Le Roy de Présalé, et son ancien patron et ami de Radio Normandie, Fernand Le Grand, sont inculpés d’intelligence avec l’ennemi et incarcérés en février 1945. Le 9 mars 1946, le commissaire adjoint du gouvernement conclut à la mainlevée des mandats de dépôts décernés contre ces inculpés et au classement de I’affaire qui, pour lui, se résume à une querelle d’intérêts plus qu’un problème de collaboration. Mais Brusset, opportuniste, insiste et un complément d’information est ordonné. Un autre commissaire du gouvernement, en est chargé. Son réquisitoire du 29 novembre 1948 confirme les conclusions de son prédécesseur et se termine par cette phrase désabusée qui en dit long :


“... Il est inutile de poursuivre l’examen des pièces pouvant concerner Brusset... puisqu’il n’est pas inculpé”.

Alan Thompson : “En 1946, Radio Luxembourg, ayant retrouvé son indépendance, reprend ses émissions en français et plus tard en allemand et en anglais, mais les revenus publicitaires sont très longs à revenir. Radio Luxembourg avait été la source de la prospérité de la radio commerciale d'avant-guerre, mais comment pourrait-elle regagner ses auditeurs ? D'une certaine manière en remettant sur pied la ligue des “overteenies”:

"Nous sommes les plus de dix ans, petites filles et petits garçons. Faites vos demandes, nous ne refuserons pas. Nous sommes ici seulement pour vous amuser. Aimeriez-vous une chanson ou une histoire ? Voulez-vous partager nos joies ? Et de jeux et de sports nous sommes plus que passionnés. On ne pourrait pas voir des enfants plus  passionnés parce que nous sommes les plus de dix ans, nous sommes des filles et des garçons heureux".

Alan Thompson : “Radio Luxembourg offre encore à cette époque une alternative aux anciennes émissions. Mais soyons justes avec la B.B.C. Elle construit le "Light programme” (programme de musique légère), et le "Home Service" (Service intérieur), plus original. Plus tard vient le "Third programme" (troisième programme). De son côté, Radio Luxembourg abrite avec des concerts de musique, des mélodrames, des séries d'aventures. Pendant les années 30, Radio Normandie avait produit ses propres concours intervilles en enregistrant divers spectacles de variétés çà et là dans le pays. Les jeux qui avaient presque disparu dans ce pays se mettent à devenir florissants. Les deux plus célèbres sur les ondes sont : "Faites votre choix", avec Mike O'M. et "Double your money" (Quitte ou double) avec U.E. Green. Green vient du Canada, bien qu'il soit né en Grande-Bretagne. Il double votre argent jusqu'à un maximum de 32 livres. Naturellement, 32 livres, somme assez importante selon leur façon de voir vaut beaucoup plus à Paris ou en Angleterre. Mais les participants les plus aventureux peuvent gagner jusqu'à 1 000 livres. Le charitable Monsieur Green aide les candidats dans les réponses à 3 livres. Après cela, vous êtes seul. Toutefois, si vous gagnez 8 livres, cela vous paie au moins le taxi pour rentrer chez vous.

Radio Luxembourg se présente comme la plate-forme parfaite pour un jeune artiste dramatique, ayant eu la chance de devenir le premier speaker anglais y résidant, voit que c'est une chance de favoriser sa carrière musicale. Son nom est Terry Johnson” :

Terry Johnson : "Eh bien, je trouvais cela très excitant, parce que nous faisions quelque chose qui était vraiment alors complètement nouveau, qui semblait nouveau à l'époque, parce que les genres de programmes que je présentais à Radio Luxembourg étaient très libres. On pouvait, par exemple, jouer des disques qui avaient été interdits par la B.B.C. qui était très restrictive et avait l'esprit très étroit.”

Mais ce n'était pas les disques interdits qui attiraient les auditeurs de Luxembourg, comme se souvient Terry Johnson :

"C'était seulement le fait que ce soit différent, et les gens apprenaient à écouter la station parce que nous étions différents”.

Fernand Le Grand décède en 1953. Son émetteur de Louvetot est utilisé comme relais du « Programme Parisien ». Désormais, il faut écouter Paris pour les auditeurs et les artistes régionaux doivent « monter » à Paris. Au début des années 60, l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française) tente à Rouen la diffusion pour la Normandie d’un journal parlé régional, mais les « décrochages » cesseront un an plus tard. En 1974, TDF la société chargée de gérer les émetteurs, décide d’interrompre le relais de France Inter via Louvetot. Sans émettre, les lampes de l’émetteur restent allumées. En effet, si l’on coupe la tension, l’humidité provoquerait des dégâts à la remise en route et l’émetteur deviendrait inutilisable. Pourquoi le conserver alors ? Un responsable de TDF Haute-Normandie confie officieusement qu’un vague projet de radio régionale pourrait utiliser la longueur d’onde (214 mètres). Bonne idée, mais qui restera malheureusement dans un tiroir, puisqu’en 1976, la station est livrée aux ferrailleurs. Le pylône est abattu, les lampes d'émission cassées. Le pasteur qui a racheté les locaux pour y accueillir des enfants handicapés témoigne : « J’étais présent quand ils ont démonté. Je savais en achetant cette bâtisse qu’elle était son histoire aussi je tenais à conserver quelques souvenirs comme des lampes provenant des armoires techniques. Des lampes gigantesques : 60 cm de haut. Nous avions caché deux de ces lampes. Le lendemain, nous avions vu les ouvriers les briser pour en prendre le cuivre. »

Au lendemain de la guerre, l'I.B.C., qui a tant produit pour Radio Normandie, le Poste Parisien et les autres stations à travers l'Europe ne plie pas boutique. Elle continue d’exploiter un studio d’enregistrement sous le nom de IBC Sound Recording Studios Ltd et produit des messages publicitaires. Mais ses fonctions dans la radio ne s'arrêtent pas toutes à la fois. Vingt-huit ans plus tard, en 1973, elle achète 13 % des parts investies dans les premières stations commerciales britanniques autorisées à l'échelon national : la London Broadcasting Company.
 

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IBC, the first pirate or the history of the first commercial radios across the Channel

Seen from the British side, the advent of offshore stations broadcasting from the 1960s in no way represents the birth of commercial radio across the Channel. From the 1930s, waves were coming from the continent from private transmitters such as the Poste Parisien, Radio Normandie or Radio Luxembourg on behalf of the IBC, the International Broadcasting Company, an organization already considered illegal by the very young BBC. The fascinating story tracing the birth of commercial radio in Europe is told here by the former disc jockeys or announcers of Radio Normandie, Alain Thompson.

Bob Danvers-Walker - known as “Uncle Bob” tells us about the first studios built in a barn and the phonographs used to play records sent from London. Roy Plomley explains how he got his job as an announcer on Radio Normandie before leaving for the Poste Parisien. The war in Europe sounded the death knell for private stations. The Nazis destroyed and confiscated the IBC transmitters and used Radio Luxembourg to broadcast their propaganda thanks to the traitor “Lord Haw-haw”, William Joyce whose infamous speeches attempted to demoralise British listeners. After the war, the commercial station of the early days, Radio Luxembourg, alone survived.

Alan Thompson: One might wonder how far back in time do we have to go to discover the origins of the radio programmes that surround us today? Commercial broadcasting in Europe existed long before it appeared in Britain, with the offshore stations of the 1960s.


You see, in the 1930s, thousands of people in Britain were tuning in to English language broadcasts directed to us from the continent by stations such as Le Poste Parisien, Radio Luxembourg and Radio Normandie. So, with Dave Howell, I am going to tell you the story of this period, with the testimony of many well-known personalities.


Let us recall just a few
(dozens!) years ago, the sung theme tune of a Radio Normandy programme:

"This is Radio Normandy calling you. Through the night, from the stage of the Alhambra Theatre in Bradford, it is Radio Normandy calling you..." or "This is Radio Luxembourg, on our new 208 metre wavelength, on the medium wave range. This programme brought to you each week by Huntley and Farmer's, biscuit and cake manufacturers, is pleased to present to you the evolution of music over the last ten years. We begin our series with a selection of music composed at the very time Huntley and Farmer's launched their factory 100 years ago. Remember, Huntley and Farmer's are synonymous with quality. We begin our concert with our theme tune: "Music through the ages..."


The earliest commercial programme seems to have been broadcast in 1925 by Radio-Paris, from the Eiffel Tower, on the initiative of an enterprising man named Captain Leonard Frank Plugge. The programme consisted of a talk show in English on fashion sponsored by Selfridge's, the famous Oxford Street department store. Unfortunately, the programme was not announced in advance, and only three people wrote to say they had heard it. Shortly afterwards, Captain L. Frank Plugge founded the International Broadcasting Company (I.B.C.), a company to exploit commercial broadcasting, which was banned in Britain, by buying airtime from private broadcasters abroad where the laws were more relaxed.

Two years later, Radio Hilversum, near Amsterdam, broadcast a concert to listeners in the United Kingdom, the first of a series sponsored by Kolster Brandes Ltd, a radio equipment manufacturer. As early as 1929, English-language broadcasts were being broadcast on Radio Toulouse. But it was in the 1930s that Europe experienced its greatest development of commercial radio.

In June 1931, Fernand Le Grand, the owner of Radio Normandie, went to London to see the first television tests using the Baird system. There he met Captain Plugge and the directors of the International Broadcasting Company (I.B.C.). At their request, on his return to Fécamp, Fernand Le Grand agreed to make a first night-time broadcast on his station, on Sunday 29 June from midnight to 1 a.m., so that the I.B.C. could take listening measurements. These were very satisfactory and the principle of a collaboration was developed.

On December 20, 1931, the French Radio-Magazine was surprised:

“We have been informed of curious tests by Radio Normandie on approximately 246 meters. These broadcasts made on December 13, from 10 p.m. to 1:30 a.m., very clear and well modulated, included a concert of English music offered by a London house and were heard in good conditions in Montpellier.”

This is the realization of Fernand Le Grand's agreements with the I.B.C. Radio Normandie thus becomes, at certain nighttime hours, an "English peripheral". The station located in Fécamp, was initially known until 1929 as Radio Fécamp before changing its name. It developed, during the year 1932, thanks to the new resources provided by the English broadcasts, on the one hand, and to the national publicity brought to it, for its French broadcasts, by the Publicis agency. Regional publicity, is collected by the sales department of Radio Normandie, whose management is entrusted to Mr. Auzillon.

Fernand Le Grand announces, on the one hand, that other decentralized studios will be created in other cities of the Seine Inférieure and that steps are taken with the public authorities to move the station, and to locate it outside any built-up area in a more central point of the region. The future station will have 5 to 25 kW antenna. The reason and origin of these projects will be understood when we note that the general meeting of the public limited company of Radio Normandie broadcasts proceeded, on March 21, 1931, to a capital increase subscribed, for the most part, by the International Broadcasting Company Limited. From one hundred thousand francs, the share capital increased to five hundred thousand francs. Two representatives of the IBC joined the board of directors: Mr. Albert-Edouard Leonard and Mr. Leonard-Franck Plugge, domiciled in London. Since November 1930, the station has completed its programs which have become daily, with the exception of one evening per week to allow listeners from Fécamp close to the transmitter to pick up other transmitters.

The first IBC broadcasts therefore began in 1931 on Radio Normandie during breaks in French broadcasts. The 25 kW transmitter (operating at 8 kW) was installed a stone's throw from the “La Bénédictine” distillery. It is heard on 269.5m throughout the south of England. Most of the programmes - fifteen-minute shows - are pre-recorded in London. No fewer than twenty-one British companies sponsor these light music and variety programmes. Advertising is banned across the Channel. They are cigarette companies, power stations, shipping companies, record companies, radio manufacturers, the film industry, car dealers and retailers. Money is flowing in. British companies spend £400,000 on advertising in 1935, and nearly £1,700,000 by 1938. There are also some live broadcasts.




English broadcasts, from 1 February 1932, took place on Saturdays and Sundays until 3 a.m. on 233 metres and, from the end of February on weekdays, from midnight to 1 a.m. The English team at the station was beginning to swell. The announcers from London were Bob Danvers Walker (known as “Uncle Bob”), his wife and E.J. Oestermann, who would soon be joined by John Sullivan, Ian Newman, D.J. Davies and H.V. Gee. The transmitter still had an official power of 500 watts, but new amplifier stages gave it, in reality, a power of 8 kW.


The year 1933 was a year of expansion for Radio Normandie. The station discreetly increased its power again, but the installation of its new pylons would trigger a new offensive by the Post Office. To replace his old guyed antenna masts that were shaken by the winter wind and eaten away by rust and sea spray, Fernand Le Grand ordered two 100-meter self-supporting tripod pylons from a Parisian metal construction firm, La “Construction Soudée”, which the technicians erected in March and April 1933. Not only did this work not go unnoticed - a section of road and a small Decauville railway had to be built to transport the elements, some of which weighed over a ton - but all the newspapers also published the photo (excellent promotion) of Francine Lemaitre, the station's French announcer, braving vertigo and climbing the 80 meters already erected of the first pylon.



In May, an anti-Radio Normandie campaign began in a number of newspapers. Le Haut-Parleur leads the dance by writing:

“The construction of new antenna towers for Radio Normandie in Fécamp has caused considerable emotion in Norman wireless circles. With Benedictine zeal, the station manager is trying to convince listeners that the power will not be increased. But he is careful not to specify the number of kilowatts currently used. To acknowledge the 16 kW that he prints on leaflets (editor’s note: the station’s advertising rates for England) is to admit fraud against the State. To declare a lower power is to admit fraud against advertising customers. And Mr. Le Grand cannot answer the protesting wireless users in the region who complain that Radio Normandie is preventing them from hearing other stations.”



For its part, a veritable program factory, the IBC provides broadcasts to nearly twenty different stations throughout Europe. In the mid-1930s, sponsored programmes were broadcast to the UK from France, Ulster, Holland, Spain and Luxembourg. In 1936, a newspaper report mentioned plans for other stations from Iceland, Ireland and even from ships anchored in international waters! No doubt the biggest effort was made by Radio Luxembourg and Radio Normandie.



Alan Thompson: “In the beginning, the IBC was just an office and a typist. Then there were two offices, three typists, two chart tables, cardboard boxes for filing listeners’ mail. By 1939, the IBC was occupying an office block and studio complex in Portland Place, London, near the BBC studios. Outside were the recording vans for the reports and the full-time staff numbered around 180.


Contrast across the Channel: you would be forgiven for thinking that Radio Normandie resided in majestic surroundings with marble everywhere. But it wasn’t quite like that, as Bob Danvers-Walker explains”:


Bob Danvers-Walker: “The studio was like that: it was a hayloft over a stable. A sloping roof, pale walls, with an old carpet, or bits of carpet that had been sun-baked. We were just below the big bell tower of the Benedictine, the famous liqueur factory. Below that was the room where the horses for the delivery carts used to be, but it had been converted by the French into a reception room for the delivery men and the secretaries. In the middle of the room was one of those ‘Blackjack’ stoves, if you know what I mean. It was a huge thing with a chimney going up to the roof, and every time you put coal in that stove there was no sound insulation, so every time you turned the mike on you turned the mike off. the clicking of the typewriters, and we also avoided pouring coal. Since the French liked to be noisy, we had to open the door and shout downstairs: "Quiet, please"; then we would turn on the microphone and make our announcements, especially when there was a major commercial. When that was over, we would start our records. Then we would say: "Go ahead", and they would pick up their typewriters or pour more coal on the fire."




Alan Thompson: "The presenters working at the station sometimes had to carry out their duties under great stress. Also, there were no electric record players or mixing desks. So how did they manage to make pre-recorded programmes? Well, first of all, the whole programme was contained on a single disc to be put gently on a phonograph. These were breakable records, at 78 rpm. During the broadcast time, we could be absent.


It was such a fantastic success that the whole of southern England was listening. People had got into the habit of tuning into Radio Normandie. They would turn the knobs on their radios, and despite the chatter, they would pick up stations from all over the continent. The better the radio, the further away they could get it. So when they heard these programmes in English, particularly when the BBC wasn’t working, they would tune in, it’s crazy, because we were presenting the kind of thing that Radio One and commercial radio do today: all the popular music from the beginning to the end of our broadcasting hours. Of course, we were expanding all the time. The empire was growing. During the nine years that this lasted until the war, I was responsible for the installation and the setting up of the commercial programme for nine different stations where, apart from Fécamp, There was Toulouse, a station in the south of France, the Poste Parisien in Paris, Radio Lyon, and then the Spanish network opened in 1933 or 34, just before the Spanish Civil War, where it was a difficult time. There was Radio Madrid, San Sebastian, Barcelona, ​​Valencia. I was responsible for all these quieter things, and by the time the war broke out, the IBC commercial network was extremely important. Naturally, we had entered the period of recorded programmes, produced by the company itself, and automatically, I led them to engage in the presentation of much more elaborate productions, recorded first on unbreakable acetate discs, and then, progressively on... Yes! films!!! On 35 mm film, because we had installed at Radio Normandie Western Electric cinema projectors like you would find in a cinema projection room, a wonderful thing, because the soundtrack was the only part of the film used, only the soundtrack, and the programs were recorded like that. The Overteenies (children's programs), the Melitta Stockings programs, and a lot of sponsors had their programs recorded on film and sent like that. We had to keep our cool, because we were not only announcers, we were also engineers, producers, we had to do the administrative work, do everything: work, eat, sleep, work, eat, sleep, that's all we did, not to mention replacing the announcers, who came there (to Fécamp) thinking they would only be announcers: they saw no enjoyment in it and most of the time ended up resigning.”








For French programs, a real news service was created and the morning news was given in a first broadcast at 7 a.m., while a final bulletin gave, from midnight to 12:15 a.m., the news from London in English and from 1 a.m. to 1:15 a.m., the news from Paris in French. A trailer was equipped with the “Le Ruban Sonore” system, using for recording, an electro-mechanical engraving process by diamond point on a 16 mm film made of opaque black cellulose acetate paper running at constant speed. For reproduction, the sound cinema reading process by photoelectric cell was used. This equipment would make it possible to resume, but this time on a delayed basis, the retransmission of the programs and concerts organized by the sections of the Association of Listeners of Radio Normandie.



The publication of the decree of December 26, 1933 was perhaps the death warrant of the Normandy station. He specified that from 15 January 1934, private broadcasting stations would have to comply with the provisions of the European Convention of Lucerne. Radio Normandie would now have to broadcast on a wavelength of 200 metres or have its authorisation withdrawn. However, the majority of receivers in operation were not calibrated to descend to this frequency of 1500 kHz. Radio Normandie would lose 80% of its audience. The cup was full. The day after the end-of-year celebrations, a delegation of deputies and senators from the Normandy region went to Paris to approach the new Minister of PTT who had succeeded Laurent-Eynac, Jean Mistler. They included Senator Charles d’Harcourt, deputies and former ministers Camille Blaisot and Georges Bureau, their colleagues Duschesne-Fournet, Joseph Laniel and Duke François d’Harcourt.

Jean Mistler agreed to reserve, on a provisional basis, the 206-metre wavelength available for Radio Normandie and promised that an increase in the transmitter power could be granted as well as the restoration of the PTT circuits. While waiting for the official texts, the Normandy station could continue its operation under the current conditions. Radio Normandie was saved. Its development and the extension of its listening would not cease until the war.


In 1935, the IBC formed a programme production unit with the aim of assisting a growing number of firms interested in using radio. Between 1935 and 1939, this production unit produced 5,000 programmes despite the growing competition from advertising agencies which had also launched into production. The first studios and offices were located at 11 Hallam Street, London W1, but the station soon took possession of No. 9 as well as 8 and 9 Duchess Street. By a strange irony of fate, the entire property was bought by the BBC for the extension of Broadcasting House.


Thanks to local support, the station founded in Fécamp in a radio club became the powerful Radio Normandie, which defied the offensives of the irascible director of the P.T.T. Marcel Pellenc. It continued to be both the major regional Normandy station and to develop its broadcasts to Great Britain, of which it was the “first peripheral”. Its presenter-founder, Fernand Le Grand, obtained authorization from Minister Georges Mandel to transfer his station from Fécamp to Caudebec-en-Caux, on the vast Louvetot plateau, by decree of August 7, 1935. On November 30 of the same year, the first stone of the new transmitter was officially laid, in the presence of Senator Thoumyre, President of the General Council, Sub-Prefect Rix and the Chief of Staff of Camille Blaisot, Under-Secretary of State to the Presidency of the Council. The Minister of P.T.T. delegated its director, Inspector General of Broadcasting, Marcel Pellenc, who will chair the lunch bringing together all the personalities present. Former “bête noire” of private radios, whose point of view the minister has managed to change, Marcel Pellenc has the humor to end his speech thus:

“... And I will allow myself to point out to you that this is perhaps for wireless operators, the opportunity to mark with a particularly grateful sign to Mr. Mandel, this fact that, for the first time that I sit at the table of a private station, we take note of a close fruitful collaboration which will benefit the radio, within our borders, and the extension of French art abroad.”


The ever-increasing expansion of the IBC in Europe did not go unnoticed by the BBC, which, incidentally, had been broadcasting in England since the early 1920s. Foreign broadcasts, mainly on Sundays, proved more popular than the BBC's own, which were considered to be dull and unimaginative. At one point, the BBC asked the Post Office not to give any advantages to stations it considered to be pirates (editor's note: an old habit!), and efforts were made to ban them. When Radio Luxembourg began broadcasting on long waves, on a wavelength not recognised by the Prague Plan of 1929, the Post Office's representation at the International Telecommunications Union complained about Luxembourg's use of a frequency not authorised, which had no effect since Luxembourg was not a member of the ITU. However, Radio Normandie was broadcasting at that time on its authorised channel - 212 metres. The Post Office asked the French and Luxembourg governments to ban commercial broadcasts of this nature. This was to no avail. (editor's note: blessed times?) Attempts to pass resolutions at international broadcasting conferences making all broadcasts to the United Kingdom illegal also failed.



The only way to interfere with broadcasts was to refuse telephone links intended to relay programmes from Britain to transmitters on the continent.

In 1937, the IBC moved en bloc to 37 Portland Place. The new premises covered five floors and had a floor area of ​​10,000 square metres.

Alan Thompson: "The new medium had attracted a considerable number of artists from the world of theatre and variety, names which appeared in the choice of sponsors of the time. Roy Plomley, who had become famous at the BBC, came to Radio Normandie one day”:

Roy Plomley: “I met the boss, the managing director Richard Maire, a very good radio man indeed, he listened to me, and we talked about commercial radio and its problems, which naturally interested me, and he confessed that one of them was that there were only four Englishmen in this little community, this little fishing port in the North of France, Fécamp. And in the winter things got gloomy: there was no English colony, they were left to deal with the temperament and drinking problems of the crew.”


- “Well, here I am, because I don’t want to be out of work all the time like most young actors, who waste all their time,” and he said, “All right, you’ll audition.” So I went back a little later to the U.P.C. studios, the I.B.C. production unit in Kilborn High Road. It was a studio that had been used by a record company that had gone out of business. I found that there were three other people waiting to audition. I thought I had no chance of getting the job. There was a young actor there, still acting, named Peter Bennett, and a man who said he was the Paris representative for Punch (a satirical newspaper), I can’t understand why Punch needed a Paris representative, and a third man whose name I forget who had a recording studio in London. I went into the studio in turn, they gave me something to read and I had to make announcements. Tom Ronald, a former BBC variety producer who had been at Radio Normandie for years, came out of the control room and thanked me. To which I replied, "Thank you very much." I went home, and got a phone call: "Why didn't you wait?" They wanted to see me to do another voice test for the bosses. Alas, the next day the recording system was broken, and they sent me to the Baker Street studio, where I got the job, and set off for Fécamp, envied by all my actor friends. I didn't have a permanent job, but I had a month's work guaranteed, it wasn't so bad, I had security."







Alan Thompson: "That month of security turned into several years. It wasn't long after he had set foot in Fécamp for Radio Normandie that he was called to set up the Poste-Parisien station in Paris":


Roy Plomley: "I was on my own and had an office on the Champs Elysees. I had an expense allowance, and apart from Sundays, when I had to work very hard, I had only one half-hour show a day on the Poste Parisien, in the evening from 10:30 to 11 p.m., or I was playing records in the studio, or I was transmitting a cabaret show from a Paris nightclub, a very pleasant job that I still wish I had now. But of course I was ambitious and after six months they suggested that I come back to London as a producer of programmes for Radio Normandie, Le Poste Parisien, and occasionally Radio Luxembourg as well, although these stations were independent.”



Alan Thompson: “Times may change, but problems, especially problems that were more than ten years old, do not. Up until 1937, Radio Normandie used a frequency of 269 metres on the medium wave band. Unfortunately, this wavelength was plagued by interference, so it was decided to change to a clearer channel. Radio Normandie changed to 274 metres. Then the reception became stronger and clearer. They were now using a transmitter with a power of about 150 kilowatts. By 1937, commercial radio had reached its peak. The popularity of the IBC transmitters was such that a news magazine “Radio Pictorial”, the radio magazine for the whole family, was published from 1933 to 1939, giving details of the programmes of each IBC station, for Europe, and this cost 2p (later 3p, inflation is nothing new). Details of the records being played were provided to readers. A survey carried out by advertising agencies in 1938 revealed that the level of listening to foreign stations was at its highest on Sundays. For some stations the number of listeners was estimated in the millions. The survey also showed that the cumulative listening to foreign stations was equal to that of the BBC broadcasts.”




In the late 1930s, the IBC concentrated all its efforts on Radio Normandy. The company had three reporting vans painted black with the words “Radio Normandy 274 metres” on each side. The vehicles were a major contributory factor to the success of the outside broadcasts. They travelled up and down the coast to record concerts offered during the summer months. The travelling ‘road show’ recorded local artists in places as far away as Edinburgh and Penzance. Reginald Foort was followed on his tour by the portable ‘mammoth’ organ. Electricity was often supplied by farms and cables were strung across the fields of Gloucestershire to pick up the call of the very rare marsh warbler. The IBC prided itself on both its equipment and its experience.


Radio Normandie is probably the station of the stars. Many personalities whose name means nothing today but in the thirties are equivalent to Bill Haley, the Rolling Stones, Tina Turner or Maria Carey of our decades. The International Broadcasting Club created in 1932 brings together nearly 320,000 members in 1939. Membership is free.

Alan Thompson: "One of the children's programs is "Uncle Bengee", presented by Bennett Mac Nabb. His popular variety show captivates young listeners each week with the stories of everyone's favorite mean girl: Flossie. She tells her stories of trips to Hollywood, which are, of course, completely fabricated".


- "And now, ladies and gentlemen, the Théâtre de l'Odéon is pleased to introduce Bennett Mac Nabb, more commonly known to Radio Normandie listeners as Uncle Bengee. Well, Uncle Bengee, after leaving the station a few months ago, took a plane trip to Hollywood, and now he's back to give you his personal impressions of this fascinating city.



- Good morning, everyone. It's great to be back and talking to you again. And I don't want to tell you all the news about Hollywood, because I'm sure you know it all by heart. But there is one subject that is close to my heart. You'll hear about Greta Garbo and the number of young girls Clark Gable fell in love with. But no one has ever mentioned the most important event in the Hollywood fraternity, I mean the big city where Flossie and I went for you. You know, I rather think Flossie would have made a good movie star. She is very keen on... what's that child's name? Shirley Temple!



- Oh, yes, I am very keen on Shirley Temple too.


- In fact, I saw her working on a new film the other day..."

“Bennett Mac Nebb was also an announcer for the station in his day. During the broadcasts, we would make the station's commercial announcements and get ready to play the first side of a record. The 16-inch records were 35 minutes long per side. So one day we thought we had been doing this stupid thing for too long, and this time we would put the needle on the record, and go down to the little café on the corner and have a beer or a coffee. We checked our watches so that we would be back in time to turn the record over, and as we went up the stairs, we heard a little noise repeating itself. It said: "Stop, don't shoot!... Stop, don't shoot... Stop, don't shoot!... We rushed over, the record was still on side one, and the groove was scratched, so we quickly stopped the sound, turned the record over and put on side two, because we didn't have much time left, as if nothing had happened. Nobody gets involved in something that's not right!




A lot of variety shows were recorded live while travelling around the country. For this, the I.B.C. did outside broadcasts or O.B.s (Outside Broadcast) and had three orchestras, for the purposes of recording. Roy Plomley was also assigned to this task”:


Roy Plomley: "I became the O.B. man. We had a lot of outside broadcasts. This was a development that came about 1937, when we had our first I.B.C. truck for outside, very heavy, with a lot of equipment in it, the equivalent of what you can do with a small tape recorder now, and then we had a more sophisticated one. These trucks were jacked up, out in the driveway, and we would record. In the cinemas we would record cinema organ concerts with musicians and soloists and we had to record variety programmes specially staged in the cinemas. We had our own travelling show on the air, a tourist revue "Radio Normandy calling". I supervised all of this and I had to judge the amateur talent contests on Thursday nights, and then record a half-hour programme. On Fridays there was a special programme with Allan Bradford. We went all over the country, not forgetting the Midlands on some days, where of course they couldn't get Radio Normandie because Radio Normandie covered the prosperous south where there were billboards. And the reception was great in the south, it wasn't bad in the north, but it was terrible in the Midlands; we'd play, we'd look at the billboards, and we'd say that's what Radio Normandie was. Some of the variety shows we recorded weren't specially staged for radio, and as a result a lot of the numbers were visual. So how did you get over that? Radio is a blind medium and it's a radioman's job to make things come alive, to add a new dimension to it, another dimension, to make it visual. So that was a big part of it (there may not be enough of it now), but we had to describe the clothes the actors were wearing, and of course if you were describing a theatre show you had to describe the colours of the props and the costumes and give as good a picture as you could of what you were describing.”








Alan Thompson: “It gave the impression that people were having a good time, but was it that good?”

Roy Plomley: - “Oh, there was a lot of atmosphere, because it was a small team. Because you did everything yourself you were much more creative. There was no one telling you what to do. At Radio Normandie, for example, you turned on the transmitter, pressed all the buttons, got on the microphone and everything else. We lived separately from the French. Outside of business, they were across the street, and there were just the four of us doing the whole thing. Seventy-four hours of what you call a week with only one or two of us working at a time, we were on our own, doing our own little work, our own repairs, playing our own records which we took off the shelves and put back, chatting if we liked. As for the technical side, we talked about it, it was a very complicated thing. We had this control desk, with six platters above it, and some of the things about it were a bit complicated. For example, when you were doing a sponsored production which was bringing in a lot of money in terms of the programme, the bosses wanted us to do it right. You could, for example, when one platter finished, put the second platter in with a programme recorded entirely in London; when that one finished in turn, you had to change the needle, not a sapphire stylus like today: a needle. We had to keep changing the needle, then you had to do the station identification: "This is Radio Normandie, broadcasting on the wavelength of... as it was at the time. Having given the station call sign consisting of the four notes struck on the little xylophone on the control table, you then gave the time signal, which was a bit approximate: you struck a gong while giving the time on a clock hanging on the wall, which was not a very accurate clock. You then rushed to the next record, an orchestrated piece announcing the next programme. We then had to "bypass" this slowly and gradually move on to the dialogue recorded in London, and depending on this dialogue which announced the next song, we had to prepare to play this record. While this one was playing, we removed the previous one which was now finished and put the third one on while waiting for the next one. Sometimes we only used excerpts which had to be put on and taken off according to chalk marks. Also, one should not lose one's head. But if the station's "speaker-technician" was not in good shape, then there were mistakes”.






Alan Thompson: “The announcer was very popular, as Bob Danvers-Walker explains”:

Bob Danvers-Walker: “When it was recorded, you had to get the whole orchestra and the soloist into the studio to prepare a serious programme, put all the announcements for the sections and of course all the commercial part in between the different numbers of the programme. All of this had to go on the record. Also, everything had to be perfect. You couldn’t stop talking and then go away. You literally had to own the whole thing from the beginning, and not start over. You had to be prepared, especially right at the end, to say, "This programme has been brought to you by D.D.D. (this is a brand name that still exists. It's a facial lotion for spots and acne). If you said "uh" and missed the announcement, you had to start all over again and start over with, for example, "In the Gardens of a Monastery" and all the rest of the programme."


Alan Thompson: "I.B.C. not only produced programmes of a purely musical nature, but also produced magazine programmes in London for their Radio Normandie programmes. Radio Luxembourg also broadcast I.B.C. programmes, but in the late 1930s they set up their own organisation in London. The Sunday programmes on Radio Luxembourg featured the evening concerts live from Philips, presented by Christopher Owens, who had previously been one of the first evening disc jockeys on the BBC. Then there was the Window concert, and let's not forget the Bilebeans, which was actually a recent dance music program. The slogan was something like: "She can lose weight and stay fit: now she sleeps every night with doses of Bilebeans", and it is absolutely true!


“A listener writes me this: Dear Allan, I have the record you sang "Love will fade away". I play it often, but, although you sing it so sweetly, it makes me so sad! You see the words make me look in the mirror, and I wish I was so much more attractive! My hair looks dull and... Wait a minute, this is one of your letters that Tom Gregory is going to answer too”:


- “Okay, I know the right answer. In fact, I have already given it on this program. Let me advise this listener and all others to write to receive three Snowfar samples: the Snowfar colored wave set. There is a package ready to be mailed to you. Write and tell us what shade you want: natural, blonde, auburn or brunette. It will make dull hair look beautiful again. It will make your curls and waves easier to style, more natural looking and longer lasting. Let me remind you of the address: Snowfar, Hampshire Limited 22, Derby. Enclose a stamp for the postage and you will receive the Snowfar tinted waves set, which will give you back the natural shine of your hair.”.



The whole of 1936 was devoted to the fitting out of the new studios of Radio Normandie, in the delightful Caudebec castle in a loop on the banks of the Seine, the current town hall of Caudebec-en-Caux, while a few kilometres away, on the Louvetot plateau (30 km south of Fécamp) stands the Norman manor house which will house the machines and staff of the new more powerful transmitter. As this transfer was facilitated at the P.T.T. by a young 25-year-old cabinet attaché, Max Brusset, who knows how to negotiate his real or supposed influence, Fernand Le Grand will hire him when the advent of the Popular Front puts the young man out of work. Brusset becomes general delegate of the post in Paris. It is he who will go along with Paris-Soir so that this newspaper will provide the news broadcasts of Radio Normandie. Ambitious and devious, Brusset will, without Fernand Le Grand's knowledge, get in touch with Mr. G. Shanks, administrator of the I.B.C., to try to install another English ring road. The agreement thus formed has, with various backers, a sum of 10 million to set up the operation. In 1937, Max Brusset creates the Société informations et transmissions (S.I.T.). As managing director of this company, he will buy a significant share of the shares of Radio-Méditerranée and come to an agreement with its general manager Pierre de Présalé to transfer the station to the North.


When Fernand Le Grand of Radio Normandie learned of the maneuvers of his Parisian delegate, he cried treason and immediately dismissed him. Brusset, reserving the right to make him pay for this break, accelerated things. He had found a favorable site to install the large commercial station that he dreamed of with his English friends: the castle of Epone-Mézières in Seine-et-Oise. Behind the scenes, Brusset acquired another 3,600 shares of Radio-Méditerranée in December 1938, thanks to an advance of some 3 million francs from the IBC. He thus controlled the majority of the capital of this company. Brusset's projects therefore seemed to be on the right track.

But political events were moving quickly in Europe, and were to give Brusset the opportunity to kill two birds with one stone: set up the new transmitter that he wanted and make Fernand Le Grand pay for his ouster from Radio Normandie. Five days after the declaration of war, on September 8, 1939, Radio Normandie, alone among the 12 private French stations, was requisitioned for the needs of national defense. The S.I.T., on behalf of the Société du Château d’Epône, bought the Fécamp transmitter that had been unused since the Louvetot transmitter was put into operation a few months earlier. Fernand Le Grand, of course, blames Brusset for the requisition of his station. He said this vehemently during a meeting of the federation of private stations on September 12, 1939, where Brusset swore by all gods that he had never taken any direct or indirect steps to request or hasten this requisition, which he only personally learned of when it was effective and official, and to which he was and remains categorically opposed. The problem is that a letter dated 19 December 1939, addressed by Mr Shanks of the International Broadcasting Co to Brusset, seems to prove that the whole operation was well premeditated if we judge by this extract: ...The agreement which has just been exchanged between the I.B.C. company which I represent, and yourself, for the start-up of the Fécamp station, owned by the S.I.T. company, needs to be specified in the form of a letter of agreement as far as your interests are concerned. (...) It goes without saying that if, after the hostilities, the broadcasts from the Fécamp station were to be maintained and if they had, like the other private stations, a commercial character, a new special arrangement would be made between us, the present agreements constituting a minimum of departure”.

Alan Thompson: “Towards the end of the 1930s, Radio Luxembourg produced all its own broadcasts and broke with the I.B.C. Luxembourg starts with the hugely successful show "The Overteenies" (over 10s). The Overteenies are certainly the most popular radio group, probably because they are aimed at children, but more on that later. Making a commercial programme also poses some problems, mainly with the live shows. The more "adventurous" ones are pre-recorded on these rather inconvenient discs. Usually the agency or company handling the advertising accounts would draw actors and actresses from their ranks to play the required roles, Natt Harry who had been an actress before told us:


Natt Harry: "I was Maggy, that's right, I was Maggy in the canteen, making tea and all that for the workers, and for that I would have to be a real cockney. The other actress was Mary O'Farrell, she was Nurse Johnson, and I was her sister. The subject of most of the programme was my two children, who were just constipated. We all suggested different things.


What was the name of the programme? I can't remember now, but with that subject we couldn't do much without bursting into fits of laughter, so we recorded it all. How we laughed."



Alan Thompson: "Laughter was the key, and not only laughter, but popular music, Cherry Chatton. The popular music of commercial radio could not distract the general public from all that was happening in Europe at the time. Some people were preaching a different message in the form of revolution, violence, fanaticism, hatred and war.


Hitler had set up a Ministry of Propaganda. Goebels did not appeal to the French or the British. Radio Normandie, later called Radio International, provided a counter-attack to this political propaganda.


When war was declared on 3rd September 1939, the BBC closed all its national and regional channels and replaced them with a simple “BBC Home Service” consisting of news, records and theatre performances. All staff and equipment had emigrated to Colston Hall in Bristol. A few weeks later a “Forces Programme” appeared which became “Light” and today “Radio Two”.


Thursday, September 7, 1939, is the last day of broadcasting for Radio Normandie from Louvetot.

But at the end of September, IBC broadcasts resume in English from the old transmitter in Fécamp, now owned by S.I.T.

The station announces itself as Radio International Fécamp. Light music and dance records are played until 7:15 p.m. Every quarter of an hour, the carillon of Radio Normandie sounds, followed by an announcement in English:

“This is the international radio station, soon you will hear a new service on our airwaves”.

The announcer is neither Roy Plomley nor Bob Danvers-Walker, but perhaps David Davis. The orchestral piece “Keep the home fires burning” is used as the end theme. The programme production company, Universal Programmes Corporation located opposite the BBC entrance, 37 Portland Place in London, was unable to supply recorded programmes and deliver them to the Caudebec studios via Thomas Cook. So the IBC bought a large quantity of programmes direct from the United States. Bob Danvers-Walker was appointed chief announcer and newsreader. Each evening at 7:00 p.m., after the Havas news bulletin, the station closed with the new orchestrated call sign instead of the “La Marseillaise” usually used by the French. During this time, a few posters appeared in grocery stores in Brighton and towns on the south coast to promote the station’s programmes. On the air, there was no advertising during this early period of war, except for the product quote at the beginning and end of the programme, probably added live on the microphone.


Alan Thompson: “It was the beginning of the end for commercial radio in Europe...”

It was ultimately Hitler who succeeded in closing down the private stations. As the timing was not right to launch an advertising station, Brusset’s Fécamp transmitter was to be used, under the aegis of the General Information Commissariat of the Ministry of Foreign Affairs, for French propaganda in a foreign language. The second act of the play imagined by Brusset consisted of transferring, for technical reasons of military security, the 10 kW transmitter from Fécamp to Epône. The power was considerably increased by the addition of specially ordered Thomson-Houston equipment and the name of the station: Radio-International-Fécamp was changed to Radio-International-Epône. At this point, the leaders of the federation of private stations began to seriously ask themselves questions. To calm them down, Brusset wrote a long letter on March 9, 1940, to Jacques Trémoulet, vice-president of the federation, in which he forbade anyone to doubt his word and in which he specified: the installation of the station in Epône, in the Paris region, would be carried out in agreement and on the orders of the government for the purpose of general interest and French propaganda that it was not up to anyone to discuss. This station would not broadcast in French at any time and would not make any French commercial advertising. It was intended solely for broadcasts in foreign languages. Very cleverly, Brusset only spoke of French advertising... he was not lying for a second since if the transmitter could become commercial after the hostilities, it would be intended for English advertising.

The arrival of the Germans in June 1940 sounded the death knell for these fine hopes. They would complete the installations in Epône to make it Radio-Calais (?) broadcasting to England. As for the Louvetot transmitter of Radio Normandie, it comes under the control of the Propaganda Abteilung and will become part (after increasing its power to 60 kilowatts) of the Radio-Paris channel.

Bob Danvers-Walker: "It was almost death, now, a kind of death for Radio Normandie, or Radio International, because I had been given the job of giving some nice, solid answers to Dr Goebels, the nutsy Minister of Propaganda, and Lord Hawhaw, who was working there. They were throwing out all this propaganda, and I was to do the same thing in counter-attack against them. And it was very successful, which might be measured by the fact that the German air force came, because they used to line up so they could get a right of way, it seems incredible, and they used cross-marks between Radio Normandie, Radio Calais and the BBC on one of its wavelengths, and they sort of triangulated where they were, this is absolutely true, to plant magnetic mines in the port of Le Havre, and so the French quickly understood how these particular stations were helping the Germans in their war efforts, and they decided to close them. That was the end of them. Just after the war and the liberation of Paris, I heard that the Gestapo had come to Fécamp. I was in the north of France at that time, on the Maginot Line as a war correspondent, and they had my whole file, my whole history, my family history, because it had been provided when I started my first job. There was a “Fifth Column” operating in Fécamp at that time, so my whole file and my past history was known to the Germans. Of course, they had recordings of me hitting their Herr Doktor Goebels and asking, “Where is this man?” because they had captured one of my leading engineers, who had told these Fifth Column people, “This man has a wife and children left behind in Fécamp...”

I am glad we won the war.”







Alan Thompson: “So did we! But it was 1939, and the war clouds gathering in Europe burst in the most violent storm that had ever been seen. The last breaths of Radio Normandie and the IBC were probably heard in the spring of 1940. At that time, a Parisian radio station broadcast a quarter-hour programme in English on a Sunday afternoon. After the call sign “La Madelon”, the anonymous announcer said “This is Poste Parisien. In conjunction with Radio International, we present to you “Le quart d’heure du Tommy”. Then four or five records were played in succession, without advertising. Le Poste Parisien and all the other French commercial stations were scuttled by the military defeat. Only Radio Paris under German control replaced them”.


Alan Thompson: “The horror of war was brought home to the British people for the second time in less than twenty-five years. Across the Channel, the Nazis destroyed or confiscated the radio equipment, and the IBC broadcasting stations were never heard again. The Germans found a use for Radio Luxembourg's transmitters, but it was not the sweet voices of children with the half-hour "Overteenies": announcements and a darker message, with an equally dark commentator:



"Germany calls you... Germany calls you... Germany calls you... This is the Bremen stations, and DXB on the 31-metre band. You will hear our news in English. The New York Times reports that the British cruiser X... has been so badly damaged by Admiral Graf Spee's artillery that it is impossible to make the ship seaworthy again. As some of the X...'s guns are still in working order, the local Admiralty evidently intends to use the wreck as an additional shore battery at Port Stanley."



"William Joyce, an Irish-American, whom the Daily Express called Lord Hawhaw, said that the German people had it in them the spark of life. Spark or no spark, his propaganda certainly fired up British listeners. But most people found it all highly amusing, when Hawhaw talked about the Ministry of Police and disinformation. Joyce was undoubtedly Goebels' pride and joy, but after the war he was hanged, to his great regret, for treason.


When Germany was in the throes of total defeat, Joyce made his famous farewell speech, shortly after 5 o'clock one spring afternoon: "And I say to you in these last words, you may never hear from me again. I say Es lebe Deutschland!"


And that was the last thing we heard of William Joyce.


The war years had seen vast changes in broadcasting at home and abroad. The BBC had established its World Service, which continues in full force today to the four corners of the earth. But it was the "Home and Forces" program that launched these famous variety programs that were compulsory to listen to in shelters every night."


With peace having returned to Europe in 1945, no IBC station reappeared after the war. In France, General de Gaulle opposed the return of private stations, perhaps to thank and reassure the BBC! The State declared itself the owner of the airwaves and the only one authorized to allow audio-visual communications. The death knell tolled for private radio, destroying many hopes. Following the Teitgen decree, the transmitters were nationalized without any compensation. One can easily imagine the despair and disgust that people like Fernand Le Grand must have felt.

At the liberation, in the small world of private radio in France, the purge also caused havoc that often owed less to political morality than to business rivalries. Thus, following a denunciation by the perfidious Brusset, his associate at Radio-Méditerranée, Pierre Le Roy de Présalé, and his former boss and friend at Radio Normandie, Fernand Le Grand, were charged with intelligence with the enemy and imprisoned in February 1945. On March 9, 1946, the deputy government commissioner concluded that the arrest warrants issued against these accused should be lifted and the case closed, which, for him, boiled down to a quarrel of interests rather than a problem of collaboration. But Brusset, an opportunist, insisted and additional information was ordered. Another government commissioner was put in charge of this. His indictment of 29 November 1948 confirmed the conclusions of his predecessor and ended with this disillusioned sentence that speaks volumes:

“... It is useless to continue examining the documents that could concern Brusset... since he is not charged”.


Alan Thompson: “In 1946, Radio Luxembourg, having regained its independence, resumed its broadcasts in French and later in German and English, but advertising revenues were very slow to return. Radio Luxembourg had been the source of prosperity for pre-war commercial radio, but how could it win back its listeners? In a way, by reviving the league of the “overteenies”:


“We are the over-tennies, little girls and little boys. Make your requests, we will not refuse. We are here only to amuse you. Would you like a song or a story? Would you like to share our joys? And about games and sports we are more than passionate. You could not see children more passionate because we are the over-tennies, we are happy girls and boys”.




Alan Thompson: “Radio Luxembourg still offers at this time an alternative to the old broadcasts. But let’s be fair to the BBC. She built the "Light programme" (light music programme) and the more original "Home Service". Later came the "Third programme". For its part, Radio Luxembourg hosted music concerts, melodramas and adventure series. During the 1930s, Radio Normandie had produced its own inter-city competitions by recording various variety shows here and there in the country. The games that had almost disappeared in this country began to flourish. The two most famous on the airwaves were: "Faites votre choix" (Make your choice), with Mike O'M. and "Double your money" (Quitte ou double) with U.E. Green. Green comes from Canada, although he was born in Great Britain. He doubles your money up to a maximum of 32 pounds. Naturally, 32 pounds, a fairly large sum according to their way of seeing things, is worth much more in Paris or England. But the most adventurous participants can win up to 1,000 pounds. The charitable Mr. Green helps candidates with the answers to 3 pounds. After that, you are on your own. However, if you win 8 pounds, that at least pays for your taxi home.



Radio Luxembourg presents itself as the perfect platform for a young dramatic artist, having been lucky enough to become the first English announcer to live there, to see that it is a chance to further his musical career. His name is Terry Johnson”:


Terry Johnson: “Well, I found it very exciting, because we were doing something that was really then completely new, that seemed new at the time, because the kinds of programmes that I presented at Radio Luxembourg were very free. You could, for example, play records that had been banned by the B.B.C. which was very restrictive and very narrow-minded.”


But it was not the banned records that attracted Luxembourg listeners, as Terry Johnson recalls:


“It was just the fact that it was different, and people learned to listen to the station because we were different.”

Fernand Le Grand died in 1953. His Louvetot transmitter was used as a relay for the "Programme Parisien". From then on, listeners had to listen to Paris and regional artists had to "go up" to Paris. At the beginning of the 1960s, ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française) attempted to broadcast a regional talk show for Normandy in Rouen, but the "dropouts" would stop a year later. In 1974, TDF, the company responsible for managing the transmitters, decided to interrupt the relay of France Inter via Louvetot. Without broadcasting, the transmitter lamps remained lit. Indeed, if the power was cut, the humidity would cause damage when restarting and the transmitter would become unusable. Why keep it then? A manager of TDF Haute-Normandie unofficially confided that a vague regional radio project could use the wavelength (214 meters). A good idea, but unfortunately it would remain in a drawer, since in 1976, the station was handed over to scrap metal dealers. The pylon was knocked down, the broadcast lamps broken. The pastor who bought the premises to accommodate disabled children testified: "I was there when they dismantled it. I knew when I bought this building what its history was, so I wanted to keep some souvenirs like lamps from the technical cabinets. Gigantic lamps: 60 cm high. We had hidden two of these lamps. The next day, we saw the workers break them to take the copper."



In the aftermath of the war, the I.B.C., which produced so much for Radio Normandie, the Poste Parisien and other stations across Europe, did not fold up shop. She continued to operate a recording studio under the name IBC Sound Recording Studios Ltd and produced commercials. But her radio duties did not all end at once. Twenty-eight years later, in 1973, she bought a 13% stake in Britain's first nationally licensed commercial stations: the London Broadcasting Company.

D'après le documentaire "Searching the ether" d'Alan Thompson (voir chapitre "Documents sonores") -
Traduction de l'anglais : Pierre Pottier
Autres sources : "Histoire de la Radio en France" de René Duval (Eds Moreau) ; "Radios privées, radios pirates" de Franck Ténot (Eds Denoël) cf chapitre
Livres ; archives de France Radio Club





Le Progrès de Fécamp - Samedi 18 octobre 2003




 


 
Offshore Echos Magazine - (janvier 2004)


OEM, le magazine de la radio libre était de passage à la Villa Vincelli 



Où se cachent nos fantômes ?

Ce week-end d’octobre 2003, dans le Progrès de Fécamp - cf l'art. ci-dessus 18.10.2003 - outre une demi-page de rétrospective sur l’ancienne Radio Normandie, un article annonce une exposition de cartes postales anciennes sur la ville, le port de pêche, etc, durant une quinzaine de jours, dans la Villa Vincelli. L’intérêt est de taille car l’évocation du nom de Radio Normandie est devenue tellement rare de nos jours. En effet, bien peu de fécampois se souviennent de l’histoire de leur ville et ignorent que le mot “Fécamp” était autant renommé que “Droitwich”, “Luxembourg” ou bien “Daventry”, il y a plus de soixante ans. On parlait de Fécamp jusqu’à Boston et même au Japon, selon la légende. Hélas, de nos jours, même le site officiel de la ville, sur internet, ignore cette référence au passé. 

Toujours en quête de documents et de photos inédites d’émetteurs rétros, je suis donc allé dans cette fameuse villa, un endroit mythique, transformé aujourd'hui en galerie d'exposition, d'où étaient parties les premières émissions lorsqu’il s’agissait encore de la demeure de Monsieur Le Grand (1). 

Cette maison de style normand du XIXe siècle, est située dans la même rue, face au Palais de la Bénédictine. Derrière, au fond du jardinet, une dépendance en briques rejoint la rue Georges Cuvier. Je crois reconnaître l’ancienne maison d'où partaient les émissions anglaises de Radio Normandie (de 1931 à 1938). 

L’intérieur de la villa correspond bien à ce que j’imaginais : on change vraiment d’époque. Le décor devient Renaissance du fait sans doute de la proximité du Palais Bénédictine construit dans le même style. Des réceptions mondaines se déroulaient jadis dans ces salons au parquet verni, aux murs de lambris avec moulures sculptées, un plafond très haut, décoré en “caissons” comme dans les châteaux, des lustres imposants... Je m’approche de la cheminée massive ornée d’une salamandre, emblème de François 1
er. La cheminée est celle que l’on voit sur les gravures et devant laquelle les speakers et musiciens se tenaient rassemblés autour du micro. 

Mais la plupart des visiteurs aujourd'hui ne sont pas là pour admirer les meubles. Parmi les cartes postales proposées à leurs regards sur les panneaux d’exposition, des vues classiques de Fécamp du début de siècle dernier montrent les rues, le port de pêche et les chalutiers déchargeant la morue... Dans une alcôve enfin, une dizaine de photos en liaison avec la radio sont présentées.
(les mêmes que les nôtres - ndw). Aucune vue inédite donc. Dans la pièce contiguë, quelques vieux récepteurs, un phonographe et son énorme pavillon sont présentés. Ils appartiennent à un club de... cibistes (!) fécampois, organisateurs semble-t-il de l’exposition. 

Au moment de repartir, je me présente aux personnes de l’accueil. Je les informe de l’existence de notre site internet sur Radio Normandie et que nous sommes à la recherche de tout ce qui concerne le passé "radiophonique" de cette maison durant cette période. Bien que reconnaissant ignorer l’historique des lieux, la personne note aimablement mes coordonnées et promet de demander au(x) responsable(s) de l’expo de me rappeler. 
Pas de nouvelles évidemment... 

A ce moment, j'ai eu l'étrange impression d'être considéré comme un “Hibernatus” venant de débarquer d'une autre époque devant des gens stupéfiés qui ignorent tout ce qui s'est passé ici. C'est dingue. Peut-être la nuit dans le grand salon, seuls des fantômes rôdent ici avec leurs micros, leurs gramophones et se souviennent !!! Mais là, ne comptez pas sur moi pour retourner les interroger ! 

JC. Dumenil
  (p/ www.offshoreechos.fr )

(1) M. Fernand Le Grand, outre sa passion pour la TSF, était le PDG de la Distillerie Bénédictine, à l’époque l’une des plus importantes sociétés de Fécamp.







OEM n° 142 - Le magazine des radios libres (décembre 2005)




 


  
     

 






Le Progrès de Fécamp (18 novembre 2006)





 








80ansLe Courrier Cauchois (18 novembre 2006)




 

                                                6 décembre 2007

                                  https://www.generation-nt.com/reponses/emetteur-en-om-entraide-2586171.html


Au hasard du net, nous sommes tombés sur ce forum très intéressant "d'amateurs de radio enthousiastes" dont nous reproduisons ci-dessous quelques échanges où l'on parle évidemment de Radio Normandie :

F4MBZ

06/12/2007 à 23.06

(...) 1602 kHz a été pendant de nombreuses années la fréquence de Radio Normandie.

Cordialement
Jean-Jacques F4MBZ



F1TAY

07/12/2007 à 17:15

Bonjour,
A ma connaissance Radio Normandie émettait sur 269,5 mètres soit sauf erreur 1113 kHz. C'est en tout cas ce qui est indiqué,
par exemple et au hasard, dans le numéro du 3 avril 1936 de l'hebdomadaire "Mon Programme". Il est même indiqué la puissance 5 kW.
Daniel



F4MBZ

07/12/2007 à 17:46

Salut Daniel,
Tu parles de Radio Normandie (Haute-Normandie, studio à Fécamp de mémoire). La fréquence (1602) indiquée était, il y a longtemps, la fréquence de Radio Basse-Normandie (dixit les papiers officiels reçus par F4CMC). Si tu veux je te donnerai les références précises.
Bien cordialement
Jean-Jacques F4MBZ



Pierre CHABOT

07/12/2007 à 20:06

"f4mbz" a écrit :

"1602 kHz a été pendant de nombreuses années la fréquence de Radio Normandie"

Il doit y avoir une erreur quelque part. Je me permets de rappeler que jusqu'à la Conférence internationale de Copenhague 1948 (effet en 1951), la bande allouée à la radiodiffusion ne montait pas au-delà de 1500 kHz. Quelques pirates émettaient peut-être jusqu'à 1520 kHz, mais guère plus, les récepteurs grand public ne montant pas plus haut en ondes moyennes. Je me souviens d'ailleurs des soucis des auditeurs de la Côte d'Azur en 1951, lorsque Nice-La Brague a quitté les 253 mètres pour 193 mètres (1554 kHz). Il leur a fallu passer chez le marchand de radios de leur quartier pour qu'il donne un petit coup de tournevis.

Pierre CHABOT



Thierry VIGNAUD

07/12/2007 à 21:16

Si je me réfère à la revue "Antennes" de TDF, (du temps où elle avait un véritable intérêt), donc dans son numéro 65 de mars 1982 un article a été consacré à Radio Normandie. On y signale que la station a utilisé, avec 100 W, la longueur d'ondes de 212 mètres (1415 kHz) à ses débuts.
La convention de Lucerne (1933) lui assignait par contre 200 m (1500 kHz). La station est autorisée à utiliser 206 m (1456 kHz par le gouvernement français), à titre provisoire, qui durera jusqu'à la fin de Radio Normandie.

Thierry VIGNAUD
Emetteurs radio et TV :
http://pagesperso-orange.fr/tvignaud



Pierre CHABOT

08/12/2007 à 00:42

Selon différentes sources (sites consacrés à cette radio qu'on peut facilement trouver sur le net), cette station a eu une histoire très compliquée, rusant avec les autorités pour exister et finir par s'imposer en trichant parfois sur sa véritable puissance d'émission. Née à Fécamp en 1926 (avec 20 watts !), elle augmentera sa puissance à 100 W, 1 kW, 8 kW, 16 kW dans les années 28-35 (tout en déclarant ne pas dépasser les 700 W autorisés par le ministère des PTT !).

Elle a diffusé des émissions en anglais, alors que la publicité était interdite sur les ondes de Grande-Bretagne. Elle fut donc pendant plusieurs années pour les anglais un "poste périphérique". Elle était très écoutée en Angleterre, tout au moins dans les régions côtières (et la nuit beaucoup plus loin). Cela changeait les Anglais du style solennel de la BBC.

En 1935, l'émetteur de Fécamp fut abandonné pour une nouvelle implantation moderne à Louvetot (Seine Maritime) à égale distance du Havre et de Rouen avec une puissance qui atteindra 60 kW.  
/|\ rumeur ! Cette puissance n'a jamais été confirmée - Ndw   
Elle faisait désormais partie des "grandes stations privées" de l'époque.

Pour les longueurs d'ondes, on s'y perd un peu : des journaux anglais mentionnent 269,5 m puis 274 m. Mais René Duval dans son "Histoire de la Radio en France", note les fréquences successives suivantes depuis les débuts de la station: 200 m, 212 m, 233 mètres... Sur un vieux récepteur de 1937, elle paraît figurer sur 206 m. (la longueur d'ondes de 200 m attribuée en 1933 ne semble pas avoir été utilisée; dans le plan de Lucerne, c'était une fréquence commune internationale qui ne pouvait convenir aux ambitions de la station). Elle cessera ses émissions le 7 septembre 1939.

Après la guerre, l'émetteur de Louvetot, reconstruit, relaiera avec une puissance de 20 kW la chaîne nationale (ou parisienne ?) de la RDF; il diffusait aussi le soir des émissions en anglais du service étranger. Il fera partie de réseaux synchronisés à partir de 1951. L'émetteur a été fermé en 1974, démonté et ses éléments vendus à des ferrailleurs.

Pour les curieux, je signale qu'une station "Radio Caen" a existé aussi, de façon éphémère, d'abord en 1924, puis en 1931. Elle a eu moins de chance que Radio Normandie puisque ses installations ont été saisies par la police.

Pierre CHABOT


NdW : Radio Normandie a changé de multiples fois de longueurs d'ondes. Pour plus de clarté sur les longueurs d'ondes / fréquences utilisées par Radio Normandie, consultez le § "Où trouvait-on Radio-Normandie sur le cadran ?"


2008





Sounds Rolling Stone nr 2 / 2008  - Magazine allemand avec un article intitulé


https://www.musikexpress.de/wp-content/uploads/zeitung/rollingstone/PCbeKo4NihCBM/index.html#/html5///page/1



"Die Geschichte von Radio Normandy : Ein Käpt'n wird Pirat"


L'histoire de Radio Normandie : Un capitaine devient pirate





Légende du magazine : Le capitaine Plugge avec son automobile et son encombrante antenne de réception.
 
A partir de 1931, il émet via deux mâts de transmission depuis le village de pêcheurs français de Fécamp


 

                    cliquer sur la page du magazine pour agrandir (texte en allemand)

                       (Traduction Google)

Les célèbres radios pirates des années 1960 avaient un ancêtre : même avant la Seconde Guerre mondiale, un homme ingénieux nommé Leonard F. Plugge a sapé le programme radio calme de la BBC.
Il est devenu le premier pirate de l'histoire de la radio européenne


par Ernst Hofacker


Il est né en Angleterre en 1889, mais la véritable histoire de M. Plugge commence en 1930 sur la côte atlantique française. Plus précisément : dans le petit village de pêcheurs de Fécamp en Normandie orientale. Le fils d'un Néerlandais et d'une Anglaise s'intéresse depuis longtemps au nouveau monde passionnant de la radio. Après avoir servi comme pilote dans la Royal Air Force pendant la Première Guerre mondiale, il a reçu le surnom de «Capitaine» et a ensuite travaillé comme ingénieur-conseil pour le métro de Londres, avant de rejoindre Philco, l'une des principales sociétés, en tant que représentant de la jeune entreprise électrique, où sont fabriqués des postes de radio. Plugge comprend rapidement les possibilités offertes par la publicité diffusée à la radio.

Dès 1925, il a l'idée de faire financer un programme par un sponsor. Il convainc les gérants du célèbre grand magasin londonien "Selfridge's" d'Oxford Street de lui permettre de réaliser une émission d'un quart d'heure sur le thème de la mode, qui sera diffusée depuis la Tour Eiffel à Paris jusqu'en Angleterre. Mais l'émission est un flop et n'a aucun retentissement sur les ondes : on raconte qu'un total de trois auditeurs seulement ont entendu l'émission, pour laquelle Plugge n'avait pu faire de promotion.

Cinq ans plus tard, par un après-midi pluvieux de 1930, il s'arrête à Fécamp lors d'une excursion sur le continent. Outre le commerce du poisson, la petite ville française est connue pour la liqueur aux herbes Bénédictine, qui y est fabriquée selon une ancienne recette inventée par les moines au XVIe siècle. La famille Legrand produit désormais la boisson. Lors de son séjour au village, le capitaine Plugge apprend que Fernand Legrand est non seulement le patron de l'entreprise, mais aussi un radioamateur passionné qui a d'ailleurs installé un petit émetteur dans l'un des salons de sa propriété. La curiosité du capitaine est piquée au vif et il contacte immédiatement le fabricant d'alcool.

Ils font connaissance peu de temps après, et bien sûr devant une bouteille de Bénédictine, M. Legrand révèle à Plugge qu'il entretient des "contacts sans fil" avec des amis au Havre, à une bonne vingtaine de kilomètres, pour son plaisir personnel. Legrand rapporte qu'il a fait vendre une paire de chaussures à une connaissance grâce à son système de radiodiffusion. Les deux hommes se lancent rapidement dans les affaires. Plugge est d'accord avec Legrand sur le fait qu'il peut utiliser son système pour deux cents francs de l'heure pour envoyer des programmes vers l'Angleterre.

Après son retour à Londres, Plugge fonde l'International Broadcasting Company en mars 1931 et emménage dans des bureaux au 11 Hallam Street, situés à proximité immédiate du tout nouveau bâtiment de radiodiffusion de la BBC, où il fait désormais produire des programmes financés par la publicité. Mais la BBC détient le monopole de la diffusion depuis 1927 sur l'Ile. Elle est - comme la radiodiffusion publique actuelle - financée par des redevances et l'utilisation des ondes radio relève de la souveraineté du ministère des Postes britannique, qui n'accorde généralement pas de licences de radiodiffusion aux particuliers. Plugge ne peut contourner ce handicap qu'en émettant depuis les pays voisins, par exemple Fécamp.

Fernand Legrand rend visite au capitaine à Londres et tous deux s'arrangent pour que le Français envoie une diffusion test depuis Fécamp le 29 juin afin que Plugge puisse vérifier la qualité de la réception. Le résultat est impressionnant. La première véritable émission est un programme musical le 11 octobre et peu de temps après, en novembre, le capitaine Plugge atteint son objectif : la première édition du «Philco Slumber Hour» arrive aux Britanniques via les ondes. Elle est sponsorisée par Philco, l'employeur de Plugge. Le programme en anglais est diffusé depuis une écurie reconvertie à Fécamp.

Jusqu'ici, tout va bien. Mais il y a toujours un problème dans tout cela, le même que celui du défilé de mode à la Tour Eiffel : personne en Angleterre ne connaît l'IBC et ses programmes. Il faut de la publicité. Plugge tente d'intéresser la presse anglaise à sa cause. On l'éconduit sans ménagement, seul le «Sunday Referee» imprime sa grille de programme, y compris l'heure et la fréquence de diffusion. La nouvelle se répand rapidement. En quelques semaines, le nombre d'auditeurs double, triple, voire quadruple. Radio Normandie, fondée dans le salon de Monsieur Legrand, est sur toutes les lèvres. Le «Sunday Referee» crée le « Club international de radiodiffusion », auquel rejoignent en très peu de temps 250 000 membres.

Captain Plugge développe sans relâche son réseau IBC. Il trouve de plus en plus de stations sur le continent. Il leur achète du temps d'antenne et diffuse bientôt ses programmes quotidiennement en Grande-Bretagne. Dès 1932, il utilise des émetteurs en France, en Espagne, en Belgique, en Italie, en Suisse et au Luxembourg, voire à Ljubljana. Sa réussite lui vaut le respect. Lorsqu'il parvient à apporter une contribution significative au succès de la nouvelle voiture de sport Jaguar SS1 en diffusant les segments publicitaires du célèbre concessionnaire automobile Henleys, même ceux qui s'étaient auparavant moqués de son IBC et de sa publicité le prennent au sérieux.

En collaborant avec l'industrie, IBC crée inévitablement de nouveaux secteurs d'activité pour l'enregistrement sonore. Les différents enregistrements des émissions IBC sont pressées sur disques 78 tours d'un diamètre de 16 pouces et expédiés en France pour leur diffusion ultérieure, y compris bien sûr les jingles publicitaires utilisés. Tout comme la musique, ils doivent d’abord être produits. Du coup, en Angleterre, les maisons de disques comme Columbia ou la Grammophone Company ne sont plus les seules utilisatrices des quelques studios d'enregistrement existants.

 


                   cliquer sur la page du magazine pour agrandir (texte en allemand)

Le capitaine constate le potentiel de revenus et commence à offrir et à fournir aux entreprises et agences de publicité potentielles des facilités d'enregistrement et de production appropriées pour leurs programmes publicitaires, y compris la main d'œuvre nécessaire. L'intelligence de Plugge dans la commercialisation de son idée est démontrée par le fait qu'il a compris le marketing croisé bien avant que le terme ne devienne courant : il a fondé son propre magazine, "Radio Pictorial", dédié à la promotion du programme de Radio Normandie qui offre à ses partenaires publicitaires de nombreux espaces pour leurs publicités.

De plus, le chef de station ingénieux a acheté au total trois camions d'enregistrement mobiles pour l'entreprise afin d'enregistrer les émissions organisées spécifiquement pour IBC. C'est ainsi qu'est née la «Radio Parade», très populaire en Grande-Bretagne à partir du milieu des années trente, un format de programme avec lequel Plugge devance une fois de plus la concurrence de la sérieuse BBC. C'est alors l'âge d'or de Radio Normandie, les présentateurs d'IBC ont acquis un statut de star. Tous les enfants du royaume connaissent bientôt les noms d'orateurs tels que Roy Plomley et Bob Danvers-Walker, et le capitaine fait également appel à des célébrités telles que la star du music-hall Gracie Fields pour prêter sa voix à de nombreuses publicités de l'IBC. À la fin des années 1930, l'IBC s'impose comme un concurrent sérieux de la BBC en matière de programmes.

En 1939, la BBC et le capitaine Plugge voient défiler la Seconde Guerre mondiale – impitoyable et radicale. Déjà le 3 septembre, lorsque le Royaume déclare la guerre à l'Allemagne hitlérienne, la BBC met fin à toutes les émissions régionales et nationales et passe un programme de guerre appelé "Home Service". Celui-ci se compose exclusivement de nouvelles, de musique sérieuse tirée de disques et d'un organiste de théâtre nommé Sandy MacPherson qui comble l'absence de programme avec son Georgel jusqu'à douze heures par jour entre les informations, les annonces et l'utilisation occasionnelle de disques. Ce n'est que quelques mois plus tard que le spectre s'élargit avec hésitation à la suite du mécontentement exprimé par des milliers d'auditeurs dans leurs lettres de protestation. Radio Normandie tente d'abord de maintenir son fonctionnement en tant que «station derrière les lignes» et diffuse une émission spéciale pour les troupes. Mais IBC se limite bientôt à diffuser de la musique légère de divertissement et annonce tous les quarts d'heure la création d'un nouveau service. Ce n’est pas étonnant puisque les producteurs de radio du continent ne reçoivent plus depuis le début de la guerre des modules de diffusion pré-produits d’Angleterre. Au cours de l'année 1940, le réseau d'émetteurs de Plugge s'effondre ; certains émetteurs sont confisqués par les gouvernements des pays concernés et d'autres par la Wehrmacht. La station normande doit bientôt abandonner dans des circonstances dramatiques. La légende raconte que Bob Danvers-Walker, l'une des voix les plus célèbres de Radio Normandie, a pu s'enfuir avec son épouse de Fécamp dans le dernier train avant que les troupes hitlériennes n'entrent dans la ville côtière avec une photo d'identité et toutes les informations importantes sur le journaliste le concernant.

Plugge, député conservateur à la Chambre des communes depuis 1935 pour le district de Chatham dans le Kent, est incapable d'arrêter le déclin de son petit empire. Même s'il envisage de relancer l'exploitation de la station en temps de paix, le moment venu, trop de choses ont changé, y compris quelques réglementations légales. L'International Broadcasting Company, cependant continue d'exister après la guerre, exploitant ce qui est probablement le studio d'enregistrement indépendant le plus prospère de Grande-Bretagne. Il est installé dans l'ancien siège d'IBC à Londres, au 35 Portland Place où de nombreuses pop stars des années 1960 et 1970, dont les Beatles, les Rolling Stones, Jimi Hendrix, The Who et Elton John, enregistrent des albums historiques. Après la guerre, Plugge émigre en Californie, où il décéde en 1988 à l'âge béni de 98 ans.


 

Les boucaniers et la mer du Nord agitée
 

Plutôt effronté : en 1960, un groupe de revendeurs de radio néerlandais a transformé le bateau-phare abandonné «Borkum Riff» en émetteur flottant. à partir de ce moment, «Radio Veronica» approvisionne la région en pop-musique sous pavillon panaméen. L’astuce : au-delà de la zone des trois milles, c’est-à-dire dans les eaux internationales, la loi sur la radiodiffusion du pays sous le pavillon duquel un navire est immatriculé s’applique. Les Anglais emboîtent le pas : en 1964, apparaissent «Radio Caroline» et «Radio Atlanta», qui fusionnent peu après. Dès la fin de l'année, ils sont confrontés à la concurrence de «Wonderful Radio London», qui diffuse depuis un dragueur de mines américain désarmé appelé «Galaxy». En 1967, la fête se termine pour la première fois, la BBC s'affirme politiquement. S'en suit une éternelle interaction d'interdictions de diffusion et de poursuite illégale des opérations, le navire de «Caroline» ayant même sombré dans les eaux de la mer du Nord. Après plusieurs tergiversations avec le gouvernement anglais, une autorisation d'émettre sous le nom de «Caroline»
* a été attribuée à une radio communautaire depuis le milieu des années 1990. Les Néerlandais avec beaucoup plus de calme ont toléré «Veronica». Depuis 1976, «Veronica» a également le droit d'émettre. Les pirates sont devenus des terriens.


* Cette "nouvelle Radio Caroline" n'a évidemment aucun lien avec la légendaire station offshore. (Ndw)

 







OEM n° 153 - "Le Magazine des Radios libres" - (septembre 2008)





Voici le lien pour lire  >    Les Lettres de David Newman,   speaker de Radio Normandy



suite


 



 
 





Article avec un § sur Radio Normandie paru dans le Courrier Cauchois (12 décembre 2008)




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Le Courrier Cauchois (26 décembre 2008)




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Le Courrier Cauchois (2 janvier 2009)




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FAITS MARQUANTS  -  HIGHLIGHTS


Avril 2009 : nous apprenons avec tristesse la disparition à Londres de David (Ian) Newman. C'était le tout dernier speaker-annonceur britannique encore survivant et probablement le dernier témoin de cette grande aventure que fut Radio Normandie avant guerre. David avait 94 ans.

April 2009: we are saddened to learn of the death at London of David (Ian) Newman. He was the very last surviving British announcer and probably the last witness of this great adventure that was Radio Normandy before the war. David was 94 years old.









Paris-Normandie (20 mai 2009)





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OEM n° 156 - Le magazine des radios libres (juin 2009)



HOMMAGE A DAVID (IAN) NEWMAN, speaker sur Radio Normandy




Sur l'antenne, David s'appelait "Ian" Newman car il y avait déjà un second "David" parmi le personnel de l'IBC
 







Le Courrier Cauchois (17 septembre 2010)






 



A l'occasion de ces Journées du Patrimoine du 18 et 19 septembre 2010


Visite de l'ancien centre émetteur de Radio Normandie à Louvetot (Normandie) et les studios à Caudebec-en-Caux




 Découvrez les photos de Louvetot et Caudebec-en-Caux


cliquer sur le cachet









Offshore Echos Magazine n° 162 (décembre 2010)



NB : retrouvez les photos de notre visite  >  patrimoine
 

 






Le Courrier Cauchois (20 septembre 2014)





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19 septembre 2014
 






Le Courrier Cauchois (-- octobre 2014)


Les Britanniques à Fécamp sur les traces de Radio Normandie




 




Paris-Normandie (17 octobre 2014)

(Transcription de l'article)


Les Britanniques tournent à Fécamp un documentaire sur Radio Normandie
 

Depuis une dizaine d’années, la seconde chaîne TV de la BBC diffuse « Coast », une série hebdomadaire traitant du patrimoine économique, écologique ou historique des côtes anglaises. La chaîne vient de franchir le Channel pour s’intéresser à l’aventure de Radio Normandie qui a fait les beaux jours des auditeurs britanniques dans les années trente. L’équipe a donc posé ses caméras durant deux jours au palais Bénédictine, symbole fort de l’aventure d’avant la Seconde Guerre mondiale.

La présentatrice de l'émission Tessa Dunlop a traversé le "Channel" pour comprendre comment un port de pêche normand, (de mauvaise augure !), a pu donner naissance à la première radio commerciale britannique dans les années 1930 qui a menacé le monopole de la BBC dès sa création en étant même contesté au Parlement.

Comment les opérateurs de Radio Normandie ont-ils pu produire un signal aussi puissant - et qui était le charismatique cerveau derrière cette opération ?





      The British came to film in Fecamp a documentary on Radio Normandy


For ten years, the second BBC TV channel has been broadcasting “Coast”, a weekly series dealing with the economic, ecological and historical heritage of the English coasts. The channel has just crossed the Channel to take an interest in the adventure of Radio Normandie which made the heyday of British listeners in the 1930s. The team therefore set up its cameras for two days at the Benedictine Palace, a strong symbol of adventure before the Second World War.

Tessa Dunlop crosses the channel to France to find out how an inauspicious fishing village in Normandy gave rise to British commercial radio in the 1930s. It threatened the early BBC's monopoly and its existence was even challenged in Parliament.

But how did its operators manage so powerful a signal - and who was the charismatic brains behind the operation?

 



L’équipe TV s’est déplacée sur le front de mer avec une Packard Roadster 1928,

la même que possèdait le Capitaine Plugge lorsqu'il est arrivé à Fécamp
 
(photo BBC)



The TV crew moved to the waterfront with a Packard Roadster 1928,

The same one that Captain Plugge had when he arrived in Fecamp
(BBC photo)
 



Ambiance "années 30" sur la jetée de Fécamp, Tessa Dunlop a été fort remarquée au volant de sa "Packard"


Ambiance "Years 30" on the jetty of Fecamp, Tessa Dunlop was strongly observed at the steering wheel of her "Packard"


 



Photos BBC



La "Packard 8 Rumble Seat Roadster"  de 1930, la même que celle utilisée par le Captain Plugge
lors de sa visite à Fécamp un certain jour de juin 1931

The 1930 "Packard 8 Rumble Seat Roadster", the same one used by Captain Plugge
during his visit to Fécamp on a certain day in June 1931


En ce temps-là, la législation anglaise interdisait toute radio commerciale. Seule la British Broadcasting Corporation (BBC) jouissait du monopole des ondes. C’était sans compter sur Leonard Plugge, passionné de radio, d’automobiles et de voyages. En cherchant sur la côte française des stations d’où il pourrait émettre légalement, il rencontre Fernand Le Grand, le propriétaire et petit-fils du fondateur de la distillerie Bénédictine. Celui-ci possède Radio Fécamp autorisée à émettre. Les deux hommes font affaire et créent Radio Normandie. « Ce fut un succès populaire immédiat en Angleterre, confie Rosemary Baker, assistante de production. Les auditeurs adoraient. Ils écoutaient d’autres émissions que les programmes ennuyeux de la BBC, d’autres musiques que les chants d’église. Les chanteurs français et anglais de l’époque avaient droit d’antenne. Les humoristes, les comédiens s’exprimaient librement. Du coup, les annonceurs étaient nombreux. »

At that time, English legislation prohibited commercial radio. Only the British Broadcasting Corporation (BBC) enjoyed the monopoly of the airwaves. It was without counting on Leonard Plugge, passionate of radio, automobiles and travel. In searching on the French coast some stations from which he could legally broadcast, he met Fernand Le Grand, the owner and grandson of the founder of the Benedictine distillery. The latter has Radio Fécamp authorized to broadcast. The two men do business and create Radio Normandie. "It was an instant popular success in England," says Rosemary Baker, production assistant. The listeners worshiped. They were listening to other programs than the boring programs of the BBC, other music than church songs. The French and English singers of the time had right of antenna. The humorists, the comedians, spoke freely. As a result, there were many advertisers."



                                                              Terrasse ensoleillée pour le tournage de 'Coast' au palais Bénédictine




Pour visionner la video de BBC 2 (TV), rendez-vous au chapitre suivant "Video TV n° 2"  >  Coast

           To watch the BBC 2 (TV) video, go to our next chapter, then "Video nr 2" > Coast


 






Le Courrier Cauchois - 20 septembre 2020


(A noter :
Rives-en-Seine est le nom de la nouvelle commune issue de la fusion
de 
Caudebec-en-CauxSaint-Wandrille-Rançon et Villequier.)






 

Les Journées du Patrimoine - Samedi 17 et dimanche 18 septembre 2022

Manoir de Bellevue
Ancien Centre Emetteur de
Radio Normandie - Louvetot (76)

Journées du Patrimoine les 17 & 18 septembre 2022

L'ancien centre émetteur de Radio Normandie a été construit en 1935 sur un parc de 3 ha. Ce manoir d'inspiration anglaise a été détruit et incendié pendant la seconde guerre mondiale. Il a été reconstruit, clin d'œil à son passé : il abrite de nouveau un centre d'émission radio.

17/09/2022 - Un message extrait du courrier des lecteurs du site http://radiosolaris.free.fr/radio-solaris23.htm

                
Sur les traces de la légendaire "Radio Normandie" !

  
Ah ! Ces Journées annuelles du Patrimoine ! On a déjà eu l'occasion de faire le pèlerinage en 2010 sur le lieu
  d'où émettait Radio Normandie à Louvetot, puis dans la foulée au château de Caudebec, là où se trouvaient les studios de la radio pendant quelques mois, du 12 décembre 1938 au 8 septembre 1939. A cette occasion, j'avais pris
quelques photos que l'on retrouve ici : http://radio.normandie.free.fr/patrimoine.htm

A Louvetot, passer sous le porche d'entrée en voiture et pénétrer dans le parc était un privilège ! Toutefois, sans surprise il n'y a plus grand chose ici qui rappelle le passé de la célèbre radio d'avant guerre. Tout est maintenant dédié à la religion puisque ces lieux abritent désormais depuis 1977 une église évangélique protestante ! Dans le bâtiment principal dénommé "Philadelphia" (Amour des frères), seul le rez-de-chaussée est visitable. Les étages du bâtiment principal (dont l'ancienne salle de l'émetteur) sont reconvertis en appartements particuliers pour les adeptes. La grande salle d'accueil en bas est une salle de séjour avec des chaises et des tables couvertes pour l'occasion d'objets artisanaux et de pâtisseries confectionnés par les membres de la "communauté". C'est aussi le lieu de culte où les croyants se rassemblent pour prier et échanger autour de textes de la Bible. Il y avait pas mal de monde ce dimanche-là (visiteurs, amis, adeptes et curieux comme nous). Évidemment tout est orienté vers la religion, d'ailleurs des écriteaux affichés au mur un peu partout rappellent des paroles "évangéliques". Par chance, personne n'a tenté de nous enrôler...

Sinon, il y avait quelques panneaux-grilles d'expositions sur lesquels j'ai tout de suite reconnu nos propres pages internet, photos et textes sur "Radio Normandie" imprimés en couleur. ( L'imprimante a dû chauffer ! ) Après tout, tant mieux, si cela peut donner un peu plus de notoriété à notre site. C'étaient d'ailleurs les seules références visibles de l'ancienne Radio Normandie, l'argument d'appel et l'objet principal de cette "Journée Portes ouvertes". Hélas aucun objet (des lampes, un composant électrique ou une quelconque pièce technique d'émetteur...) n'était présenté.

Dans l'aile droite du bâtiment, il y a une librairie où des ouvrages liturgiques sont à consulter ou à vendre. Cependant, encore une fois, pas d'ouvrages techniques sur le passé de l'ancienne radio, les ondes spirituelles ont remplacé les ondes électromagnétiques ! Enfin, pas tout à fait car ces lieux accueillent un relais de Phare FM, la radio chrétienne évangélique locale et si on le voulait, on pouvait visiter le studio d'émission par petits groupes de personnes. Nous, on a préféré ressortir et déambuler dans le parc à la recherche de vestiges...

Sur le parvis, il y a toujours le bassin en demi-cercle, de refroidissement de l'émetteur où l'on aperçoit aujourd'hui quelques poissons rouges. Je ne pense pas qu'à la belle époque, il y en avait, sinon ça aurait senti la friture du côté de l'émetteur ! Les crosses de ciment qui soutenaient le feeder (câble coaxial reliant l'émetteur du premier étage jusqu'à la base de l'antenne d'émission) n'existent plus. Seules deux d'entre elles ont été judicieusement conservées et sont érigées aux coins nord et sud de la propriété, le long de la route Yvetot-Caudebec. A l'emplacement du pylône, c'est désormais un bouquet d'arbres qui se dresse près d'un autel au milieu de la pelouse, sûrement destiné à la célébration des messes en extérieur. A l'endroit où les haubans (câbles de soutien du pylône) étaient fixés au sol, subsistent encore des plots de béton. Quant au bâtiment des machines au fond à gauche du terrain, c'est devenu un débarras. A travers les portes-fenêtres, on distingue un tracteur entreposé et des outils de jardinage. A la limite du terrain côté sud, un autre bassin d'eaux de pluie devait vraisemblablement servir au refroidissement des moteurs diesel des générateurs électriques ? Rien de plus à dire. Pour celui qui ne connaît pas l'historique de ces lieux mythiques, et contrairement à nous, passionnés de radio, il n'éprouvera logiquement pas un grand intérêt émotionnel, à part le plaisir de pouvoir se promener librement dans les allées.
A l'entrée, au-dessus du porche, l'écusson "Émissions Radio Normandie" gravé sur la clé de voûte est le dernier symbole encore visible qui rappelle l'aspect historique de cette propriété.

Tout de même, il faut reconnaître que tout ici est devenu vétuste et que ça ne roule pas sur l'or ! Beaucoup de travaux de réfection seraient nécessaires, de peinture notamment sur les boiseries des habitations à l'entrée. Malheureusement le faste des années 1935 est bien loin. Après les bombardements, la reconstruction après-guerre a été succincte, les ornements sur le toit n'ont pas été reconstruits à l'identique et le clocheton de façade du bâtiment principal n'a pas retrouvé sa superbe avec son toit pointu !


- - - - - - - - - - - -

A l'Hôtel de Ville de Caudebec, on a pu pénétrer seulement dans le bureau du maire. C'est la pièce d'accueil des visiteurs que l'on reconnaît sur l'une des photos couleurs de la brochure d'inauguration de Radio Normandie 1938 (le même parquet, la même cheminée), seul le mobilier a changé. Hélas, le reste de la mairie n'était pas ouvert au public. Peu de chance d'ailleurs dans ces bureaux administratifs d'y retrouver l'ambiance des studios d'émission de l'époque ! Quant au parc derrière le "château", au moment de notre visite, c'était devenu un parking et les studios anglais installés dans des dépendances démolies après-guerre ont laissé place au Musée de la Marine. Là encore, plus rien ne rappelle la radio et le passé prestigieux de ces lieux.

En me relisant, je ne sais pas si finalement mon laïus vous donnera l'envie d'aller faire un tour en ces lieux lors des prochaines "Journées du Patrimoine" ! Mais bon, il subsiste là-bas une atmosphère que les passionnés de radios anciennes ressentent. Imaginons ce que serait devenue Radio Normandie dans le "Paysage audiovisuel" actuel, si elle avait pu échapper à la  folie destructrice de va-t-en-guerre psychopathes, etc...


(jcd)


Commentaire de Daniel Lefebvre :
"
Merci Jean-Claude pour ton retour sur Radio Normandie. J'ai apprécié ton reportage sur la visite de 2010 à Louvetot et Caudebec. Il faut dire que je n'y suis jamais retourné depuis le jour où, à la fin des années 70, nous y étions allés à l'occasion d'un meeting de France Radio Club. Effectivement, on sent l'emprise religieuse sur le site !"

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Voir aussi ce lien :
https://actu.fr/normandie/_76/en-seine-maritime-la-mysterieuse-eglise-evangelique-du-buisson-ardent-de-louvetot_486367.html
 

 
 



Paris-Normandie - Edition pays de Caux (26 mars 2023)

(transcription de l'article du journal - version "web")

À Louvetot, quand la puissante Radio-Normandie émettait
depuis le manoir de Bellevue

Avant la Seconde Guerre mondiale, Radio-Normandie émettait depuis Louvetot, en plein cœur du pays de Caux. Un média de référence à l’époque.

Le pylône de Louvetot à la fin des années 50. Ce n'est pas l'antenne initiale, elle a été dynamitée par les Allemands lors de la débâcle (Photo DR)

NdW : petite erreur dans la légende, contrairement à ce qu'affirme Paris-Normandie, cette photo date plutôt de 1938. Le pylône (en losange) de 154 mètres représenté est ici la toute première antenne utilisée par la radio qui sera détruite par l'armée allemande en août 1944. Un nouveau pylône de seulement 120 mètres sera reconstruit dans les années 50 et lui-même abattu en janvier 1977.

Qui se souvient de Radio-Normandie ? Qui a entendu les émissions de Tante Francine ? Pas grand monde a priori. La radio a connu son heure de gloire dans les années 20 et 30, et a cessé d’émettre avec l’occupation allemande. Le dernier grand pylône d’une hauteur de 120 m de Radio-Normandie, à Louvetot, a été démoli en janvier 1977. On l’apercevait de très loin, y compris la nuit avec ses doubles lumières, rouges et blanches.

L’ancien centre émetteur avait été construit en 1935 dans l’enceinte du manoir de Bellevue. Les studios se trouvaient d’abord à Fécamp et, dès 1938, dans l’actuelle mairie de Caudebec-en-Caux. Sur ce point haut du pays de Caux, l’antenne permettait d’arroser une vaste zone de diffusion du nord de la France, y compris Paris, et l’Angleterre.


Les studios de Radio Normandie étaient implantés dans l'actuelle mairie de Caudebec-en-Caux, ils n'ont été utilisés que peu de temps du 12 décembre 1938 au 7 septembre 1939 (Photo DR)

Rivale de la BBC anglaise

L’aventure de la radio avait commencé quelques années plus tôt, dans les années 1920, du côté de Fécamp, sous la conduite de Fernand Le Grand, le patron de la Bénédictine. Très vite, Radio-Normandie, média commercial avec sa publicité, devient l’une des radios les plus écoutées de France, avec ses vedettes : les animateurs Tante Francine et Oncle Roland, les grands journalistes Jehan Le Povremoyne – qui fera carrière par la suite à Paris-Normandie – et William Beaufils. Avec certaines de ses émissions en anglais, on dit à l’époque qu’elle concurrence même la grande BBC.


Fernand Le Grand (1895-1953) fondateur de Radio Normandie


Les voix de Radio Normandie : Tante Francine et Oncle Roland


Jehan Le Pôvremoyne journaliste à Radio Normandie avant 1939
puis à Paris-Normandie après guerre (Photo DR)

La radio, c’est du direct. Dotée d’un car de reportage et de studios caudebecquais reliés à l’émetteur louvetotais par un câble de 6 km, Radio-Normandie reçoit ainsi les artistes de l’époque, les collégiens de Ray Ventura ou le duo comique Bach et Laverne.


Le camion de reportage de Radio Normandie


Un des studios de Caudebec, aujourd'hui bureau du maire de Rives-en-Seine (Photo DR)


Enregistrement d'une émission à Caudebec, Oncle Roland à la technique (Photo DR)

Tout s’arrête avec l’occupation allemande. L’émetteur est réquisitionné par les services de la propagande nazie et devient un émetteur de Radio-Paris. En 1945, à la Libération, le monopole de radiodiffusion est instauré. Radio-Normandie est nationalisée, sans indemnisation pour Fernand Le Grand, son fondateur et principal financeur. Les installations de Louvetot relaient alors des programmes nationaux de Paris-Inter, puis France Inter et France Culture jusqu’en 1974.


Le bâtiment en 2023 avec sa petite antenne émettrice de Phare FM
 

Aujourd’hui, Phare FM

Devenu propriété en 1977 de l’association cultuelle de l’église évangélique protestante le Buisson Ardent, le manoir de Bellevue est à présent un lieu de culte. Il abrite le siège de la maison d’édition Ménor, ainsi qu’un studio radio. Depuis 1980, une antenne aux dimensions modestes émet les émissions de Radio Fraternité, qui a intégré le réseau franco-belgo-suisse en 2007 Phare FM (94.9 Mhz) avec des décrochages locaux.




Le même reportage (mais version "papier")

Quand RN émettait depuis le manoir de Bellevue


  
FIN
DE LA REVUE DE PRESSE

                


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