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LES RUES SOMBRES
DE FéCAMP SOnT-ELLES
DES COUPE-GORGES
APRèS MINUIT ?
ROY PLOMLEY : Il y avait beaucoup de travail en dehors des heures d'émissions. Mais pour des raisons de sécurité en temps de guerre, chaque mot qui devait être prononcé devait être écrit au préalable. Ce qui veut dire qu'à chaque fois que vous annonciez un disque, vous deviez préparer votre texte, tandis que le disque tournait, chaque mot, chaque parole à prononcer était écrit pour l'intervention suivante. Cela ne vous donnait pas suffisamment de temps pour réfléchir à quelque chose de brillant à dire ensuite. Évidemment, comme nos textes n'étaient pas écrits à l'avance, ce genre de travail ne concordait pas tout à fait avec le règlement imposé. Un jour, George Busby, tout paniqué, d'une rencontre à Paris avec George Shanks et ses relations au Ministère des Affaires étrangères, avait demandé si tous nos scripts avaient été officiellement contrôlés par la censure. Avec indignation, Busby répondit naturellement qu'ils l'avaient été. (...)
Les chefs des unités tchèques et autrichiennes assistaient également aux réunions hebdomadaires de Paris. Lors de l'une d'elles, le Dr Bauer, autrichien, déclara avoir reçu des menaces de mort. Il produisit par exemple une lettre anonyme sur laquelle on pouvait lire (en français) : "Cochon d'autrichien, tu seras mort avant la fin du mois. Heil Hitler".
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THE DARK STREETS
OF FéCAMP ARE THEY
CUT-THROATS
AFTER MIDNIGHT?
ROY PLOMLEY: There was a lot of work outside broadcast hours. But for security reasons in wartime, every word that was to be spoken had to be written out in advance. That meant that every time you announced a record, you had to prepare your script, while the record was playing, every word, every utterance to be spoken was written out for the next speech. That didn't give you enough time to think of something brilliant to say next. Of course, as our scripts weren't written out in advance, this kind of work didn't quite fit in with the rules. George Busby, in a panic, had once asked from a meeting in Paris with George Shanks and his connections at the Foreign Office whether all our scripts had been officially checked by the censors. Busby replied indignantly that they had been. (...)
The heads of the Czech and Austrian units also attended the weekly Paris meetings. At one, the Austrian, Dr Bauer, reported that he had been receiving death threats. As an example, he produced an anonymous letter which read in French, 'Cochon Autrichien, tu seras mort avant la fin du mois. Heil Hitler'. (Austrian pig, you'll be dead before the end of the month. Heil Hitler.)
As a reasonable precaution, it was proposed that a couple of the French soldiers, who were on permanent guard at both studio and transmitter, should be detailed to escort him through the blacked-out streets after his transmission, which finished at midnight. Bauer, a surprisingly young High Court judge from Vienna, pooh-poohed the idea: he had told nobody but us about the threats, and it was agreed that we should keep the matter secret from the rest of the station staff. |
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Par mesure de précaution raisonnable, il fut proposé que deux soldats français, qui montaient la garde en permanence au studio et là-haut à l'émetteur, soient chargés de l'escorter dans les rues plongées dans le noir après son émission, qui se terminait à minuit. Bauer, juge de la Cour suprême de Vienne étonnamment jeune, rejeta l'idée : il n'avait parlé des menaces à personne d'autre que nous, et il fut convenu que nous garderions l'affaire secrète pour le reste du personnel de la station.
A la demande des ingénieurs, les présentateurs anglais se relayaient pour s'asseoir aux côtés des Tchèques et des Autrichiens pendant leurs transmissions. On craignait en effet que les "éclats de voix et les coups de poing" sur la table du studio, qui se produisaient lors des
dénonciations furieuses |
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At the request of the engineers, the English announcers took it in turns to sit with the Czechs and Austrians during their transmissions. This was because it was feared that the shouting and table-thumping, which took place during angry denunciations of Hitler, would take the transmitter off the air. It was not a demanding occupation; it was just a matter of sitting at the control panel, reading a book and occasionally putting out a hand to turn down the volume if things became noisy.
A few nights after that Paris meeting, it was my turn. At midnight, Bauer and I said goodnight to the sentries and stepped out into the pitch dark street. There was no moon, and we had a ten-minute walk through the deserted town to our hotel in the Place Thiers. We chatted with studied nonchalance and did not
quicken our pace, but |
d'Hitler, ne provoquent une rupture de l'antenne à l'émetteur : ce n'était pas une besogne exigeante ; pour nous les anglais, il suffisait de s'asseoir devant le panneau de commande, de lire un livre et de tendre de temps en temps la main pour baisser le volume si l'ambiance devenait trop "bruyante".
Quelques nuits après, ce fut mon tour. À minuit, Bauer et moi avons dit bonsoir aux sentinelles et sommes sortis dans la rue plongée dans le noir complet. Il n'y avait pas de lune et nous avons marché dix minutes à travers la ville déserte jusqu'à notre hôtel de la place Thiers. Nous avons bavardé avec une nonchalance étudiée et n'avons pas accéléré le pas, mais je suis sûr que les pensées de Bauer allaient dans le même sens que les miennes : serait-ce un couteau ou une balle ? De quelle porte viendrait l'attaque ? Il m'est également venu à l'esprit, égoïstement, que dans l'obscurité, il serait presque impossible pour un éventuel assassin de faire la différence entre Bauer et moi. Je suis heureux d'annoncer que l'attaque n'a jamais eu lieu.
A Noël (1939), il y eut beaucoup de réjouissances forcées. Lors d'un dîner de Noël à l'Hôtel de la Poste, avec des toasts et des chansons en anglais, tchèque et allemand, nous nous sommes assurés que nous passerions tous le Noël suivant avec nos familles, une fois la guerre terminée et la Tchécoslovaquie et l'Autriche libérées - bien que nous n'ayons pas spéculé sur la manière dont tout cela se passerait. Ensuite, il y eut une danse au studio. C'était une fête sobre car les transmissions devaient continuer et nous nous appelions par deux ou trois. Pendant la matinée, j'avais produit un programme élaboré intitulé "Christmas Cavalcade", avec des enregistrements spéciaux enregistrés à Londres par Sir Seymour Hicks, Bunny Austin, Alice Delysia, Christopher Stone et bien d'autres personnalités célèbres.
A Paris, j'enregistrais chaque semaine « Tommy's Half Hour » au Poste Parisien, comme au bon vieux temps. Dans l'après-midi du 3 janvier, George Busby entra dans la cabine de contrôle, pendant que j'enregistrais, et m'annonça que les protestations des autorités militaires (françaises) avaient pris effet et que toutes les transmissions en provenance de Fécamp devaient cesser immédiatement.
Voilà ce qu'il en était ! Il faudrait au moins six mois avant que le nouvel émetteur de Mantes (Epone) ne soit terminé, même si Shanks parvenait à poursuivre ses succès actuels en matière d'acquisition de matériel. Évidemment, nous étions tous au chômage. George Shancks et moi fûmes rejoints par Godfrey Holloway, qui se trouvait également à Paris, et nous sortîmes tous les trois pour boire un verre. (...)
extrait du livre "Days seemed longer" de Roy Plomley > (Eds Eyre Methuen) |
I am sure Bauer's thoughts were running on the same lines as mine: Will it be a knife or a bullet? From which doorway will the attack come? It also occurred to me, selfishly, that in the darkness it would be almost impossible for a prospective assassin to differentiate between Bauer and myself. I am happy to report that the attack never came.
At Christmas (1939) there was a lot of forced jollity. At a Christmas dinner at the Hotel de la Poste, with toasts and songs in English, Czech and German, we assured each other that we would all spend the following Christmas with our families, with the war over and Czechoslovakia and Austria liberated - although we did not speculate as to how all this would be brought about. Afterwards there was a dance at the studio. It was a sober party because the transmissions had to be kept going, and we were spelling each other in twos and threes. During the morning I had produced an elaborate programme called 'Christmas Cavalcade', with special material recorded in London by Sir Seymour Hicks, Bunny Austin, Alice Delysia, Christoper Stone, and many other celebrated people.
I was recording 'Tommy's Half Hour' every week at Poste Parisien, which was just like old times. During the afternoon of 3 January, George Busby came into the control cubicle, while I was recording, and told me that the protests of the military authorities had taken effect and that all transmissions from Fécamp were to stop at once.
So that was that! It would be at least six months before the new transmitter at Mantes would be completed, even if Shanks were able to continue his current successes in getting hold of equipment. Obviously we were all out of a job. George and I were joined by Godfrey Holloway, who was also in Paris, and the three of us went out for some morose drinking. (...)
From "Days seemed longer" - Roy Plomley (Eds Eyre Methuen)
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RADIO INTERNATIONAL, la station derrière les lignes, sur 212 m avec l'ancien émetteur de Radio Normandie à Fécamp
Le 3 janvier 1940, les autorités françaises décident d'arrêter mais en utilisant cette fois l'indicatif de fin "La Marseillaise". Le dernier souffle de l'IBC a lieu au Printemps 1940 quand une station parisienne (Le Poste Parisien) et probablement la station de Fécamp (ceci n'est pas confirmé), ont transmis pendant quelques samedis après-midi "Le quart d'heure du Tommy" composé de disques sans publicité.
RADIO INTERNATIONAL, the station behind the lines, 212 m from the old Radio Normandie transmitter in Fecamp
On January 3rd 1940, the French authorities decide to stop but this time using the ending code "La Marseillaise". The last breath of the IBC took place in Spring 1940 when a Parisian station (Le Poste Parisien) and probably the Fecamp station (this is not confirmed), transmitted a few Saturday afternoons "The Tommy's quarter-hour" composed of discs without advertising.
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Extrait de OEM n° 142 - Le magazine des radios libres (décembre 2005)

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"Radio International" une station éphémère |
"Radio International" an ephemeral radio |
Radio International, un mot sur ce poste éphémère, par Keith Wallis, biographe du Capitaine Leonard Plugge, article traduit d'un magazine britannique "Best of British" de février 2000
"... Dans le dernier magazine "Best of British", j'ai relevé une mention concernant la station "Radio International" et j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant d'ajouter quelques mots sur cette station à la vie ultra-courte.
Radio Normandie, anciennement basée à Fécamp, possédait un nouvel émetteur à Louvetot. Elle a vu celui-ci réquisitionné en 1939 par le Gouvernement français de Vichy(1)
avec l'immense contrariété que l'on imagine pour ses propriétaires, la famille Le Grand rendue célèbre par la Bénédictine.
L'émetteur de Fécamp, inutilisé, leur fut cependant conservé. L'IBC (International Broadcasting Company), qui gérait jusqu'alors toutes les émissions en langue anglaise de Radio Normandie, reconsidéra sa position. Son directeur, le Capitaine Leonard Plugge, imagina utiliser ces installations pour diffuser des programmes de divertissement à destination des forces militaires britanniques basées en Europe. La grille de programmes qu'il a proposée au "Comité de loisirs" de l'armée britannique consistaient en 91 % de musique, 8 % d'information parlée et seulement 1 % réservé aux "sponsors". Les sponsors étaient les annonceurs déjà connus, tels Rowntree, les cires Johnson, etc. Le terme de "sponsor" ne devait toutefois pas être prononcé à l'antenne.
Evidemment, ce n'était pas vraiment une époque appropriée pour continuer d'émettre des programmes réguliers. Les jingles utilisés en temps de paix du genre: "Oh Sunny. Jim, comme j'en ai envie..." ne pourraient pas être bien tolérés. Cependant les propositions sont acceptées et les plans sont mis sur pied rapidement. Il y a, bien sûr, des problèmes de sécurité de toute sorte à régler, mais ceux-ci sont bientôt résolus par George Shanks, le "bras droit" de Plugge. Le personnel existant sera utilisé, avec Bob Danvers Walker, Charles Maxwell et Phillip Slessor lui-même bientôt remplacé par Roy Plomley revenu exprès de Londres. Les émissions recommencent fin septembre 1939 à 7 heures le matin jusqu'à 20 heures. Le slogan de la radio est "la station de derrière les lignes ennemies". Ensuite des présentateurs autrichiens et tchèques prennent le relais, deux heures chacun, jusqu'à minuit. Un programme spécial conçu pour familiariser les troupes à la langue française est la "Demi-heure du Tommy", transmise chaque samedi. Mais, ceci n'a à peine commencé que les autorités militaires (françaises) exigent l'arrêt total des émissions de Fécamp le 3 janvier 1940. Les plans d'émissions futures s'effondrent. Déjà on décide de passer par le Poste Parisien pour continuer la diffusion de la "Demi-heure du Tommy" mais pas pour longtemps. L'idée de ressusciter Radio International grâce à un nouvel émetteur situé près de Mantes (Epône) est mise à mal par l'avancée des troupes hiltlériennes. Donc Radio International a connu la vie la plus courte qui soit dans l'histoire de la radiodiffusion.
Radio Normandie, contrairement à Radio Luxembourg, n'est jamais réapparue après la guerre. Cependant, le Capitaine Leonard Plugge et sa société IBC, ont continué leurs affaires avec succès après la guerre.
En tant que biographe de Leonard Plugge, j'aimerai recueillir les souvenirs des personnes qui connaissaient "Lenny" (Leonard Plugge) personnellement ou qui ont travaillé pour l'IBC."
Keith Wallis, 61 Alexandra Drive, Surbiton, Surrey
(1)
NDW : Ce n'est pas tout à fait exact car c'est toujours le gouvernement d'Albert Lebrun réélu en avril 1939 qui est au pouvoir. C'est plus tard en juillet 1940 qu'il s'efface devant celui de Pétain et son gouvernement de Vichy (juillet 1940 à août 1944). |
Radio International, a word on this ephemeral post, by Keith Wallis, biographer of Captain Leonard Plugge Article translated from a British magazine "Best of British" of February 2000
"...In the latest 'Best of British' magazine, I noticed a mention of the station 'Radio International' and thought it might be interesting to add a few words about this ultra-lively station. -short.
Radio Normandie, formerly based in Fécamp, had a brand new transmitter in Louvetot. She saw it requisitioned in 1939 by the French government of Vichy(1), with the immense annoyance that one imagines for its owners, the Le Grand family made famous by the Benedictine.
However, the unused Fécamp transmitter was kept in their hands. The IBC (the International Broadcasting Company) which had handled all of Radio Normandie's English-language broadcasts until then, reconsidered its position. Its director, Captain Leonard Plugge imagined using these facilities to broadcast entertainment programs to the British Military Forces based in Europe. The program schedule he proposed to the British Army's "Leisure Committee" consisted of 91% music, 8% spoken information and only 1% reserved for "sponsors". The sponsors were already known advertisers, such as Rowntree, Johnson waxes, etc. The term "sponsor", however, should not be pronounced on the air.
Of course, it wasn't really a suitable time to continue broadcasting regular programs. Jingles used in peacetime like: "Oh Sunny. Jim, how I feel like it..." could not be tolerated well. However, the proposals are accepted and the plans are put in place quickly. There are, of course, security issues of all kinds to deal with, but these are soon resolved by George Shanks, Plugge's "right hand man". Existing staff will be used, with Bob Danvers Walker, Charles Maxwell and Phillip Slessor himself soon to be replaced by Roy Plomley returning from London on purpose. The broadcasts start again at the end of September 1939 at 7 a.m. until 8 p.m. The radio's slogan is "the station behind enemy lines". Then Austrian and Czech presenters take over, two hours each, until midnight. A special program designed to familiarize the troops with the French language is the "Demi-heure du Tommy", transmitted every Saturday. But, this hardly started that the military authorities (French) require the total stop of the emissions of Fécamp on January 3, 1940. The plans of future emissions collapse. Already we decide to go through the Parisian Post to continue the broadcast of the "Half-hour of Tommy" but not for long. The idea of resuscitating Radio International thanks to a new transmitter located near Mantes (Epône) was undermined by the advance of the Hitler's troops. So Radio International has had the shortest life in the history of broadcasting.
Radio Normandie, unlike Radio Luxembourg, never reappeared after the war. However, Captain Leonard Plugge and his company IBC continued their successful business after the war.
As the biographer of Leonard Plugge, I would like to collect the memories of people who knew "Lenny" (Leonard Plugge) personally or who worked for the IBC."
Keith Wallis, 61 Alexandra Drive, Surbiton, Surrey
(1)
This is not entirely correct because it is still the government of Albert Lebrun re-elected in April 1939 which is in power. It was later in July 1940 that it gave way to that of Pétain and his Vichy government (July 1940 to August 1944). |
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Une note de service du Cabinet de guerre britannique du 22 octobre 1939 portant la mention :
« SECRET à garder sous clé »
nous informe que : | A British War Cabinet memo dated October 22, 1939 stating:
“SECRET to keep under Lock and key”
informs us that : | On a appris qu'une station obsolète à Fécamp, contrôlée par l'International Broadcasting Company (dont le capitaine LF Plugge est le PDG), a été modernisée, et avait commencé à travailler avec des programmes en anglais, tchèque et autrichien [sic]. Le danger de permettre à une station si proche de la Manche de fonctionner seule (sans aucun contrôle - ndw) a été ressenti par le ministère de l'Air comme grave. Les services français sont entièrement d'accord avec le point de vue britannique [et] ont avoué que seuls les intérêts privés concernés ont été pris en compte par les pouvoirs civils français, négligeant les facteurs de sécurité nationale. On espère que le point de vue des services français évoluera sous peu.
Il semble que le gouvernement britannique n'était pas intéressé par l'invitation de Plugge à diffuser de la propagande alliée à partir des émetteurs de Radio Normandie, même si ceux-ci n'avaient pas été détruits. (ou sabordés - ndw)
Plugge espérait redémarrer les transmissions depuis la France (Fécamp ou Epone - ndw) après la guerre, mais les changements de réglementation de la radiodiffusion et une attitude différente vis-à-vis de l'écoute de la radio ont fait que cela ne s'est jamais produit. Le Président d'après-guerre, Charles de Gaulle, avait également une attitude différente vis-à-vis de la station. (suppression des radios privées et instauration d'un monopole d'Etat - ndw)
Radio Normandie avait dans le sud de l'Angleterre, une plus grande audience le dimanche que la BBC. Sous Lord Reith (son PDG) la BBC n'émettait pratiquement pas le dimanche, pour inciter les gens à se rendre à l'église. Les historiens de la radiodiffusion ont déclaré que Reith avait accepté à contrecœur d'alléger ses programmes le dimanche après que son public l'eût abandonné et préféré la musique légère de Radio Normandie. Certains ont dit que c'était la raison pour laquelle Reith a démissionné de la BBC, estimant que sa mission d'éduquer, d'informer et de divertir avec ce qu'il jugeait être des programmes de haute moralité, avait été supplantée par le divertissement commercial en priorité motivé par l'appât du gain.
Publicité dans les pays ennemis (pdf)
(CE DOCUMENT EST LA PROPRIÉTÉ DU GOUVERNEMENT DE SA MAJESTÉ BRITANNIQUE Imprimé pour le Cabinet de guerre. Mars 1940) | It was learnt that an obsolete station at Fécamp, controlled by the International Broadcasting Company (of which Captain L. F. Plugge, MP, is the chairman), has been modernised, and had started to work with programmes in English, Czech and Austrian [sic]. The danger of allowing a station so near the Channel to work on its own, was felt by the Air Ministry to be grave. The French Services are in complete agreement with the British point of view [and] have confessed that the private interests concerned have got the ear of the civil powers [in France] without reference to factors of national security. It is hoped that the French Services view will shortly prevail.
It appears the British government was not interested in Plugge's invitation to broadcast Allied propaganda from Radio Normandie transmitters, even if they had not been destroyed.
Plugge hoped to restart transmissions from France (Fecamp or Epone - near Paris) after the war but changes in broadcasting regulations and a different attitude to radio listening meant that this never happened. The post-war president, Charles de Gaulle, also had a different attitude towards the station. (abolition of private radio stations and establishment of a monopoly)
Radio Normandy had a bigger audience in southern England on Sundays than the BBC. Under Lord Reith, the BBC was off the air until late on Sundays to give people time to go to church, and offered little but serious music and discussions. Broadcasting historians have said that Reith reluctantly agreed to lighten the BBC's programmes on Sundays after his audience deserted him for Radio Normandy's light music. That, some have said, was a reason that Reith left the BBC, feeling his mission to educate, inform and entertain with what he judged to be programmes of high moral tone had been cut away by rank commercial entertainment driven by money.
Publicity in Ennemy Countries (pdf)
(THIS DOCUMENT IS THE PROPERTY OF HIS BRITANNIC MAJESTY'S GOVERNMENT Printed for the War Cabinet. March 1940) |
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La raison de la fermeture de Radio International par Bob Danvers-Walker
Ce fut pratiquement la mort de Radio Normandie. À Radio International, j'étais chargé de répliquer aux attaques verbales assez volumineuses du Dr Goebels, le ministre nazi de la Propagande, et à Lord Haw Haw, qui a déversé de la propagande de son côté. J'avais fourni des contre-attaques qui ont eu beaucoup de succès, ce qui peut être mesuré par le fait que les avions allemands pouvaient s'orienter pendant leur navigation, (cela semble incroyable) en s'alignant sur une sorte de référence croisée entre Radio Normandie, Radio Calais (Epone) et l'une des longueurs d'onde de la BBC. Ainsi ils savaient exactement où ils se trouvaient. C'est absolument vrai - pour la planification des mines magnétiques du port du Havre. Et donc les Français ont rapidement compris comment cette station particulière aidait les Allemands dans leur effort de guerre, et ils ont dit : "Ça y est, nous allons pouvoir la fermer". Alors ce fut la fin de celle-ci. (extrait du livre "Crossing the Ether" - San Street - 2015) |
The reason for the closure of Radio International by Bob Danvers-Walker
This was virtually the death of Radio Normandy. At Radio International I was responsible for pumping our some pretty hefty replies to Dr Goebels, the Nazi Minister of Propaganda, and Lord Haw Haw, who has pumping out propaganda from their end, and I had provide counterblasts. They were very sucessful, which may measured by the fact that German aircraft used to line up, to enable them to get their navigation right, (it sounds unbelievable) they used to take a sort of cross-reference between Radio Normandy, Radio Calais (Epone) and the BBC on one of their wavelengths, and then they would know where they were. This is absolutely true - for planning magnetic mines in Le Havre Harbour. And so the French rapidly caught on to this, as to how this particular station was HELPING the Germans in their war-effort, and they said, "That's it, we're going to close it down". And that was the finish of it.
(from the book "Crossing the Ether" - San Street - 2015) |
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Bob Danvers Walker en 1939
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sous les auspices du ministère français de la Propagande, Bob joua un rôle de premier plan dans la lutte contre la désinformation de Goebbels. Cette activité, comme il le découvrit plus tard, une fois rentré à Londres, lui valut d'être inscrit sur "une liste noire nazie de ceux qui devaient être éliminés !" |
After the outbreak of World War II, under the auspices of the French Propaganda Ministry, Bob played a leading role in combating Goebbels' disinformation. This activity, as he later discovered upon returning to London, earned him a place on "a Nazi blacklist of those to be eliminated!" |
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Programmation en temps de guerre
La Seconde Guerre mondiale a changé à jamais le visage de la radiodiffusion britannique. La programmation expérimentale de la BBC pour les forces armées a commencé le 7 janvier 1940, poussée une fois de plus à l'action par l'IBC qui avait transformé Radio Normandie en "Radio International" à l'annonce de la guerre, diffusant des émissions aux troupes et publiant un magazine gratuit, Happy Listening, à l'intention des forces britanniques jusqu'à ce que le gouvernement français ferme la station pour des raisons de sécurité. L'histoire de la courte vie de Radio International et de son initiative préemptive en matière de diffusion aux forces armées est un exemple fascinant de la manière dont les intérêts commerciaux ont pu agir rapidement et de manière décisive pour tourner une situation à leur avantage et marquer des points face à la lenteur de l'élaboration des politiques de la BBC. À Londres, Leonard Plugge et les cadres de l'International Broadcasting Company ont cherché à obtenir le soutien du gouvernement pour gérer leur organisation en tant que service de radiodiffusion des forces armées. Le Ministère de la guerre n'avait guère soutenu cette idée. Aussi, pendant le faux calme de l'automne 1939, l'IBC, notamment par l'intermédiaire de son énergique directeur continental, George Shanks, entama des négociations avec le gouvernement français pour rouvrir l'émetteur de Fécamp au service des troupes alliées.
(Plomley décrit George Shanks comme "l'éminence grise de la société : un homme grand, langoureux et de grand charme, il avait été un compagnon de route de Plugge pendant la Première Guerre Mondiale. D'origine anglo-française, il avait passé une grande partie de son enfance à Saint-Pétersbourg sous le tsarisme, et bénéficiait d'une situation financière satisfaisante grâce à une célèbre maison de champagne. Parmi les nombreux ordres et décorations qui lui avaient été décernés, figurait le très riche titre papal de chambellan privé de l'épée et de la cape. Ses contacts étaient nombreux et très utiles").
La proposition était que la programmation de jour soit en anglais, de 7h00 à 20h00, puis que l'émetteur soit cédé à la diffusion tchèque pendant deux heures, suivies à 22h00 de deux autres heures de transmissions par la station autrichienne Freedom, pour fermer à minuit.
En fait, la station était plus accessible en Angleterre qu'en France, et les auditeurs britanniques continuaient à apprécier bon nombre des programmes familiers et du personnel de présentation. L'IBC a produit une nouvelle feuille d'écoute, Happy Listening, (parution de deux numéros seulement) portant sur chaque page le titre : "Radio International : Broadcasting to the British Expeditionary Force in France". Le titre de la feuille était clairement destiné à assurer une continuité dans l'esprit des auditeurs britanniques avec Radio Normandie ; avant décembre 1938, les grilles de programmes de Radio Normandie dans Radio Pictorial portaient le slogan "For Brighter Radio". A partir de cette date, le slogan est remplacé par les mots "Happy Listening". Certains anciens sponsors ont accepté que leurs programmes soient rediffusés sans les publicités ; ainsi, les auditeurs ont pu entendre Carson Robison and his Pioneers, Charlie Kunz et Joe Loss comme auparavant. Les programmes de Noël de Radio International comprenaient un message du chanoine Pat McCormick de l’église de St Martin-in-the-Fields (à Londres), de la musique au piano de Charlie Kunz, et du "singing and strumming" de Tessie O'Shea et George Formby.
L'opposition à Radio International est venue de Fernand Le Grand lui-même ; ayant perdu des revenus en vendant du temps d'antenne à l'International Broadcasting Company, il voit maintenant son émetteur réquisitionné par le gouvernement et remis à l'IBC pour rien. Briggs écrit que la crainte des intérêts commerciaux ainsi que le désir de divertir les troupes ont galvanisé la BBC, qui a obtenu le soutien douteux du maréchal vicomte Gort, commandant en chef de la BEF (British Expeditionary Force), et du général français Gamelin, tous deux très opposés aux émissions de Fécamp. La pression monte pour la fermeture de Radio International, et peu après le Nouvel An, Roy Plomley apprend que son travail en France est terminé :
"J'enregistrais la demi-heure de Tommy chaque semaine pour le Poste Parisien, comme au bon vieux temps". Dans l'après-midi du 3 janvier, George Busby
est entré dans la cabine de contrôle, pendant que j'enregistrais, et m'a dit que les protestations des autorités militaires avaient pris effet et que toutes les transmissions de
Fécamp devaient cesser immédiatement".
Radio International cesse donc d'émettre le 3 janvier 1940. La BBC a commencé à diffuser des émissions expérimentales des Forces armées le 7 janvier.
(Tiré du livre "Crossing the Ether" - San Street - 2015)
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Wartime Programming
The Second World War changed the face of British Broadcasting forever. Experimental programming by the BBC for the Forces began on 7 January 1940, stung into action once again by the IBC which had turned Radio Normandy into 'Radio International' at the announcement of war, broadcasting to troops and issuing a free magazine, Happy Listening to British forces until the French Government closed the station down for security reasons. The story of the short life of Radio International, and its pre-emptive initiative in forces broadcasting, is a fascinating example of the way in which commercial interests were able to act quickly and decisively to turn a situation to their advantage and score over the slower policymaking of the BBC. In London, Leonard Plugge and executives of the International Broadcasting Company had been engaged in seeking government support for running their organisation as a Forces Broadcasting service. There had been little support from the War Office for this idea, so during the false calm of autumn 1939, the IBC, notably through its energetic continental director, George Shanks, began negotiations with the French government to reopen the Fecamp transmitter in the service of allied troops.
< George Shanks
(Plomley describes George Shanks as "the company's eminence grise: a tall, languid man of great charm, he had been a fellow-pilot of Plugge's during the First War. Of Anglo-French descent, he had spent much of his childhood in Czarist St Petersburg, and was blessed with a satisfactory financial background stemming from a celebrated champagne firm. Among a number of orders and decorations which had been bestowed on him was the richly-named papal one of Privy Chamberlain of Sword and Cape. His contacts were many and most useful.")
The proposal was that daytime programming was to be in English, from 7.00am until 8.00pm, when the transmitter was to be given over to Czech broadcasting for two hours, followed at 10.00pm by a further two hours of transmissions by the Austrian Freedom Station, closing down at midnight.
In fact the station was more accessible in England than in France, and British listeners continued to enjoy many of the familiar programmes and presentation staff. The IBC produced a new listings sheet, Happy Listening, (published for only two issues) carrying on each page the title: "Radio International: Broadcasting to the British Expeditionary Force in France". The title of the sheet was clearly designed to provide a continuity in British listeners' minds with Radio Normandy; Prior to December 1938, Radio Normandy's listings in Radio Pictorial had carried the slogan, "For Brighter Radio". From this date onwards the slogan was replaced by the words, "Happy Listening". Some former sponsors agreed to allow their programmes to be rebroadcast without the commercials; thus audiences were able to hear Carson Robison and his Pioneers, Charlie Kunz and Joe Loss just as before. Christmas progammes from Radio International included a message from Canon Pat McCormick at St Martin-in-the-Fields, piano music from Charlie Kunz, and singing and strumming' from Tessie O'Shea and George Formby.
Opposition to Radio International came from Fernand Le Grand himself; having lost income from selling airtime to the International Broadcasting Company, he now had his transmitter requisitioned by the government and handed over to the IBC for nothing. Briggs writes that fear of commercial interests as well as desire to entertain the troops galvanized the BBC, which won the dubious support both of Field Marshal Viscount Gort, the Commander-in-Chief of the BEF (British Expeditionary Force), and the French General Gamelin, both of whom were very much opposed to Fecamp. Pressure mounted for the closure of Radio International, and shortly after the New Year Roy Plomley received the news that his work in France was over:
“I was recording Tommy's Half Hour every week at Poste Parisien, which was just like old times. During the afternoon of 3 January, George Busby
(photo >) came into
the control cubicle, while I was recording, and told me that protests of the military authorities had taken effect and that all transmissions from Fecamp were to stop at once”.
Radio International ceased broadcasting accordingly on 3 January 1940. The BBC began experimental Forces broadcasting on 7 January.
(from the book "Crossing the Ether" - San Street - 2015)
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Le 3 janvier 1940, les forces militaires françaises exigent l'arrêt de l'émetteur
Les émissions en tchèque sont dirigées par MM. Mazarick et Osusky, celles en autrichien le sont par S.A. l’archiduc Otto de Habsbourg. Les archives ne permettent pas de déterminer le nom du rédacteur en chef des émissions polonaises.
Les émissions tchécoslovaques et autrichiennes réalisées à partir des anciennes installations de Radio Normandie à Fécamp ont donc cessé pour raisons militaires. Le 12 janvier 1940, le professeur Milan Janota et le docteur Robert Bauer remercient la ville de Fécamp pour l'inoubliable accueil qui a été réservé aux membres de leur équipe (Le Journal de Fécamp)
Bientôt les émetteurs doivent fermer en France. Toutes les radios françaises après la défaite militaire sont remplacées par une seule station « Radio Paris » sous le joug allemand.
Les postes de Fécamp, Louvetot et
épone, sont simplement réquisitionnés et occupés par les troupes allemandes au profit du service de la propagande allemande. |
On 3 January 1940, the French military forces demanded that the transmitter be stopped
The Czech programmes were directed by Messrs Mazarick and Osusky, while the Austrian programmes were directed by H.H. Archduke Otto of Habsburg. The archives do not allow us to determine the name of the editor-in-chief of the Polish broadcasts.
Czechoslovak and Austrian broadcasts from the old Radio Normandie installations in Fécamp were therefore stopped for military reasons. On January 12, 1940, Professor Milan Janota and Doctor Robert Bauer thanked the city of Fécamp for the unforgettable welcome given to the members of their team (Le Journal de Fécamp)
Soon the transmitters had to close in France. All French radios after the military defeat were replaced by a single station "Radio Paris" under the German yoke. The stations of Fécamp, Louvetot and Épone, were simply requisitioned and occupied by German troops for the benefit of the German propaganda service. |
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En 1939, lles radios étatiques et privées tentent de s'organiser face à la propagande des radios allemandes et plus particulièrement contre la très puissante Radio Stuttgart. La propagande devient le thème central des programmes. Mais la radio reste le moyen d'information le plus efficace pour suivre l'évolution de la situation internationale. Lorsque la France entre en guerre, les radios font le choix de saborder leurs émetteurs avant l'arrivée des troupes allemandes même si celles-ci les remettent très vite en service pour les besoins de leur propagande.
 Durant la guerre, en zone occupée, les français écoutent Radio Paris qui est sous le contrôle allemand et des "collabos". De cette situation est née la ritournelle "Radio Paris ment, Radio Paris est allemand" créée par les Français de la BBC.
En zone libre, les français écoutent Radio Vichy contrôlée par le Gouvernement de Pétain.
Radio Luxembourg est muette depuis l'invasion du Grand-Duché et Radio Andorre ne propose qu'un contenu neutre musical. La BBC depuis Londres échappe à la propagande nazie et à celle de Vichy. Chaque jour,
"les français parlent aux français" devient un moyen de communication pour la Résistance avec ses fameux messages personnels.
Après le débarquement et la libération du territoire, à l’ensemble des postes de Radio-Normandie fut appliqué, comme à tous les postes privés, le décret Teitgen, premier ministre de l’Information du général de Gaulle, réquisitionne et élimine purement et simplement les postes privés, sans aucune indemnité.
Les radios privées disparaissent. Le 20 novembre 1944, le Gouvernement provisoire instaure le monopole d'Etat.
Les français ne peuvent entendre que le Programme national et le Programme parisien gérés par l'Etat. Le 16 février 1947, Paris Inter commence à émettre à partir d'un émetteur américain.
En même temps, les radios périphériques comme Radio Luxembourg, Radio Andorre et Radio Monte-Carlo, connaissent le succès avec un programme attrayant plus populaire que celui de Paris Inter. |
In 1939, state and private radio stations attempted to organize themselves against the propaganda of German radio stations, particularly the very powerful Radio Stuttgart. Propaganda became the central theme of their programs. However, radio remained the most effective means of information for monitoring developments in the international situation. When France entered the war, the radio stations chose to scuttle their transmitters before the arrival of German troops, even though they quickly reactivated them for their propaganda purposes.
During the war, in the occupied zone, the French listened to Radio Paris, which was under German control and controlled by "collaborators." This situation gave rise to the refrain "Radio Paris is lying, Radio Paris is German," created by the French at the BBC.
In the unoccupied zone, the French listened to Radio Vichy, controlled by Pétain's government.
Radio Luxembourg has been silent since the invasion of the Grand Duchy, and Radio Andorra offers only neutral musical content. The BBC in London escapes Nazi and Vichy propaganda. Every day, "the French speak to the French" becomes a means of communication for the Resistance, with its famous personal messages.
After the landings and the liberation of the territory, the Teitgen decree, General de Gaulle's first Minister of Information, applied to all Radio Normandie stations. The decree, which was applied to all private stations, requisitioned and eliminated private stations without any compensation. Private radio stations disappeared. On November 20, 1944, the Provisional Government established a state monopoly.
The French could only hear the National Program and the Paris Program, which were managed by the state. On February 16, 1947, Paris Inter began broadcasting from an American transmitter.
At the same time, peripheral radio stations such as Radio Luxembourg, Radio Andorra, and Radio Monte-Carlo were enjoying success with an attractive program that was more popular than that of Paris Inter. |
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Fécamp - 1940 - "The Raging Waves"

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